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Critique de alouett


Lever à 6 heures, mal réveillé, mal luné, mal rasé, Robinson s'habille, sort de la chambre et quitte l'appartement. Amandine, de son côté, continue sa nuit… enfin, aimerait pouvoir continuer sa nuit mais un appel téléphonique la pousse à quitter la couette. Il fait un saut aux toilettes… juste ce qu'il faut pour qu'elle s'agace de le voir trainer encore un peu chez elle. Après tout, elle ne se voit pas engager une relation avec un mec rencontré sur un site de rencontres. Une fois l'énergumène mis à la porte, elle peut enfin se réjouir de la nouvelle : son amie Charlène est de retour en France après un voyage de plusieurs mois en Amérique du Sud. La journée s'annonce bien.

Dehors, il prend doucement le chemin de son appartement et tombe nez-à-nez avec son ex qui avait pris rendez-vous pour venir récupérer ses dernières affaires. Evidemment, il avait oublié. Et évidemment, elle est avec son nouveau mec. Il enchaîne en allant au travail. Tout aurait pu rentrer dans l'ordre si son père n'avait pas décidé de faire irruption pour lui annoncer que sa mère l'avait mis à la porte… et sa frangine qui lui annonce la disparition de son neveu. Autant finir la soirée en lisant les messages laissés sur le compte qu'il s'est ouvert sur un site de rencontres. Une sale journée en perspective.

Et si tout cela annonçait un changement majeur ?

Sur un ton bon enfant et bercé de couleurs pimpantes, Jean-Philippe Peyraud (« le Désespoir du singe ») installe définitivement son personnage dans une période qui s'annonce délicate. Les mauvaises nouvelles font varier les contrariétés, le scénario place en quelques pages les cartes maitresses de l'intrigue. le tout est agrémenté d'une bonne dose de cynisme et d'autodérision… la farce ne s'annonce aucunement oppressante mais en revanche, on peut logiquement se poser la question de savoir si elle est en mesure de capter notre intérêt. Et puis on avance dans la lecture, les couleurs perdent leur clinquant, les personnages s'enfoncent dans des problèmes qui les dépassent mais gardent la tête haute et le sens de la dérision. Des situations improbables surgissent, les mauvaises nouvelles pleuvent. On aspire à quelque chose de tangible, de crédible, on n'y croit plus et pourtant, progressivement, on se rend compte qu'on s'accroche à ces personnages, qu'on attend davantage d'improbable parce que tout en est devenu si probable. le scénario risque gros mais parvient pourtant à ses fins. L'impression du début fond comme neige au soleil, on se rend compte que la petite historiette que l'on pensait quitter prématurément prend de la consistance et que les pages se tournent avec plaisir.

J'ai suivi le même mouvement à l'égard du graphisme. En début d'album, je le trouvais relativement insipide et ne donnant pas envie de prendre les personnages au sérieux. Et puis – presque sans s'en apercevoir – on est rentré dans la psyché des personnages et on s'aperçoit que ce dessin si naïf en apparence nous a dupés. Alors qu'on pensait que le trait se contentait d'effleurer des personnages, on prend conscience qu'il s'est attelé à nous livrer sincèrement, presque crument, des individus fragiles, bourrés de doutes, cherchant à se protéger maladroitement des mauvais coups que leur réserve la vie. Les yeux s'écarquillent, les épaules tombent, les sourires sont souvent timides… des expressions naturelles que les illustrations ne cherchent pas à surjouer.
Lien : https://chezmo.wordpress.com..
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