AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 978B0BRTCLLC3
189 pages
J.-C. Lattès (11/01/2023)
4.33/5   26 notes
Résumé :
« Il existe des hontes qu’il est de bon ton d’avoir. J’ai appris à m’en débarrasser.
Il existe des hontes universelles qui nous confortent dans notre appartenance au genre humain.
Il existe des hontes que l’on traverse, et d’autres qui nous empêchent.
Il existe des hontes plus ou moins puissantes, des hontes furtives et des hontes qui s’ancrent.
Il existe des hontes si terribles. Des hontes qui foudroient.
Et il existe des hontes ... >Voir plus
Que lire après HonteVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Ce tout récent témoignage de Florence Porcel, sorti le 11 janvier dernier, n'est sûrement pas d'une lecture particulièrement agréable pour les hommes (masculin pluriel), mais fait preuve d'une remarquable franchise et d'une lucidité admirable et je dois humblement admettre qu'il est, en plus, fort instructif pour les membres du soi-disant "sexe fort".

En effet, comme tout homme de mon âge, ayant passé les trois quarts de siècle, je ne suis pas sans reconnaître l'existence et la persistance de nombreuses inégalités dans nos sociétés au détriment des femmes et pourtant l'auteure a réussi à en mettre en évidence quelques-unes que j'ignorais royalement.

Par exemple tout ce que l'on attend d'une petite fille en comparaison du relativement peu que l'on attend d'un petit garçon du même âge, une différence que la jeune dame met en exergue au troisième chapitre de son ouvrage.
Ce désavantage de gamine et adolescente devient "une malédiction" dès lors que la fille sort du système scolaire et se pointe sur le marché du travail.

Lorsqu'on aborde les violences sexistes ou sexuelles envers les femmes et l'attitude de la société en général face à ces méfaits l'on se retrouve dans un autre univers, où les progrès humains sont à la fois trop récents (les effets bénéfiques notamment du mouvement #MeToo) et beaucoup trop faibles.

Un document officiel des ministères de l'Intérieur et de la Justice de novembre 2021 indique qu'une femme est violée toutes les huit minutes en France et il est aberrant de constater les difficultés que les victimes éprouvent pour se faire entendre par les autorités responsables pour justement obtenir justice.

Cette analyse pertinente des inégalités entre les sexes permet de mieux situer l'injustice dont Florence Porcel a été victime dans son recours en justice contre Patrick Poivre d'Arvor pour double viol en 2004 (lorsqu'elle avait à peine 21 ans) et 2009.

Vu la célébrité et la popularité de PPDA, je présume que tout le monde en France connaît cette triste histoire qui a fait si souvent la une des journaux et de la presse télévisée. Si l'auteure n'est pas la seule à avoir dénoncé la vedette du petit écran d'agissements inadmissibles et d'harcèlement sexuel en justice, elle en a bien été la toute première, le 15 février 2021.

L'auteure relate en détail, sans les nommer expressément bien sûr, l'incompréhension et la mauvaise volonté des enquêteurs et de la psychologue, mobilisée pour l'occasion, lors de l'enquête préliminaire de 2021. C'est tout bonnement hallucinant !

Il convient de signaler à ce propos également le témoignage saisissant d'Hélène Devynck "impunité" publié en septembre 2022 et qui va dans le même sens.

Une plainte que le parquet de Nanterre a décidée d'ailleurs, le 25 juin 2021, de classer sans suite pour "insuffisance de preuves". La plainte de PPDA contre Florence Porcel pour dénonciation calomnieuse a suivi, le même jour, le même chemin.

Ce n'est pas à moi, pauvre lecteur, de mettre en question la sagesse de la justice française, mais lorsqu'une douzaine de femmes arrivent avec des accusations quasi identiques contre la même personne sans résultat c'est que l'accusé a eu énormément de bol ou des avocats bigrement efficaces.

Actuellement, elles sont 18 à avoir subi la honte par ce que l'auteure appelle le même "prédateur" et à en avoir apporté les circonstances et les faits. Leurs noms figurent à la page 206 du livre.

Toujours est-il que l'auteure a réintroduit en novembre 2021 une plainte avec constitution de partie civile. J'espère pour elle que le verdict de la cour lui permettra enfin de tourner définitivement cette page de "honte".
Commenter  J’apprécie          594
En 2021, Florence Porcel porte plainte contre le prédateur qui l'a violée deux fois. « En m'adressant à la justice, ma honte, mon incommensurable honte, deviendrait nationale. » (p. 12) Elle qui ne demande que réparation perd tout : sa carrière, ses revenus, sa vie privée. Dans ce texte, elle dénonce cette honte que la société inculque aux filles, dès le plus jeune âge, d'appartenir à ce sexe dit faible. « Ce qui n'est pas normal, c'est la honte que l'on ressent à cause de celle qui est projetée sur nous, par des individus, des idées reçues, des cultures ou des sociétés. » (p. 34) L'autrice explore les notions de dignité, d'honneur et déshonneur, d'humiliation et de culpabilité pour comprendre pourquoi, elle, victime de violences sexuelles, est celle qui a le rouge aux joues, au ventre et à l'âme. « Ma honte était la conséquence d'actions criminelles, commises par autrui. » (p. 20)

Les extraits de sa déposition et du rapport psychiatrique demandé par la justice sont glaçants de déshumanité, nourris de culture du viol et de slut-shaming. « La présomption de malhonnêteté envers les femmes est un principe qui ne faiblit pas, voire qui s'aggrave. » (p. 71) Florence Porcel n'en revient pas de l'inégalité de traitement entre elle et celui qu'elle a dénoncé, et qui a déposé plainte pour diffamation. « Je n'ai aucun problème à ce que le prédateur soit présumé innocent. Ce qui me pose problème, c'est que l'enquête ait été faite à ce point à charge contre moi. » (p. 118) Toujours, dans les affaires de viol, cette amère rengaine qui fait de la victime la coupable. L'autrice rappelle, avec clarté et arguments, qu'il n'existe pas de bonnes victimes : il n'existe que de vraies victimes, très souvent frappées de sidération – mécanisme de défense/survie indispensable et inconscient – et à qui il ne faut pas reprocher de dénoncer ou de ne pas parler (Paye ton injonction contradictoire !). « La honte pèse lourd dans la non-dénonciation des crimes sexuels. » (p. 183)

Dans son roman, Pandorini, Florence Porcel a déjà raconté son histoire. Avec cet essai, elle tente une nouvelle fois de surmonter la honte et appelle de ses voeux qu'on laisse les victimes tranquilles, qu'on ne les enjoigne plus à se justifier et à se comporter selon des stéréotypes cinématographiques très éloignés de la réalité du viol. « Mon dossier a été é sans suite en partie parce que deux personnes semblent persuadées qu'une victime de viol pleure forcément quand elle raconte. » (p. 109) Comme l'autrice le dit plusieurs fois, le véritable viol est silencieux, il ne fait pas de bruit. Une façon de se réhabiliter, de se libérer du poids injuste d'une faute qu'elle n'a pas commise, c'est l'écriture : utiliser des mots pour briser le silence, pour faire du bruit. « Ma honte s'est muée en porte-voix. Ce livre en est la preuve. » (p. 161) Les dernières pages sont bouleversantes : l'autrice salue ses compagnes d'infortune, ces autres victimes du même prédateur. Elle dit sa joie d'avoir trouvé des soeurs au coeur du malheur.

Chaque mot de son récit sonne juste et résonne dans le crâne comme un uppercut. Elle raconte la machine lente et douloureuse qu'est l'instruction judiciaire, les traumatismes qui subsistent des années après les viols. La dernière phrase, surtout, nous rappelle que le violeur n'est pas un monstre sauvage, dans un parking, un couteau à la main. le plus souvent, il est Monsieur Tout-le-Monde. Parfois, il a même micro ouvert en prime time. « le violeur en série ne se cachait pas : il était tous les soirs dans votre salon. » (p. 207)

Je serai toujours du côté des victimes. J'écoute et je crois leur parole. Les violences que j'ai subies font que je sais, je sais que c'est vrai. On n'invente pas ces choses-là. On n'a rien à y gagner. Pour autant, on ne se taira et on ne se terrera plus : ce n'est plus à nous d'avoir honte.

Évidemment, Honte prend place aux côtés de Pandorini dans ma bibliothèque féministe.
Commenter  J’apprécie          201
Le livre débute comme une lettre d'insulte au dit "sexe fort" où l'auteure s'épanche sur les drames enfantins, adolescents qu'elle a pu connaître et qui l'ont rabaissé en tant que femme. L'homme a plus de chance de s'en sortir dans la vie car il est un homme. Elle n'est qu'une femme, donc elle ne peut pas rivaliser. Il y a de quoi parfois lever parfois les yeux en l'air, le constat est là. Evoquant ses problèmes relationnels & sexuels de manière fugace, Florence Porcel rentre dans le vif du sujet (PPDA) par une porte dérobée mais qui a le mérite de laisser pantois. Comment la police, la justice, les professionnels de la santé ont traité son/ses viol(s) a de quoi faire bondir de son siège. Evidemment, on a qu'une version de l'histoire, juste la vision d'une femme (celle qui a été meurtrie, donc). Beaucoup d'efforts, de remise en question surtout sont à prévoir pour comprendre & écouter la parole des victimes. F.Porcel s'en prend à la justice, aux médias qui alimentent cette vision dépassée de la victimisation du héros déchu, et de faire du buzz pour chaque parole stupide de personnalités. Remettre à sa place certains intervenants ne serait que bénéfique pour faire avancer la société. Manipulée, sortie du contexte, assaillie, l'auteure rétablit sa vérité, revient sur les raisons de son silence (se persuade qu'elle est amoureuse de cet homme) et dit Fuck aux conventions. Un cri d'alerte sur la honte qu'elle vit au quotidien et qui devrait assaillir son violeur.
Commenter  J’apprécie          30
Florence Porcel est la première femme à avoir dénoncé les agissements de PPDA et à avoir porté plainte pour viol. Elle a osé dire tout haut ce qui lui est arrivé et elle a tout perdu. Dans ce livre, elle nous livre la honte qui l'a suit plus fidèle que son ombre. L'impact que cela a eu dans toutes les facettes de sa vie, sa mise au banc dans la sphère professionnelle.

J'ai lu Pandorini à sa sortie, il était donc logique que je me plonge dans ce nouveau livre. L'autrice nous livre un parcourt du combattant avant, pendant et après sa dépôt de plainte. Ce livre est le témoignage de ce que Florence a vécu.
Commenter  J’apprécie          70


critiques presse (2)
Bibliobs
16 janvier 2023
Elle est la première à avoir porté plainte pour viol contre Patrick Poivre d’Arvor. La seule pour qui les faits ne sont pas prescrits. Elle revient sur son histoire dans « Honte ».
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Telerama
09 janvier 2023
Dans Honte, un livre douloureux et bouleversant, l'autrice revient sur les deux viols dont elle accuse Patrick Poivre d'Arvor, et sur la prise en charge des victimes de violences sexuelles, qu'elle estime défaillante.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
« Ce qui n’est pas normal, c’est la honte que l’on ressent à cause de celle qui est projetée sur nous, par des individus, des idées reçues, des cultures ou des sociétés. » (p. 34)
Commenter  J’apprécie          10
« Je n’ai aucun problème à ce que le prédateur soit présumé innocent. Ce qui me pose problème, c’est que l’enquête ait été faite à ce point à charge contre moi. » (p. 118)
Commenter  J’apprécie          10
« Mon dossier a été classé sans suite en partie parce que deux personnes semblent persuadées qu’une victime de viol pleure forcément quand elle raconte. » (p. 109)
Commenter  J’apprécie          10
« La présomption de malhonnêteté envers les femmes est un principe qui ne faiblit pas, voire qui s’aggrave. » (p. 71)
Commenter  J’apprécie          10
« En m’adressant à la justice, ma honte, mon incommensurable honte, deviendrait nationale. » (p. 12)
Commenter  J’apprécie          10

Videos de Florence Porcel (10) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Florence Porcel
C à vous https://bit.ly/CaVousReplay C à vous la suite https://bit.ly/ReplayCaVousLaSuite — Abonnez-vous à la chaîne YouTube de #CàVous ! https://bit.ly/2wPCDDa — Et retrouvez-nous sur : | Notre site : https://www.france.tv/france-5/c-a-vous/ | Facebook : https://www.facebook.com/cavousf5/ | Twitter : https://twitter.com/CavousF5 | Instagram : https://www.instagram.com/c_a_vous/ Invitée : Florence Porcel - Écrivaine • Florence Porcel, la première accusatrice de PPDA • Affaire PPDA : un roman pour ne plus avoir honte
autres livres classés : honteVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus


Lecteurs (86) Voir plus



Quiz Voir plus

Les écrivains et le suicide

En 1941, cette immense écrivaine, pensant devenir folle, va se jeter dans une rivière les poches pleine de pierres. Avant de mourir, elle écrit à son mari une lettre où elle dit prendre la meilleure décision qui soit.

Virginia Woolf
Marguerite Duras
Sylvia Plath
Victoria Ocampo

8 questions
1604 lecteurs ont répondu
Thèmes : suicide , biographie , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..