AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de fabienne2909


Roland Portiche nous invite avec son nouveau roman à une sacrée aventure entre Écosse et Mongolie, en passant par la Terre sainte, en pleine fin du XIIIe siècle et déliquescence des Croisades, un idéal qui, comme on le verra, n'a pas franchement atteint ses objectifs.

Tout commence en 1291, quand Ulysse Cameron de Bath, un croisé, est mandaté par Sir Durward, un noble écossais, pour retrouver son fils Alister qui a disparu subitement voilà quelques mois en Palestine alors qu'il était en pleine transaction avec un trafiquant de reliques appelé L'Épervier, craint de tous en raison de sa fourberie. Qu'est-il arrivé à Alister ? C'est ce que sera chargé de découvrir Ulysse, accompagné de son fidèle écuyer Kostandin mais aussi par Sybille, la fille de Sir Durward, une jeune femme intrépide et fort attachée à son frère, qui s'est invitée dans le voyage, au grand déplaisir d'Ulysse (pour commencer…)
Le trio se rend donc à Saint-Jean-d'Acre et réussit à remonter la piste d'Alister, qui est en effet tombé entre les mains de L'Épervier qui l'a enlevé, en raison de sa ressemblance avec Jésus, pour réaliser un faux suaire et le vendre au prix fort… Réussiront-ils à retrouver Alister et à le sortir des griffes de ses geôliers ?

Le point fort de ce roman d'aventures est d'aborder le sujet du marché des reliques, qui explosa à la suite des Croisades et à l'achat par le roi de France de la couronne d'épines de Jésus à un prix invraisemblable (la moitié des recettes de l'année du royaume de France !). Chaque église se targuait ainsi de leur sainte relique, qui d'avoir un morceau de petit doigt d'une sainte ou de bois de la Sainte-Croix (tout en sachant à quoi s'attendre quant à l'authenticité de celles-ci…). Je ne me doutais pas du tout que ces reliques faisaient l'objet d'un tel trafic, même si je n'en suis pas surprise.

L'auteur analyse également très bien la fin des Croisades et l'idéal déchu que celles-ci représentaient : qui au final était le barbare ? le croisé venu tuer de l'infidèle au nom du Christ, ou bien les « méchants barbares » qui occupaient la terre sainte ?

Mais problème, ces analyses intéressantes se font au prix d'un roman d'aventures un peu inconsistant et pas très fouillé. Roland Portiche est producteur de documentaires et cela se sent, car les différentes aventures de nos héros sont bien plus mises en avant que le contexte historique très riche dans lequel il a placé son histoire. Les héros résolvent l'histoire assez facilement et rapidement, et surtout ils ont des idées et des agissements très modernes, et parfois anachroniques, à l'instar de ce monastère bouddhiste dans lequel atterrit Ulysse, sans que cela le surprenne. Il est vrai que certaines histoires du Moyen-Âge ont pu reprendre des motifs de l'histoire bouddhiste (par exemple La légende dorée de Jacques de Voragine), mais est-ce qu'un croisé lambda pouvait avoir ce degré d'expertise ? Idem, lors de son séjour dans ce monastère, le père qui le dirige lui explique, à l'aide d'un exemple vivant, que l'objectif de tout moine est le sokushinbutsu, pratique de momification vivante qui permet d'atteindre le statut de bouddha vivant (et dont les lecteurs du Meurtre du commandeur de Murakami seront familiers). Or, la plus ancienne recension de sokushinbutsu remonte à 1363 au Japon… Et le héros qui retraverse l'Ecosse et la moitié de la France à cheval à plus de 90 ans a fini de tuer le peu de crédit que j'accordais au roman.

Bref, j'ai eu du mal à m'immerger dans cette histoire pas très vraisemblable, parfois attendue, qui a manqué cruellement pour moi d'épaisseur et de crédibilité historique. Je remercie toutefois les éditions Albin Michel/Versilio et Babélio pour cet ouvrage lu dans le cadre de la Masse critique Mauvais genres de 2023.
Commenter  J’apprécie          233



Ont apprécié cette critique (22)voir plus




{* *}