Citations sur Le coeur blanc (95)
J'aurais envie de le frapper, d'extirper son mal à coups de poing et de griffes, à coups de dents. Son mal. Le désespoir d'une vie qui lui échappe ? Le désir d'autre chose ? Lui qui ne sait pas être heureux, qui ne le veut sans doute pas, qui dit avec lassitude et ennui, vingt-sept ans... (p. 62 / Points, 2019)
Le travail a repris dans les cerisiers. Un vent de sud-est s'est levé. L'été me fait souffrir encore. Ce tourment...la faim de quelque chose que je ne connais pas et qui toujours m'échappe, ce désir fou de qui de quoi, à en mordre la terre, à brandir mon poing fermé vers le ciel, à me cogner la tête contre les vieux moellons du mas...Je pleure dans mon arbre. Mais que le monde est beau avec ce vent qui déferle sur les montagnes(...) (p. 83)
Quelquefois l'âme est fatiguée. On sent ses soubresauts inquiets, furieux, comme un tourment qui s'exaspère, une agonie secrète qui vous étonne et vous déchire. Vous prend le désir d'autre chose, des goûts de départ absolu, de fuite qui sait, d'océan peut-être. (Points, 2019 / p. p. 56)
Ce n'est même plus une histoire de dope, d'alcool, de cachetons- on vient toujours à bout de ces manques- mais plutôt un mal tenace qui rongerait sa vie, un chagrin lancinant vrillé dans son coeur. (...)
Et où aller, que faire. Et où aller. Où vivre en paix, aimer et quoi et qui...(points, 2019 / p. 62)
Le soleil me consume, le travail me dévore, Thomas achève ma joie. Vis, Thomas, je voudrais lui dire. Il y a tant de beauté parfois dans notre vie sous la lumière de juin. Il ne la voit donc plus. (Points, 2019 / p. 65)
Je vais partir, je me dis soudain. l'océan me fait rêver. D'y penser cela me donne soif, ce goût d'embruns râpeux sur mes lèvres, la fraîcheur vive de l'eau dans laquelle me retrouver fille -anguille, sans plus de poids ni de contour , libre et nue dans la vague. Je vais partir. J'oublierai tout. (Poche Points Seuil, octobre 2019 / p. 64)
elle quitte le sommeil très lentement. Elle rassemble ses os, sa tête, sa vie. Elle s'achemine vers le jour, elle est entière. Qu'elle ne meure pas tout de suite, s'il vous plaît le jour. Vivre encore un peu, oui. (Points, 2019)
Toi tu es française. Tu pourrais trouver mieux.
je suis allemande Ahmed. Et j'ai pas envie d'être à l'abri, j'ai envie de savoir.
savoir quoi ? Si j'avais les papiers, moi, je serais sans doute ailleurs.
Peut-être que je ne sais pas pourquoi je suis là.
On aime bien t'avoir à nos côtés. Tu es courageuse. Tu as le coeur blanc. Dieu voit que tu as le coeur blanc.
Le coeur blanc ?
Le coeur pur. (Points, 2019)
Je pense parfois que les saisonniers, on est des anciens combattants . On cherche le feu d'un combat, on en charrie surtout le manque parce que le lus fou c'est qu'on n' a pas combattu. Enfin, pas pour de bon. Toi, Mounia, c'est la guerre de ta famille, la vie de ta mère aussi, que tu portes peut être et que tu continues à ta manière, mais contre qui, pour qui, tu le sais ? (p140)
La stridulation des criquets est devenue dès le printemps la respiration de mes nuits.