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Critique de Arkanie


La couverture apporte d'emblée une sensation de malaise, d'oppression. le simple fait de présenter la silhouette monochrome d'un homme avec un pistolet sous le menton sur un fond blanc annonce la thématique du roman. Pas de trace de fantastique dans cette représentation. Même la silhouette du policier, habillement glissée dans la manche du personnage suicidaire, arbore le signe de la police. Cette couverture pourrait être celle d'un thriller. Les dégradés sombres et ternes utilisés renforcent encore cette impression. Ici, la locution latine « ad vitam æternam » a été détournée en « immortel ad vitam ». le titre sous forme d'étiquettes et la typographie sont, selon moi, tout à fait adaptés à l'ensemble.

Le résumé nous dresse la présentation des deux héros de ce roman et le tableau n'est pas reluisant pour le premier d'entre eux Fred, looser par excellence. Jusqu'au jour où il apprend qu'il est immortel. La bonne blague pour celui qui cherchait juste à se suicider tranquillement. de son côté, Jean, flic proche de la retraite se voit assigner une enquête sauf que l'un des cadavres se sauve de la scène de crime. Comment ne pas se poser des questions et chercher à en savoir plus avec un résumé pareil ? Il remplit ici totalement sa fonction en posant de manière claire et concise à la fois les protagonistes et les bases de ce récit.

L'histoire débute par la présentation de Frédéric, le « héros » à qui le hasard (et un motard mortellement blessé) va jouer un mauvais tour. Une décharge électrique intempestive et le voilà accusé d'homicide involontaire. Il va donc écoper d'une peine de prison qu'il purgera en partie avant d'être relâché pour bonne conduite. Libre, certes, mais dépressif, il tente de mettre fin à ses jours. Et là, il se passe une chose incroyable. Il reste en vie. Étonnant, n'est-ce pas ? L'histoire aurait pu en rester là, mais voilà, Fred n'a pas de chance et lorsqu'il se trouve pris à partie dans un règlement de comptes en pleine rue, qui se prend une balle ?
Et l'aventure commence…

Des protagonistes désabusés…
D'un côté, nous avons Frédéric, trente-deux-ans, ex-pompier, ex-taulard qui est un champion dans le genre type blasé. Frédéric ou l'homme qui n'a pas de chance… Il n'a pas un physique de rêve et sa vie sociale est proche du Néant, sa famille a coupé les ponts et son pépé est mort. Entrer dans sa tête, c'est assurément déprimer. Il broie du noir à longueur de journée. Ce n'est pas le héros classique friand, beau et qui se sort de toutes les situations. Non, Fred est passif et il subit. Et puis, au fil des pages, on voit émerger un homme sensible aux autres, qui en devient attachant.
Jean Renault, policier dépassé par les jeunes générations, mais intègre et réfléchi, se trouve mêlé à une curieuse enquête : un cadavre disparaît de la scène de crime. Voilà qui bouscule son existence monotone axée uniquement sur son travail aux dépens de toute vie sociale et son esprit cartésien. Intrigué par cette disparition inexpliquée, le voilà avec des services de police sur le dos pour tenter d'expliquer l'inexplicable. Mais Jean est tenace et il va réussir à retrouver Fred. Oui, mais comment expliquer ce qui n'a aucun fondement logique ?
Un duo improbable et en même temps tellement complémentaire. J'ai apprécié leurs échanges au fil de ma lecture. L'un apporte de la fantaisie à une existence réglée comme du papier à lettres et l'autre amène une vision plus apaisante de l'existence. On note une réelle évolution lorsqu'ils se rencontrent et cheminent ensemble pour découvrir le fin mot de ce mystère. Des personnages secondaires se greffent à cette équipe de choc et apportent un peu de mouvement à la quête de Fred et Jean. Léa est un personnage que j'ai apprécié. Elle apporte une touche féminine à l'ensemble du récit.

Une aventure étrange…
La notion de fantastique se mélange harmonieusement avec la vie courante. Impossible de ne pas chercher à en savoir plus. Les quelques rebondissements qui ponctuent ce court récit permettent de casser la routine de la lecture par des révélations bienvenues. Les chapitres sont courts ce qui n'entraîne pas de perte de rythme, même s'ils sont de quantité inégale.
Ce récit à deux voix permet de comprendre les pensées des personnages. le vocabulaire est adapté en fonction du personnage qui apparaît et la narration à la première personne accentue cette immersion. Phrasé familier chez Fred, plus tempéré et analytique chez Jean. La plume de l'auteure est prometteuse, pleine de dérision et de cynisme. J'ai adoré cet humour noir dont elle parsème ce récit.
On ressent bien la lassitude de ces héros celle de sa propre vie pour Fred, celle de la société qui l'entoure en ce qui concerne Jean. le destin les réunit pourtant. Ensemble, ils vont vivre des aventures assez désopilantes à la recherche de ce phénomène inexplicable qu'est l'immortalité et en découvrir l'origine. Car si bien souvent, l'immortalité apparaît comme un don, n'est-elle pas au fond plutôt une malédiction ? En parallèle, ils poursuivent aussi une quête plus personnelle. La fin nous offre un beau moment. J'avais peur que la chute ne gâche l'ensemble, mais il n'en est rien et tout se tient.

Pour clore cet avis, je dirais que ce récit sort des sentiers battus, en mêlant avec brio plusieurs genres qui forment un récit cohérent et addictif.
Un seul bémol : la lecture a été trop rapide.
Mais aurait-elle été si savoureuse autrement ?
Je vous laisse juge…
Lien : https://chroniquesdesmondes...
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