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Critique de Annette55


Ce qui frappe au coeur de ce roman c'est le décor: les rivages lointains de cette région perdue au fin fond de la Russie , Esso, le plus beau village de la péninsule du Kamtchatka—- à neuf heures d'avion de Moscou—— , ses cabanes en rondins sculptés et son air de la montagne, frais comme une pomme, mais aussi la ville de Petropavlosk- kamchatsky , aux immeubles d'habitation soviétiques de quatre étages , recouverts de béton aux motifs en patchwork, des charpentes en bois de maisons effondrées , un pays sauvage où il faisait très chaud en août et où le centre - ville sentait bon le sel, le sucre , l'huile et la levure.
Là - bas en été , autrefois ,les lacs grouillaient de saumons , des ours éventraient les poissons et éparpillaient leurs oeufs rouges et luisants sur la grève ….
Ce qui frappe aussi , c'est la construction originale : courts chapitres qui nous font découvrir les espoirs , la vie , les rêves de dix femmes , leur quotidien , amours contrariées , lucidité , rêves souvent avortés sur une année à tel point que le lecteur se demande si c'est un thriller :car le roman s'ouvre sur l'enlèvement et la disparition de deux petites filles de onze et huit ans. ,Alyona et Sophia , leur mère : Marina déchirée , anéantie.

Que s'est - il passé et pourquoi toutes ces femmes différentes qui ne se connaissent pas nécessairement mais qui ont toutes à voir , leur destin plus ou moins liés ?
Les petites disparues sont dans l'esprit de chacune ,celle que j'ai préféré est sans aucun doute Ksyyusha, une pure Évène, avec l'ossature large , les yeux bridés, les sourcils presque inexistants et le nez retroussé ,le visage indigène ou presque et sa cousine Alisa .

Ksyusha , fille d'éleveur Évène, parcourait les plaines auprès de ses parents et leur camp d'élevage l'été - le camp d'élevage — qui puait — fumée , viande , moisi, c'était une étudiante sérieuse , attentive , réservée , sous la coupe de son ami blanc …..elle venait juste de commencer la fac lorsqu'une première fille Lilia disparut , trois ans avant les deux petites filles.

Chacun se demandait si elle ne s'était pas enfuie ….

Magnifique roman choral, imprégné des voix de toutes ces femmes , l'auteure avec finesse , doigté , sensibilité , dévoile dans ce décor inoubliable, les tensions familiales et raciales : femmes de toutes origines russes et indigènes Evènes , Koriaks, Itelmènes ou Tchouktches …

Toutes en quête d'une vie meilleure et aussi les tensions et incompréhensions entre générations .

On apprend à connaître le peuple Événe, l'auteure mêle suspense et approche ethnologique .
C'est un huit - clos prenant , intense , tendu , émouvant , parfois effrayant ,romanesque ,partant sur les bases d'un polar , au coeur de ce pays sauvage avec ours , glace, cabanes, fresques soviétiques, filets de pêche à repriser ,,thé de l'après - midi, vodka, vagues et souffle de l'océan , rennes et toundra , mais où l'émotion et la découverte prennent le dessus , un peu à la Laura- Kasischke
Un premier roman étonnant de maitrise !:Thriller ou pas?

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