Longues journées dans les arbres, parfois le ciel est éclatant. Lumière oblique de l’hiver, ce bleu glacé de l’hiver qui nimbe toutes choses, le son régulier et bref des olives tombant dans le panier d’osier… Les arbres ont un tronc sinueux et lisse, on dirait la peau d’un cheval, couleur isabelle.
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Il touche son visage, presque timidement. Sa main glisse jusqu'à ses cheveux, dans sa nuque. Alors Rosalinde ne peut plus qu'obéir au ballet de ses doigts.
De quoi j'ai peur ? Mais de tout, Mounia. Des hommes, du feu qui est en moi, de ce trop qui me mange et me tue, de ce vide qui veut m'avaler. C'est bizarre ce que je te dis, je suis pleine de trop et de vide. Mais le savoir n'y change rien.
Quelquefois l'âme est fatiguée. On sent ses soubresauts inquiets, furieux, comme un tourment qui s'exaspère, une agonie secrète qui vous étonne et vous déchire. Vous prend le désir d'autre chose, des goûts de départ absolu, de fuite qui sait, d'océan peut-être.
On les paie à la tâche. C'est léger, des fleurs. Longues journées, chaleur sur la peau, les tilleuls bourdonnent des multitudes d'abeilles qui butinent. Les heures défilent, paisibles, lourdes. On ne les sent pas passer en haut de l'échelle, dans les cimes vrombissantes. Elle aperçoit le ciel au travers des branches. Il se déploie jusqu'aux limites des crêtes que la chaleur trouble d'un halos diffus. Elle se dit, Oh, le ciel... et pousse un soupir de contentement.