Rosalinde s’est endormie en retrait du chemin, entre deux rangées de vigne. Dans la terre fraîche et meuble, le sillon est un berceau.
Les kakis luisent dans la pénombre du champ, elle les voit depuis sa paillasse, les fruits de l’hiver comme des soleils givrés.
Cette faim que j’ai d’aller au bout de moi, jusqu’à en tomber épuisée, rassasiée un moment. Pour un instant je me sens comme ….. anesthésiée ? Je n’ai plus besoin d’autre chose enfin. Les hommes comblent le gouffre en moi. Toi c’est courir sous ton soleil, mais est-ce que ce n’est pas la même chose au fond ? (p140)
Cette faim que j'ai d'aller au bout de moi, jusqu'à en tomber épuisée, rassasiée un moment. Pour un instant je me sens comme ..... anesthésiée ? Je n'ai plus besoin d'autre chose enfin. Les hommes comblent le gouffre en moi. Toi c'est courir sous ton soleil, mais est-ce que ce n'est pas la même chose au fond ? (p140)
Tu sais ce qu'on est pour eux ? On est les abricots du rebut, les vilains petits fruits tout piqués, tavelés, tordus, les invendables qu'on balance dans le cageot pour la pulpe. (p115)
Nous buvons et buvons encore puis nous tombons. Etrange jeu de massacre. Nous nous relevons le lendemain, la tête éclatée et les neurones en miettes. Nous rassemblons les morceaux. Le soleil nous torture un peu, remue nos cerveaux mis à nu. Mais nous sommes les fruits d'une race increvable, la mauvaise herbe qui ne meurt jamais et très vite il n'y paraît plus. Le soir même, nous avons remis les compteurs à zéro et sommes prêts à recommencer. Un verre, deux, trois, dix.... (p82)
L'été me fait souffrir encore. Ce tourment...
Pourquoi tu es ici Rosalinde, à bosser avec nous ? Je ne comprends pas. Toi tu es française. Tu pourrais trouver bien mieux.
Je suis allemande Ahmed. Et j'ai pas envie d'être à l'abri, j'ai envie de savoir.
Savoir quoi ? Si j'avais les papiers, moi, je serais sans doute ailleurs.
Peut-être que je ne sais pas pourquoi je suis là.
On aime bien t'avoir à nos côtés. Tu es courageuse. Tu as le cœur blanc. Dieu voit que tu as le cœur blanc.
Le cœur blanc ?
Le cœur pur.
Se mettre en couple...les grands mots pour deux personnes qui veulent juste se mettre à l'abri.
Qu'il vienne enfin le feu, elle n'a jamais cessé de l'attendre au fond, jamais cessé de se jeter dans des faux-semblants de brasiers qui ne la dévoraient qu'à moitié, et alors il lui fallait repartir, le coeur à vif, l'âme brûlée, à la recherche d'autres flammes.