Citations sur Petit traité d'écologie sauvage, tome 2 : Mythopoïèse (11)
- Tout d'abord, j'invite chaque citoyen à se responsabiliser et à adopter au quotidien un ensemble d'éco-gestes simples, comme se cagouler en manif pour réduire en poudre les vitrines des banques, ouvrir des maisons du peuple et des squats un peu partout, ou encore occuper les ronds-points et bloquer les chantiers. Globalement, il s'agit d'œuvrer au jour le jour à destituer l'État en apprenant à s'organiser sans lui.
Il s'agira de définir les interactions qui vont se construire entre les zones qui resteront gérées par l’État, et celles qui s’organiseront en s’inspirant des ZAD du Chiapas et de tout ce qui à commencé à s’inventer sur les ronds-points et dans les maisons du peuple .
La crise écologique rebat ainsi les cartes des alliances possibles, redéfinit tant la notion de « progrès » que les critères d’émancipation. Ainsi, contrairement à ce que prétend le pouvoir en place qui a tout intérêt à entretenir un antagonisme factice entre les questions sociales et environnementales, la lutte des gilets jaunes pose les bases d’une proposition écologiste substantielle. Les acteurs et actrices de cette lutte refusent collectivement le statut d’objet qui leur est socialement attribué et aspirent à redevenir des sujets. Ils et elles ne veulent plus être des marchandises interchangeables et jetables – des ressources humaines – dont la valeur, ou l’absence de valeur, ne dépend que de la fonction remplie dans les activités économiques.
(Deux oiseaux dans un arbre)
- J'ai rencontré une copine qui habite dans le jardin du mec, là, celui qui fait des gels douche et de la croissance verte.
- Nicolas Hulot ?
- Oui. On lui a mis un peu la pression et on a réécrit son discours. C'était trop bien.
Pourquoi ces gens lisent des BD sur l'écologie au lieu d'aller jeter des cailloux dans les vitrines des banques ?
Je ne sais pas, les gens sont bizarres.
Le lendemain, beaucoup de gens étaient trop fatigués pour aller voter. D'autres ont préféré participer à des sorties naturalistes et d'autres à des potagers collectifs. Il ya 95% d'abstention.
Une proposition écologiste qui accepte le jeu économique est, au mieux inutile. Plus probablement elle sera néfaste, ne serait-ce que parce qu'elle donnera des arguments à ceux qui trouvent leur intérêt dans ce monde économisé.
Comme disent les zapatistes, « ce monde doit toujours ménager de la place pour de nombreux mondes ».
L'un des rôles les plus fondamentaux de la lutte écologiste consiste donc à occuper des territoires de plus en plus nombreux et de plus en plus vastes, pour y mettre en œuvre ce processus de déséconomisation de l'existence.
Lorsqu'on s'interroge sur le devenir d'un milieu de vie, la cosmologie occidentale moderne ne propose que deux possibilités : l'exploiter ou le protéger. [...] Mais l'antagonisme entre ces deux options, qui nous semblent couvrir à elles seules le champs des possibles, n'est qu'apparent : protection et exploitation sont en réalité deux facettes complémentaires d'un même mode de relation, la relation de sujet à objet. La protection pensée "à l'occidentale" reste en effet une forme d'utilisation, où sont mis en avant soit les services écologiques, soit des fonction de récréation.