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Critique de Caracalla


Voila un bien étrange roman. Ou plutôt ce qui semble être la juxtaposition de quatre nouvelles quasiment indépendantes. Commence un bref premier chapitre sur la sortie nocturne à bord de l'Ariel, puis suit un épisode bien plus long, de l'embarquement comme passager clandestin à bord du Grampus, à la révolte, la reprise du navire et la longue dérive après tempête qui s'ensuit. le sauvetage par la Jane Guy et l'exploration des mers australes (le passage qui m'avait donné envie de lire le roman) forme une troisième partie. Pour finir, l'expédition fantastique vers le pôle sud, la découverte de l'île de Tsalal, et le massacre de l'équipage.

À quoi on peut rajouter un avant dernier chapitre inachevé et, encadrant l'ensemble, un préambule et un chapitre de "conjectures" pour terminer. Cette forme étrange est sans doute en partie due à l'histoire même du texte. Les chapitres I à IV (de l'Ariel à la révolte du Grampus) sont d'abord parus en feuilleton dans le Southern Literary Messenger. Aussi Poe s'est-il fendu du préambule pour vendre son roman comme le récit véridique et cette fois (presque) complet d'A. G. Pym dont il serait le simple dépositaire. Cela étant dit, manque toujours la fin du récit, et le texte lui même connait des incohérences par exemple chronologiques comme s'il n'avait pas été relu.

Voilà qui a évidemment donné du grain à moudre aux commentateurs. La psychanalyste Marie Bonaparte conclue par exemple à la lecture du roman que Poe serait un "sado-masochiste nécrophile refoulé et impuissant" (rien que çà). D'autres voient dans le monde noir de Tsalal une tonalité biblique et un soutien implicite à l'esclavage suivant en cela les opinions personnelles de Poe. Quand à ce qu'en pensait Baudelaire, les avis divergent.

Au total à mon goût une oeuvre assez inégale, mais bon exemple du romantisme en littérature : il y a par exemple dans le naufrage du Grampus toute l'horreur du Radeau de la Méduse de Géricault. Hugo aurait dit du « grotesque ». Mais le mot n'a plus ce sens aujourd'hui.
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