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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Le titre en deux temps est intriguant pour ce livre de 439 pages et un peu plus de 700 g ! « l'oeil était dans l'arbre... » évoque vraisemblablement le poème de Victor Hugo, intitulé La conscience dans « La légende des siècles ». Je ne résiste pas à l'envie d'en citer la fin :
« .... Alors il dit: « je veux habiter sous la terre
Comme dans son sépulcre un homme solitaire ;
Rien ne me verra plus, je ne verrai plus rien. »
On fit donc une fosse, et Caïn dit « C'est bien ! »
Puis il descendit seul sous cette voûte sombre.
Quand il se fut assis sur sa chaise dans l'ombre
Et qu'on eut sur son front fermé le souterrain,
L'oeil était dans la tombe et regardait Caïn. »

Revenons au livre de Michel Picard en lui-même. L'arbre est celui que l'auteur peut voir de son bureau quand il écrit ce récit qui a dû lui demander un travail pharaonique. J'ai regretté que la couverture soit aussi pauvre, le flou de la photo n'étant pas très heureux à mon sens !

Après un premier chapitre où Adrien, jeune ornithologue « sincère », est occupé à ensevelir un cadavre dans une caverne, le récit opère par flash-back dans un agencement qui évoque tout à fait le scénario d'un film. Pas étonnant ! Après 15 ans dans le cinéma, la télévision et vingt ans d'écriture de scénarios de téléfilms, de séries et de documentaires sur le monde animal, Michel Picard écrit ici son premier roman. En gros on assiste à un règlement de compte au sein de deux familles voisines particulièrement déglinguées. le suspense consiste à deviner à qui appartient le corps qu'Adrien a fait disparaître ?

Un thriller qui traite de la barbarie animale, c'est original, surtout quand ces animaux règlent leur compte eux-mêmes.
Du côté des humains, on a un schéma somme toute très classique avec des bons et des méchants, vraiment très méchants et même complètement cinglés. Je n'en dis pas plus pour ne pas dévoiler l'intrigue.

J'ai aimé les aventures d'Adrien alias « p'tit moineau » et son amoureuse Karine qu'il nomme « p'tite belette ». Cela donne des moments charmants et drôles. J'ai aimé l'intervention des animaux, Scarlett le perroquet qui n'hésite pas à mettre son grain de bec pour pimenter l'action, Rahel le serpent boomslang et l'araignée veuve noire à la recherche de chair fraîche à piquer, leur personnification apporte une touche originale à la narration.

Les personnages sont nombreux et trop peu incarnés sauf par le flot de questions qu'ils se posent du côté des vengeurs (Adrien et sa soeur Flore, Noreen et Marine, Diego... et certainement l'auteur chargé d'organiser tout ça...) ou par leur vide psychologique du côté maltraitance animale (Blandine et Cyril parents d'Adrien, Fergus le voisin savant fou ainsi que Vincent le frère cupide d'Adrien). Les situations sont souvent peu crédibles et la mise en scène plombée par une multitude de détail.

J'ai été tenté plusieurs fois de laisser tomber cette lecture plutôt pesante. Mais j'ai continué car l'habileté du scénariste était là et je souhaitais voir comment tout cela finirait. L'écriture égale et sobre nous emmène vers une fin grand-guignolesque qui finalement en allège considérablement la charge de violence.

Curieusement l'impression générale n'est pas mauvaise. Émerge de l'histoire, pour un lecteur curieux qui prolongera sa lecture par quelques recherches, une réflexion sur les expériences d'immortalité, sur la maltraitance animale et l'exploitation du vivant. L'évocation à maintes reprises des écorchés d'Honoré Fragonard (cousin du célèbre peintre rococo Jean-Honoré Fragonard) est intéressante pour peu que l'on connaisse l'existence de son musée à l'École nationale vétérinaire d'Alfort, ainsi que les controverses liées à la réalisation et l'exposition de restes humains. L'auteur a oeuvré dans le documentaire animalier, il le connaît parfaitement. Ce qu'il décrit là n'est pas si loin de la réalité quand je découvre par ailleurs, en écrivant cette chronique, les polémiques et « révélations » entourant des expositions épouvantables mettant en scène des cadavres plastinés... On est très loin dans ce cas des pièces anatomiques de Fragonard dont la visée éducative pour les futurs vétérinaires, au siècle des Lumières, dans un contexte non mercantile, est patente. Je conseille de parcourir ces quelques pages du mémoire de Christophe Degueurce, particulièrement éclairantes sur un sujet important pour notre humanité. C'est [ ici ] ! Lien, photo personnelle et musique d'illustration à retrouver sur mon blog Bibliofeel !

Merci aux éditions L Harmattan et à Michel Picard pour l'envoi de ce livre surprenant qui, s'il ne m'a pas totalement convaincu sur la forme, m'aura permis de découvrir un auteur à l'imagination débridée et permis d'accéder à des thèmes rarement abordés dans la littérature.

Notes avis Bibliofeel novembre 2020, Michel Picard, L'oeil était dans l'arbre et regardait de drôles d'oiseaux




Lien : https://clesbibliofeel.blog
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