Puisque nous voilà tous réunis autour du feu qui craque de toutes ses bûches et que la pluie, chassée par un vilain vent d'amont, vient frapper les carreaux, puisqu'il est tard, que les lits n'ont pas été encore bassinés et que nous avons du plaisir à être ensembles, alors, pour toutes ces raisons, je vais vous raconter l'histoire du "Moine de Saire".
Dans la paroisse de Réville, un pont a été bâti qui enjambe la Saire, à l'embouchure de laquelle, depuis plus de cinq cent ans, un moine damné erre à la recherche des âmes dont il pourra bien se saisir à la faveur de la nuit.
Le plus souvent, il apparaît au voyageur sous la forme d'un homme qui se noie, se fait entendre par des cris de détresse et par l'appel de "sauve la vie".
Mais, se plaçant aussi les soirs de marée sur les rochers, il n'a de cesse que de désorienter le marcheur sur la grève afin de l'attirer dans les flots.
Et que ceux qui prétendent que le ricanement sinistre qui suit son forfait n'est que cri d'oiseaux de mer se méfient, les incrédules....
C'est à un véritable tour du Val de Saire que nous invite ce magnifique ouvrage écrit en 1897 par
Le Poittevin Jeanpot et édité par les imprimeries Louis Luce sises à Versailles, certes, mais aussi, 17 rue des Religieuses, à Valognes.
La balade est tentante, légendaire, historique et passionnante.
Elle part de Saint-Vaast la Hougue pour passer par les îles Saint-Marcouf, Grenneville, Anneville en Saire, Barfleur, Clitourps, Cosqueville, Fermanville, Gatteville, Gonneville, Grenneville, le Mesnil au Val, La Pernelle, le Theil, le Vast, le Vicel, Maupertus, Montfarville, Octeville la Venelle, Quettehou, Quinéville, Réville, Sauxemesnil, Saint-Pierre Église, Theurtéville-Bocage, Tourville -Lestre et Valcanville...
Avec en cadeau un petit tour sur les îles de Jersey, Guernesey et à Hambye.
On peut, pourtant, regretter que ces 286 pages d'une histoire touffue soient articulés en chapitres, qui pour certains sont très courts et nous laissent un peu sur notre soif d'en savoir plus.
Mais cet ouvrage, qui a traversé le temps, est un cadeau qui nous offert.
Il nous ramène à l'ancien pays du Val de Saire et du Bocage, celui que
Jean de la Varende a si bien chanté dans sa littérature.