Quelle belle lecture que ce Joueur de bonneteau découvert grâce à la dernière Masse Critique ! Un petit livre mais qui sonne tellement juste et vrai qu'on est touché au coeur par ce récit sincère et bouleversant.
Le narrateur (l'auteur ?) y relate sa rencontre avec Dennis,
le joueur de bonneteau du titre, un routard américain qui a tout quitté pour vivre au hasard des rencontres et des voyages. le narrateur, en congé sabbatique pour un an, est fasciné par ce personnage et une vraie amitié entre eux va naître, amitié qui changera à tout jamais sa manière de voir les autres et le monde.
Nous sommes dans les années 80, entre l'Inde et le Népal, après la période faste des hippies et avant la démocratisation du voyage et le tourisme de masse. L'auteur excelle à recréer en quelques mots une ambiance, celle des grandes villes indiennes, de leur pollution, de leur misère omniprésente, ou celle d'un petit village du Népal, ses montagnes abruptes et sa vie simple parmi les paysans. Je ne sais pas si c'est le style, simple et épuré, ou la sincérité que l'on sent dans ce récit mais j'ai été prise au piège de ce roman dès les premières phrases. Tout sonne juste et en comparaison avec certaines lectures en demi-teinte où les auteurs se plaisent à insister lourdement sur la moindre pensée ou réflexion de leurs personnages, que cela fait du bien d'être ainsi plongée en quelques mots dans une ambiance ou des sensations. L'auteur va à l'essentiel et pourtant on a l'impression d'être avec ses personnages, de ressentir la naïveté et la jeunesse du narrateur, ces moments de liberté quand le voyage s'offre à lui, ce bonheur pur des moments partagés avec ses amis dans l'insouciance du lendemain. C'est beau, c'est bouleversant quand on pressent le drame à venir, annoncé dès les premières pages et j'ai particulièrement apprécié la fin, très pudique dans sa description de ce malheur et concluant ce roman sans fioritures inutiles.
Une très belle lecture qui m'a vraiment embarquée dans son univers et bouleversée ! Ce roman est édité par une petite maison d'édition belge, Murmure des soirs, j'espère vraiment qu'il sera suffisamment diffusé pour trouver son public car il le mérite. Un grand merci à cet éditeur et à Babélio pour la Masse Critique sans qui je n'aurai jamais fait connaissance avec cet auteur dont je vais essayer de trouver les autres titres pour les lire.