« Réactive à la lumière, je dirais. Une personne un tout petit peu plus reliée que les autres au temps qu’il fait, partageant la composition chimique de la terre plus ostensiblement que la plupart des gens de nos jours. Ce qui explique Lanny. »
Je le serre dans mes bras, je le calme, c'est un paquet de petites bosses chaudes. La bosse chaude d'un coude, d'un genou, deux talons tièdes comme des galets dotés de leur propre soleil intérieur.
Comme les oiseaux jardiniers. Je me construis un campement où je mets toutes les plus jolies choses que je trouve, c'est mon petit musée de choses magiques.
Et voici Lanny qui cliquette et qui murmure, étonnant transmetteur qu'il est.
Il est tellement gêné qu'il se recroqueville sur lui-même. Sa grâce de haricot cède la place à un malaise gargouillant et l'idée me traverse qu'il est simplement en train de grandir, qu'il sort de sa chrysalide. Je n'arrive pas à imaginer Lanny adolescent.
Je luis dis que la meilleure représentation d'une prune ne ressemblait peut-être aucune prune que l'artiste ait vue de toute sa vie. Regarde ces fruits et pense à ce qui en fait des prunes, pense à l'essence physique de la prune et à sa relation à toi, à la lumière qui rebondit sur elle et qui arrive dans tes yeux, puis essaye deux ou trois trucs et vois ce qui te semble marcher, fais exister ta prune en douceur, ne lui impose rien.
Et sa maîtresse me répond, Lanny ? A vous entendre on croirait que c'est un clandestin. Lanny est un garçon merveilleux, parfaitement à l'aise et apprécié, on dirait qu'il est ici depuis toujours.