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Critique de Apoapo


Je suis très fortement impressionné par ce recueil de cinq nouvelles liées par le thème des relations conjugales, douloureuses, malchanceuses ou seulement insatisfaisantes, dans des milieux sociaux différents de l'Iran urbain contemporain. Loin des stéréotypes attendus (et recherchés) en Occident, prennent corps dans ces pages des femmes complexes et multiples, aux personnalités riches et variées, pas nécessairement soumises et pas du tout révoltées contre les carcans sociaux, mais dont la communication insuffisante ou impossible avec leurs conjoints, ou simplement des attentes existentielles différentes, les en éloignent... et réciproquement. Une histoire assez partagée dans le monde, somme toute, mais qui possède ici une foison de caractéristiques locales très marquées par le soin – minutieux – des détails – menus – de la vie quotidienne : le signe distinctif de l'écriture de Zoyâ Pirzâd. Quelquefois, les hommes pâtissent autant voire davantage que les femmes de ce défaut de communication ; dans la dernière nouvelle, il y a trois figures masculines (dont une seule est le mari), aucune véritablement communiquant avec l'héroïne.
Techniquement, toutes les nouvelles sont parfaites. Elles sont aussi très différentes l'une de l'autre, en adéquation à la fois avec l'histoire contée et, à l'évidence, avec le caractère de la (ou du) protagoniste de chaque récit : ainsi « L'Harmonica », qui est une histoire d'hommes, est caractérisé par la prose la plus masculine, et « Le Goût âpre des kakis », la dernière nouvelle, éponyme du livre, qui s'étend tout au long de la très longue vie d'une dame de haut lignage, possède une construction et un style très classiques.
Ma préférence va sans hésitation à la première nouvelle, « Les Taches », surtout en vertu de l'originalité de sa structure : toute en fragments et en ellipses, composée en très grande partie de dialogues, une lecture superficielle laisserait croire qu'elle concerne Leila, dont la spécialité est de savoir nettoyer tout sorte de taches. Pourtant, une violence inouïe de l'histoire, une densité évocatrice impressionnante des situations, une précision extraordinaire des personnages s'en dégagent en à peine plus de vingt pages.
La double nouvelle suivante, « L'Appartement », qui a une construction comportant une certaine symétrie interne – et un clin d'oeil à la précédente –, et qui pourrait porter le sous-titre : « tiraillements entre tradition et modernité » a été publiée aussi isolément avec le même titre.
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