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Critique de kielosa


Ce tout récent témoignage de Florence Porcel, sorti le 11 janvier dernier, n'est sûrement pas d'une lecture particulièrement agréable pour les hommes (masculin pluriel), mais fait preuve d'une remarquable franchise et d'une lucidité admirable et je dois humblement admettre qu'il est, en plus, fort instructif pour les membres du soi-disant "sexe fort".

En effet, comme tout homme de mon âge, ayant passé les trois quarts de siècle, je ne suis pas sans reconnaître l'existence et la persistance de nombreuses inégalités dans nos sociétés au détriment des femmes et pourtant l'auteure a réussi à en mettre en évidence quelques-unes que j'ignorais royalement.

Par exemple tout ce que l'on attend d'une petite fille en comparaison du relativement peu que l'on attend d'un petit garçon du même âge, une différence que la jeune dame met en exergue au troisième chapitre de son ouvrage.
Ce désavantage de gamine et adolescente devient "une malédiction" dès lors que la fille sort du système scolaire et se pointe sur le marché du travail.

Lorsqu'on aborde les violences sexistes ou sexuelles envers les femmes et l'attitude de la société en général face à ces méfaits l'on se retrouve dans un autre univers, où les progrès humains sont à la fois trop récents (les effets bénéfiques notamment du mouvement #MeToo) et beaucoup trop faibles.

Un document officiel des ministères de l'Intérieur et de la Justice de novembre 2021 indique qu'une femme est violée toutes les huit minutes en France et il est aberrant de constater les difficultés que les victimes éprouvent pour se faire entendre par les autorités responsables pour justement obtenir justice.

Cette analyse pertinente des inégalités entre les sexes permet de mieux situer l'injustice dont Florence Porcel a été victime dans son recours en justice contre Patrick Poivre d'Arvor pour double viol en 2004 (lorsqu'elle avait à peine 21 ans) et 2009.

Vu la célébrité et la popularité de PPDA, je présume que tout le monde en France connaît cette triste histoire qui a fait si souvent la une des journaux et de la presse télévisée. Si l'auteure n'est pas la seule à avoir dénoncé la vedette du petit écran d'agissements inadmissibles et d'harcèlement sexuel en justice, elle en a bien été la toute première, le 15 février 2021.

L'auteure relate en détail, sans les nommer expressément bien sûr, l'incompréhension et la mauvaise volonté des enquêteurs et de la psychologue, mobilisée pour l'occasion, lors de l'enquête préliminaire de 2021. C'est tout bonnement hallucinant !

Il convient de signaler à ce propos également le témoignage saisissant d'Hélène Devynck "impunité" publié en septembre 2022 et qui va dans le même sens.

Une plainte que le parquet de Nanterre a décidée d'ailleurs, le 25 juin 2021, de classer sans suite pour "insuffisance de preuves". La plainte de PPDA contre Florence Porcel pour dénonciation calomnieuse a suivi, le même jour, le même chemin.

Ce n'est pas à moi, pauvre lecteur, de mettre en question la sagesse de la justice française, mais lorsqu'une douzaine de femmes arrivent avec des accusations quasi identiques contre la même personne sans résultat c'est que l'accusé a eu énormément de bol ou des avocats bigrement efficaces.

Actuellement, elles sont 18 à avoir subi la honte par ce que l'auteure appelle le même "prédateur" et à en avoir apporté les circonstances et les faits. Leurs noms figurent à la page 206 du livre.

Toujours est-il que l'auteure a réintroduit en novembre 2021 une plainte avec constitution de partie civile. J'espère pour elle que le verdict de la cour lui permettra enfin de tourner définitivement cette page de "honte".
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