Beau témoignage du diplomate
Pierre de Menthon (et de son épouse Françoise, via le carnet qu'elle entretint tout au long de l'éprouvant épisode Chilien) qui évoque sa mission de Consul Général au Québec entre 1967 et 1972 puis, plus longuement, celle d'Ambassadeur au Chili entre 1972 et 1974.
Toute la difficulté, toute la complexité et aussi toute l'importance de l'action diplomatique dans deux contextes fort différents.
Les pages Chiliennes sont les plus marquantes, aux jours terribles du renversement d'Allende puis de la répression qui suivit par la junte militaire.
Le tourbillon des évènements, l'accueil de réfugiés qui sonne comme une évidence (et qui honora la France), leur logement de fortune, chaque jour plus nombreux, à la chancellerie et à la résidence même de l'ambassadeur (au total ils seront près de 500 à profiter de cet asile et à pouvoir quitter le pays sains et saufs), la cohabitation chaotique, la tension extrême, la mort qui rode, le contraste parfois insupportable (bien décrit par Françoise) entre la souffrance des réfugiés, leurs récits tragiques et les réceptions protocolaires qu'il faut bien poursuivre, la contenance à maintenir face à certains caciques du nouveau régime ou, pire encore, face à d'autres expatriés qui nient honteusement la répression et continuent à vivre comme si de rien n'était.
Ressortent aussi, au fil de ces pages l'attachement sincère de Pierre de Menthon pour le Chili et pour les Chiliens et sa foi, malgré tout, en l'avenir de ce pays. Cela n'était pas évident en 1979, au moment où fut écrit ce livre mais, depuis, les faits lui ont plutôt donné raison.
Plaidoyer humaniste, au final, humilité du diplomate face à des évènements historiques dramatiques qui le forcent à s'interroger plus encore sur sa mission, regard lucide sur la violence inhérente à l'homme et qui, pourtant, n'est jamais, ne sera jamais, la solution pour faire vraiment avancer le monde.