Citations sur Le Trésor de la guerre d'Espagne : Récits d'enfance et de.. (8)
Sans effort il bascula la porte et me fit signe de la saisir par une extrémité. D'un seul mouvement, nous la déposâmes sur les tréteaux.
Papa, en se retournant vers nous, déclara alors fièrement:
- Voilà maintenant nous avons une table!
Ce wagon a transporté du bétail. Il sent le purin et la paille. Je me dis que nous sommes aussi du bétail et que c'est justement la différence entre le bétail et nous qui fonde l'espérance. Pas la survie. Le bétail lui non plus ne veut pas mourir comme la majorité des camarades de ce wagon. Mais la différence entre le bétail et nous est que nous ne nous échappons pas, mais que nous nous évadons.
Ce n'est pas le fait de parler ou d'articuler des mots qui établit notre différence, mais de mettre en alliance cette parole, avec quelquechose qu'elle ne connaît pas. Parler c'est espérer, sinon nos paroles sont des meuglements. (p.121/122)
Chacun se retenait ou s’interdisait de tirer la chasse afin de laisser circuler l’intelligence de la création des maîtres enfermés
Voler une cerise est un rite de la liberté
Le directeur avait mis au point sa méthode. A chaque nouvel enfant qu'il sélectionnait pour en faire un surveillant, il confiait un jeune chiot. L'enfant devait l'allaiter et le faire dormir avec lui. Puis après quelques mois, il le forçait à le torturer, et ensuite, il lui donnait l'ordre de le tuer. C'est ainsi qu'il préparait chaque enfant de la section des Grands à torturer les Petits qu'il voulait faire parler. (p.83)
Ma mère m'avait appris le langage secret du linge séché. Elle était la maîtresse des voyelles de l'interrogation, des consonnes clandestines, et des conjugaisons réalisées avec des lacets de chaussures. Les grammaires de silence, les concordances d'espaces et non de temps, les conjonctions de coordination nouvelles, les accords de participe passé entre des auxiliaires qui n'avaient aucun secret pour elle, car elle était le secret. (p.20)
ce soleil qui disparaissait parfois sous le soleil et qu’on cherchait alors dans toute la maison, dans la poussière, sous le lit, dans un livre ouvert à la page déchirée, sous un soleil perdu
Les montres éteintes cousent des vêtements invisibles pour les nombres. Avec leurs aiguilles fragiles, elles assemblent des cercles qu’elles font rouler sur les poignets des morts