Jean est dans le train qui doit le conduire au Château des Ruisseaux, son dernier espoir pour se débarrasser de ses multiples addictions : drogue, alcool, voire un mélange des deux. Il a obtenu cette adresse après une tentative de suicide. Il rencontrera Marie, elle aussi en route pour cette institution qui refuse l'isolement de ses patients et pratique les thérapies de groupe et le parrainage à la sortie de la cure ; sans pour autant que cela ne se conclut par un succès. Une autofiction servie par un dessin sensible et des couleurs douces. Un sujet difficile à aborder, avec un récit qui évite le voyeurisme et l'outrance, même pendant les périodes de manque.
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Cette bande-dessinée est une autofiction dans laquelle l'auteur raconte son séjour au Château des ruisseaux, un centre de désintoxication du côté de Soisson. Pour lui, c'est un peu le dernier espoir, il a tout essayé auparavant et il a toujours rechuté. La méthode thérapeutique est radicale : on se coupe du monde, on rédige une lettre d'adieu à la drogue et on s'exprime lors de thérapies individuelles ou de groupes. Comme il n'y a rien d'autre à faire, c'est la parole qui prime. Il faut essayer de mettre des mots sur le manque, sur sa relation à la drogue, sur ses envies, sur sa vie... C'est difficile, les frictions sont nombreuses, y compris avec les soignants qui sont pourtant eux-aussi d'anciens toxicomanes et qui sont donc plus à même de comprendre. On voit bien l'évolution des relations dans le groupe, certains se lient d'amitié et s'entraident, d'autres sont plutôt dans le rejet ou l'agressivité. Chacun a son parcours, ses blessures, ses espoirs.
C'est un projet ambitieux car c'est difficile de mettre en images ces réunions de groupe. Les dessins sont réalistes, sans cadres, dans les tons gris-ocres, mais je trouve que les visages et les postures sont parfois ratées.
J'ai trouvé ce témoignage intéressant, je comprends un peu mieux pourquoi on peut se droguer, et pourquoi c'est si difficile de s'en sortir (seuls 15% des anciens pensionnaires ne récidivent pas). J'ai bien aimé aussi le "que sont-ils devenus ?" à la fin de l'ouvrage car finalement on s'attache assez bien à ces personnages.
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