On en racontait de belles également sur Mauro. Un jour par exemple, à la chasse, il était tombé du haut du Mont des Forche ; il avait rebondi trois fois et chacune des trois fois, brandissant son fusil de la main droite, il avait crié :
– Heureusement que je suis bon valseur !
On l’avait relevé pourtant avec une fracture à la jambe droite et une légère commotion cérébrale, lui qui déjà n’avait pas le cerveau bien en place.
Une autre fois, à la chasse, il aperçoit trois ou quatre étourneaux posés sur la croupe de bœufs en train de paître sur une pente. Il se baisse, approche tout doucement et à peine à bonne portée, boum, un coup de fusil. Le bouvier bondit furieux.
– Halte, lui crie Mauro en le mettant en joue. Un pas de plus et je te déquille.
– Mais voyons, monsieur Mauro, mon bétail…
– Tu ne sais donc pas, imbécile, que là où je vois du gibier, je tire.
– Même sur la croupe de mes bœufs ?
– Même sur la tête de l’enfant Jésus, si je prenais l’esprit saint pour un pigeon.
– Est-ce qu’il y aura suffisamment ?
Les trois sœurs Santa, Lisa et Angelica Borgianni échangeaient des regards de perplexité en s’interrogeant de la sorte. Elles travaillaient depuis deux jours à préparer ce dîner, un festin de « grands seigneurs ».
Santa, la cadette, était plus grande qu’Angelica ; Angelica plus grande que Lisa, l’aînée. Toutes trois, du reste, poitrinantes et fessues, ne le cédaient pas à leurs frères pour la stature colossale et la force herculéenne.
– La famille Borgianni, huit piliers de cathédrale ! disait Mauro, le plus jeune frère et le dernier-né de la famille.
Trois sœurs et cinq frères : Rosario, Nicola, Titta, Luca et Mauro par rang d’âge.