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Critique de ASAI


Lu dans la version brochée d'origine chez Presses de la Cité, prêté par la maire de mon village qui me sollicitait en même temps pour créer un club de lecture. M'étalant une dizaine de livres sous les yeux, j'ai mis la main sur celui-ci... pourquoi, parce que "Cornouailles" dans le titre m'a retenue, en référence à Barbara Pym ou Elizabeth Taylor.
847 pages dans la version brochée, 1 kilo et 56 grammes, qui a idée d'éditer ce genre de truc ? Comment font les gens pour porter à bout de bras et de mains et de doigts, un tel poids, pendant des heures ?
L'histoire : car ce genre de roman c'est une histoire avec un personnage principal, des personnages secondaires, des figurants et des apparitions mais à chacun de se définir dans et l'action et la problématique.
Ici, le personnage principal s'appelle Judith Dunbar. Elle a 14 ans en 1935 quand le roman débute (et l'histoire aussi) et elle en aura 19 quand le roman finira et l'histoire aussi.
Judith appartient à la middle class, apparemment, car son père est cadre dans une entreprise coloniale et vit à Ceylan (Colombo) puis part à Singapour avec domestiques et tutti quanti. Bref il n'est pas mineur.
Quand le roman débute en 1935, Judith est abandonnée, laissée par sa mère (le père est de tout façon absent car lui il bosse dans les colonies) et doit rejoindre un internat et sera suivi par une vieille tante austère. Il n'y a aucun cliché. Non. Non. Mais non.
Dans cet internat, il y a une surveillante, horrible, et une directrice humaine (tiens ? cherchez l'erreur ou plutôt cherchez de quel côté le roman va se trouver).
Judith se lie d'amitié avec Loveday, qui elle appartient à l'upper class. Et, imaginez la suite, la petite riche Loveday invite Judith la pauvre à partager les weekends, mais ce n'est pas par charité, non c'est vraiment par amitié. Sauf que cette amitié, je l'ai cherchée, rien. Donc Judith partage la riche vie de son amie Loveday. Et tout se passe merveilleusement bien. La rencontre avec le meilleur ami de la famille, avec la grand tante qui est si heureuse d'accueillir enfin une enfant digne de regarder son jardin... Ainsi, Judith hors de son milieu d'origine, va pouvoir rencontrer des "gens", des "people"... Ouh je me réjouis pour elle.
De temps en temps, le contexte politique international est collé; comme une gommette (oh tiens la verte). Alors on parle un peu d'Hitler ou de Mussolini, mais pas trop quand même, il ne faudrait pas gâcher la partie de poney ou de polo.
Sauf que il n'y a aucun recul, jamais.
847 pages, de descriptions, comment on s'habille pour le dîner, qu'est-ce qu'on mange, et comment on s'habille pour manger, et, et... des descriptions qui n'en finissent pas. Et des personnages qui apparaissent et disparaissent, oh, j'ai appris ce qu'ils avaient mangé et comment ils s'étaient habillés pour manger cela. Ces personnages sont multiples, ils foisonnent, toujours décrits si précisément que c'en est ennuyeux et puis surtout on passe de l'un à l'autre sans aucun sens par rapport à la structure du roman.
J'ai mis une centaine de pages à m'installer dans ce roman. A la 160 ème, je me suis désinstallée. Toujours la même chose, des personnages qui entrent et qui sortent, des espèces de contexte social ou politique mais qui ne sont qu'allusion et donc illusoires et qui ne pèsent rien dans le roman.
Et surtout des descriptions à foisons qui ne projettent aucune émotion. Aucune.
Et c'est ce qui m'a gênée.
Ce qui m'a gênée, c'est l'apologie d'une classe, sans aucun regard critique (le livre a été publié en 1996 en traduction française).
Ce qui m'a gênée, c'est la description de la domesticité comme une normalité. Elle écrit au XXème siècle.
Et le pire, c'est le colonialisme. Aucun recul, aucun sens critique.
Enfin, je parlerai de l'écriture. Géniale pour expliquer à nos têtes blondes (et les brunes, sans oublier les rousses et les autres) l'emploi de l'imparfait et du passé simple. Impeccable.
Et je terminerai par la structure du roman, car un roman de 847 pages pourrait se devoir d'être structuré. Ah. Là. Non. Aucune structure, on s'enfile les pages. C'est dimanche, tu vas à la messe. C'est lundi, c'est ravioli. C'est du linéaire plein pot. C'est si simple et si facile.
Au bout de 150 pages (sur près de 900) j'étais convaincue que je devais me le bouffer ce livre pour faire plaisir à ma maire et peut être être crédible pour créer le club de lecture (je reverrai plus tard ma propre notion du sacrifice)...
puis je me suis dit que des gens adoraient ce genre de livres et que je ne devais pas les juger, chacun ses goûts comme on dit,
enfin, je me suis dit que je ne devais pas culpabiliser d'avoir d'autres attentes de la littérature ;
Et encore enfin, je me suis dit que j'avais vraiment hâte d'en terminer et de retrouver mon Krudy et tous les autres auteurs qui me laissent le rôle principal en tant que lecteur quand j'entre dans leur univers. Merci à tous mes auteurs que j'affectionne.
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