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Charles Baudelaire (Autre)Jacques Cabau (Autre)
EAN : 9782070366583
305 pages
Gallimard (26/03/1975)
3.78/5   382 notes
Résumé :
Considéré parfois comme une oeuvre de jeunesse (ce qui ne veut pas dire grand-chose, dans le cas de Poe), ce long récit constitue la seule tentative romanesque d'un écrivain essentiellement absorbé par ses contes. À ce titre déjà, elle intrigue et passionne, inscrivant nombre d'obsessions chères à l'auteur dans un cadre plus ample, et semble-t-il, volontairement inachevé. Asphyxie, carnages, ouragans, anthropoph... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (69) Voir plus Ajouter une critique
3,78

sur 382 notes
Un formidable roman d'aventures. On aime jusqu'à ses formidables et poétiques invraisemblances. On aime le côté délié et l'extrême classicisme de la langue. On frémit à la froideur de la scène de "la courte paille" (Souvenances n'auriez-vous d'un certain couplet de la chanson... "Il était un petit navire..." ?).

Bref, "Aventures d'Arthur Gordon Pym de Nantucket" ("The Narrative of Arthur Gordon Pym of Nantucket") est l'unique (vrai et court) roman achevé par Edgar Allan POE (1809-1849). N'en déplaise aux bougres d'ignares ectoplastiques ("Oui-çé-désuet-ze-me-suis-bôcou-ennuyée...moizôssi-tu-sé-çé-com-toi... allé-zou-ze-ressaute-su'-ma-PAL"... et gnin-gnin-gnin), il restera ce "fantastique" roman d'aventures terrifiantes publié en 1838 par un jeune homme de 29 années qui n'avait (probablement) "ja-ja-jamais navigué" (ohé-ohé !) ...

Arthur, fils de commerçant de l'île de Nantucket, est un jeune gars de 16 ans ne faisant rien que des bêtises. Se saoulant à mort avec un copain, juste pour affronter la mer dans une chaloupe. Auguste, un peu moins "cuit" qu'Arthur, parvient à les ramener au rivage. Un miracle. Voilà qu'Auguste parvient à se fait enrôler sur le baleinier "Grampus". Son pote Arthur (bien sûr en clando) se planque dans la cale avec son terre-neuve, Tigre. A partir de là, que des bêtises dont une révolte à bord avec explosions et meurtres. Tout ce qu'il faut pour que le navire soit à moitié détruit. Sabordage et voies d'eau. Quatre survivants dont un indien court-sur-pattes (une force de la Nature), Dirk Peters. Bon, mais il faut juste survivre : d'où anthropophagie un temps nécessaire... (scène atroce de froideur "logique"). Puis on retrouve des vivres maigrichonnes dans la cambuse inondée. Mais le bon Auguste se meurt de gangrène. Ses deux compagnons squelettiques se considèrent perdus. Heureusement, la goélette "Jane Guy" vient à leur secours. Mais pas de temps à perdre, on repart aux vivres : direction plein Sud ("Le Pôle"). Des archipels. Des pingouins et des albatros se partageant les rochers, avec ces "rookeries" (pouponnières à pingouins) absolument géométriques. Des éléphants et vaches de mer. Des tortues Galapagos. Un archipel de huit îles : on aborde à celle qu'on nommera Tsalal. Là, de "bons sauvages" (noirs aux dents noirs) qui se révèlent sympas et bons commerçants. On sympathise donc. On s'apprivoise mutuellement en échangeant denrées, "galapagos" vivantes, couteaux et verroteries. On monte ensemble des hangars face à la Baie pour transformer une espèce de limace des hauts-fonds nommée "biche-de-mer" (ou "bouche-de-mer") ; mais ces fourbes de "sauvages" ont un plan diabolique : endormir de fausse bienveillance la quarantaine d'hurluberlus venus du Nord, à la peau blanche et à la Frégate fascinante...

Trois se sortiront de là, en route vers les draperies d'Aurores australes d'une Mer libre de plus en plus chaude... vers le Pôle. Jusqu'à une cataracte blanche qui s'ouvre dans le ciel sombre et fait apparaître une gigantesque forme humaine voilée de blancheurs...

"J'ai gravé cela dans la montagne et ma vengeance est écrite dans la poussière du rocher."

Allusion aux cinq hiéroglyphes du chapitre XXIII (dont 4 sont à la fois caractères éthiopiens, arabes et égyptiens... et tracés du labyrinthe suivi dans la montagne) : complets mystères, jusqu'en cette dernière phrase énigmatique... Vraiment point trop commercial, tout cela... d'où cent-mille vibrants mercis à toi, ô Charles Baudelaire, not' bon traducteur de 1858 !

Vingt-six chapitres fascinants & succintement titrés (de "AVENTURIERS PRECOCES" à "CONJECTURES"), tous bourrés de suspense.

Jules VERNE partira opiniâtrement - par héros botaniste interposé - à la recherche des traces d'Arthur et Dirk Peters : courant après l'énigme de la forme blanche spectrale (féminine ?) et celle du Pôle magnétique Sud : si son capitaine Hatteras (dès 1866) chercha le Nord jusqu'à la folie, Verne ressuscitera le Sud par pure fascination poesque... dans "Le Sphinx des Glaces", en 1897.

Poe a décidément une imagination de dingue. Maître de la Peur brute tel l'Herbert-George WELLS de "L'île du docteur Moreau" [1896] à la noirceur sans égale... Il est aussi vrai que les perruches et perroquets-des-îles n'aimant pas "cela" n'ont qu'à retourner picorer leurs Foenkinos-Nothomb-Gavalda-Legardinier industriels (suffisamment dessiqués avant d'être recongelés et accessibles chez Picard) ... et ne point déranger le Bostonien en son Paradis/Domaine de l'Imagination Reine !

" Un peu de respect pour la VRAIE littérature, m... ! " leur cria le bosco depuis l'entrepont... tandis qu'Auguste Barnard, brave moussaillon ressuscité des morts, marmonnait douloureusement (ces damnés fourmillements à son bras toujours noirâtre... ) : " Non, décidément, mon cher Edgar-Arthur-Allan-Gordon-Poe-Pym, en ta quarantième année tu n'auras point laissé ce triste monde derrière toi pour rien... Tas de feignasses et foutues bandes de sauvages ! "
Lien : http://www.dourvach.canalblo..
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Il y a un peu de Stevenson dans ce roman, et du Melville aussi, mais surtout, il y a dans ce roman l'épouvante propre aux récits d'Edgar Allan Poe, bref, un sacré mélange d'aventure, de terreur et de métaphysique!
Poe ne se prive pas de déclarer ses références - souvent des récits scientifiques d'explorations maritimes - pour donner plus de crédibilité à ce récit soi-disant biographique:

Arthur Gordon Pym (comme Arthur de la Table Ronde et Gordon de Lord Byron) est un jeune garçon de 16 ans désireux de s'aventurer en haute mer. Grâce à son ami Auguste, il se cache dans la cale du bateau du père de celui-ci, dans le but de dévoiler sa présence une fois que le bateau sera au large et qu'il sera trop tard pour revenir au port. Manque de bol, une mutinerie a lieu presque aussitôt, et Auguste ne peut venir lui apporter à manger. Arthur commencera son voyage dans un état de semi-conscience, d'angoisse et de soif, avant d'être délivré et de poursuivre ses aventures en mer entre cauchemars et découvertes des mers du Sud.
Ce qui attend le jeune héros est au-delà de l'imaginable et il faudra à la fois beaucoup de courage, d'énergie et un coeur bien accroché pour survivre à ce voyage.

Quant au récit en lui-même, je l'ai trouvé assez déstabilisant. Il commence fort par une nuit de tempête et un naufrage, puis la vraie aventure qui commence, avant que le rythme ne s'amenuise pendant un certain nombre de pages riches en descriptions un peu trop techniques parfois.
Le rythme n'est pas haletant comme celui de l'Ile au Trésor, si je dois trouver un élément de comparaison contemporain, mais finalement ce roman est assez hypnotique; bizarrement, j'aurais envie de comparer son effet à celui des films Apocalypse Now ou Dead Man, un long voyage hallucinant et métaphysique.
Pour tout dire, j'ai eu du mal à m'accrocher lors de la mutinerie, dont j'ai trouvé le rythme plutôt longuet, mais j'ai replongé dans le récit par la suite. La préface donne de bonnes pistes de lectures, et finalement, ce qui m'a le plus dérangée, ce sont les libertés que Baudelaire avait prises lors de la traduction: ajouts de termes savants, de titres à chaque chapitre, interprétations, que l'édition Livre de Poche Classique a pris soin de répertorier.
Oui, finalement, un roman riche et complexe que je conseille aux aventuriers!
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J'avais envie de lire « Le Sphinx des glaces » de Jules Verne, mais LokiPg m'a appris qu'il s'agissait de la suite des « Aventures d'Arthur Gordon Pym » d'Edgar Allan Poe. Et donc... les deux font la paire ^_^

Dans l'ensemble c'était pas mal comme histoire, j'ai seulement trouvé Pym un peu trop bavard. Je pense que c'est la première fois qu'un roman raconté à la première personne me laisse cette impression.

Pym quitte Nantucket pour vivre la grande aventure de la mer et il va être servi : mutinerie, tempête, faim, anthropophagie, j'en passe et des meilleures. Il y a un passage qui m'a vraiment fait froid dans le dos, c'est

Juste un détail : il n'y a pas de pingouins en Antarctique. Ils vivent dans l'hémisphère nord (et peuvent voler). Les pingouins de Poe sont en fait des manchots (eux ne volent pas). Les manchots et les albatros ont des ancêtres communs (vieux de 60 à 70 MA) et donc il n'est pas surprenant qu'ils aient gardé des habitudes de reproduction similaires. Ah, Poe m'a bien fait rire avec ses « pingouins macaronis » (ce sont en fait des gorfous dorés, comme Cody dans Les rois de la glisse).

Bon évidemment, de nos jours impossible de croire à son histoire mais je pense que cela devait avoir son petit effet à cette époque.

La fin est un peu abrupte… je suis curieuse de voir ce que Jules Verne va en faire.

Cela étant dit, je vais m'arrêter ici pour l'exploration de l'oeuvre de Poe.


Challenge défis de l'imaginaire (SFFF) (83)
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Pour écrire Arthur Gordon Pym, son unique roman d'aventure fantastique, Poe a décidé de mettre en pratique ses propres théories sur la composition des poèmes. C'est à dire - un bon écrivain devrait toujours laisser le meilleur effet pour la fin, quitte à "diluer" un peu les strophes ou les épisodes précédentes si elles s'avèrent plus "fortes" que le supposé bouquet final. Comment on sait grâce aux notes de "rédacteur" à la fin du roman, Pym est rentré sain et sauf aux Etats-Unis, mais il est mort avant de finir la narration de ses aventures. Ce qu'est la chose blanche géante au milieu de l'océan, personne ne le saurait jamais.
Les chercheurs en littérature américaine ont essayé de proposer une explication "logique", pour justifier les choix de Poe. Au moment de la rédaction du roman, une théorie sur la " Terre creuse" était très populaire en Amérique, théorie véhiculée par deux "savants" nommés Symmes et Reynolds (Poe est mort avec le nom de ce charlatan sur les lèvres!), qui ont presque réussi à convaincre le Congrès de financer une expédition antarctique afin de prouver leurs hypothèses. Selon cette hypothèse douteuse, notre Terre a des grandes "holes at the poles"(des trous dans les pôles), par lesquels l'océan rentre au sud pour ressortir au nord (ce qui explique, entre autres, les courants océaniques). On pourrait même supposer que ces parties creuses de la Terre sont habitées par des créatures ressemblantes à l'homme, ce que Symmes (sous un pseudonyme d'Adam Seaborn) a décrit en détail dans un roman "Symzonia, a Voyage of Discovery", roman que Poe connaissait très bien, comme le texte de Pym le montre. DONC, originalement, Pym devrait peut-être se faire aspirer au centre de la terre pour y vivre d'autres aventures, avant d'être recraché sur le pôle opposé.
Mais là, de toute évidence, Poe commence à réfléchir - le monstre blanc sortant de la mer, ne représente t-il pas , après toutes ces naufrages, massacres et mutineries, l'effet final recherché ?! Est-ce encore la peine de rajouter d'autres aventures au centre de la Terre, de quitter le mode réel pour s'embarquer dans le véritable fantastique ? Et Poe décide que non, et il n'explique jamais le mystérieux retour de Pym dans le monde civilisé. Mais il a été parmi les premiers écrivains qui ont introduit dans la littérature ce qu'on appelle généralement "la fin ouverte", qui laisse le lecteur plutôt réfléchir que de simplement se réjouir par la terreur d'inexplicable.
Pour finir, Lovecraft, pour qui Poe était un grand modèle, n'a jamais compris cette leçon. Dans son roman "At the Mountains of Madness", qui est un hommage ouvert à Pym, il essaie de décrire (d'une façon complètement inadéquate) la terreur qui rend Danforth fou; et tout ses histoires sont finies en bonne et due forme. J'aime beaucoup Lovecraft, et certes, ses histoires montent toujours crescendo jusqu'à l'effet final, souvent gardé pour la dernière phrase. Mais tout ça c'est Poe, moins sa leçon magistrale !
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Un bateau ivre et c'est le delirium tremens, un voyage halluciné, cauchemardesque ( parce que ce roman explore les grandes peurs humaines) jusqu'au pôle, dans la tradition des relations de voyage des grands explorateurs, qui partent à la recherche de la terra incognita. Il y a des bateaux terrifiants, des vaisseaux fantômes, tel le Hollandais Volant. Il y a des îles flottantes (non comestibles), des îles qui s'échappent sans cesse, réelles ou fantasmatiques. On s'oriente comme on peut avec les quelques repères (longitude, latitude) qu'on a, mais personnellement, je préfère m'y perdre jusqu'à l'obscurcissement - jusqu'à l' ensevelissement au fond d'une cale, parce qu'on est enterrés vivants dans ce roman - fondu au noir - et autant vivre l'aventure jusqu'au bout, jusqu'à l'aveuglement final - fondu au blanc.

Le voyage se fait en noir et blanc même si le blanc, c'est tabou sur l'île de Tsalal : Tekeli-li ! Tekeli-li ! s'écrient les habitants, terrifiés, dès qu'ils voient du blanc. Un cri que je prononce : Take a Lily depuis qu'un professeur de fac l'a prononcé en cours et j'ai trouvé ça beau comme prononciation, comme articulation, comme interprétation. Lily ou le Lys, une fleur dont la couleur blanche, symbolique, nous renvoie aux oiseaux blancs et à leurs cris (comme l'albatros de Coleridge), à la grande forme blanche - une obsession sur le blanc qui reviendra dans un grand développement dans Moby Dick. Le blanc, c'est aussi la couleur des glaciers, et on y vogue, au sud, comme sur une mer de lait. Un grand blanc final, sublime. Il y a du noir, aussi, comme sur Tsalal - de l'encre noire sur une page blanche - et n'est-ce pas sur Tsalal que Pym découvre des tracés mystérieux (des formes humaines, un alphabet, ou un plan ?) On s'oriente, ou on se perd, là encore. Il y a aussi du rouge, beaucoup de rouge, du sang, surtout, qu'il s'agisse de sang pour écrire, du sang humain, des fleuves opaques comme sur Tsalal, avec des veines, des rivières pourpres.
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Citations et extraits (33) Voir plus Ajouter une citation
Ce ne fut qu’après la tombée de la nuit que nous eûmes le courage de nous lever et de jeter le cadavre par-dessus bord. Il était alors hideux au delà de toute expression, et dans un tel état de décomposition, que Peters ayant essayé de le soulever, une jambe entière lui resta dans la main. Quand cette masse putréfiée glissa dans la mer par-dessus le mur du navire, nous découvrîmes, à la clarté phosphorique dont elle était pour ainsi dire enveloppée, sept ou huit requins, dont les affreuses dents rendirent, pendant qu’ils se partageaient leur proie par lambeaux, un craquement sinistre qui aurait pu être entendu à la distance d’un mile. À ce bruit funèbre, nous fûmes pénétrés d’horreur jusqu’au plus profond de notre être.
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Ce ne fut qu’après la tombée de la nuit que nous eûmes le courage de nous lever et de jeter le cadavre par-dessus bord. Il était alors hideux au delà de toute expression, et dans un tel état de décomposition, que Peters ayant essayé de le soulever, une jambe entière lui resta dans la main. Quand cette masse putréfiée glissa dans la mer par-dessus le mur du navire, nous découvrîmes, à la clarté phosphorique dont elle était pour ainsi dire enveloppée, sept ou huit requins, dont les affreuses dents rendirent, pendant qu’ils se partageaient leur proie par lambeaux, un craquement sinistre qui aurait pu être entendu à la distance d’un mille. À ce bruit funèbre, nous fûmes pénétrés d’horreur jusqu’au plus profond de notre être.
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Mon nom est Arthur Gordon Pym. Mon père était un respectable commerçant dans les fournitures de la marine, à Nantucket, où je suis né. Mon aïeul maternel était attorney, avec une belle clientèle. Il avait de la chance en toutes choses, et il fit plusieurs spéculations très-heureuses sur les fonds de l'Edgarton New Bank, lors de sa création. Par ces moyens et par d'autres, il réussit à se faire une fortune assez passable. Il avait plus d'affection pour moi, je crois, que pour toute autre personne au monde, et j'avais lieu d'espérer la plus grosse part de cette fortune à sa mort. Il m'envoya, à l'âge de six ans, à l'école du vieux M. Ricketts, brave gentleman qui n'avait qu'un bras, et de manières assez excentriques ; -il est bien connu de presque toutes les personnes qui ont visité New-Bedford. Je restai à son école jusqu'à l'âge de seize ans, et je la quittai alors pour l'académie de M.E. Ronald, sur la montagne. Là je me liai intimement avec le fils de M.Barnard, capitaine de navire, qui voyageait ordinairement pour la maison Lloyd et Vredenburg ; - M.Barnard est bien connu aussi à New-Bedford, et il a , j'en suis sûr, plusieurs parents à Edgarton. Son fils s'appelait Auguste, et il était plus âgé que moi de deux ans à peu près. Il avait fait un voyage avec son père sur le baleinier le John-Donaldson, et il me parlait sans cesse de ses aventures dans l'océan Pacifique du Sud ..
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Lorsque enfin je me contemplai dans un fragment de miroir qui était pendu dans le poste, à la lueur obscure d'une espèce de fanal de combat, ma physionomie et le ressouvenir de l'épouvantable réalité que je représentais me pénétrèrent d'un vague effroi, si bien que je fus pris d'un violent tremblement, et que je pus à peine rassembler l'énergie nécessaire pour continuer mon rôle.
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Je tombai, malgré toute ma résistance, dans un profond sommeil ou plutôt dans une espèce de torpeur. Mes rêves étaient de la nature la plus terrible. Tous les genres de calamité et d’horreur s’abattirent sur moi. Entre autres misères, je me sentais étouffé jusqu’à la mort, sous d’énormes oreillers, par des démons de l’aspect le plus sinistre et le plus féroce. D’immenses serpents me tenaient dans leurs étreintes et me regardaient ardemment au visage avec des yeux affreusement brillants. Et puis des déserts sans limite et du caractère le plus désespéré, le plus chargé d’effroi, se projetaient devant moi. De gigantesques troncs d’arbres grisâtres, sans feuilles, se dressaient, comme une procession sans fin, aussi loin que mon œil pouvait atteindre. Leurs racines étaient noyées dans d’immenses marécages dont les eaux s’étalaient au loin, affreusement noires, sinistres et terribles dans leur immobilité. Et les étranges arbres semblaient doués d’une vitalité humaine, et, agitant çà et là leurs bras de squelettes, demandaient grâce aux eaux silencieuses et criaient miséricorde avec l’accent vibrant, perçant, du désespoir et de l’agonie la plus aiguë. 
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