Des visages fatigués,
Des yeux qui n’ont jamais vu le monde,
Des corps qui n’ont jamais vécu à l’air libre,
Des lèvres qui n’ont jamais forgé de discours,
Ce sont les tondus et les confus,
Bloquant la route.
Ils grouillent et tourbillonnent
Entre les rives des magasins brillants
Vers la viande rouge,
Les pots de fines herbes,
Les camelots,
Ou déferlent
Avant la ruée rapide
Des trams aux bruits métalliques –
Pitoyables, laids, minables,
Encombrant.
Immortel ?...
Dans un bois,
Observant l’ombre d’un oiseau
Sautant de fougères en fougères,
Je suis immortel.
Mais eux ?
[F. S. FLINT]
Il en est ainsi du cœur et de l’orgueil. A la fin rien ne reste, juste une poignée de pétales de ce qu’était autrefois une fleur fière…
[John Courmos]
Il pleut, il pleut,
Des gouttières, des canalisations
Des gargouilles et des pignons :
Ça dégouline des tables
Ça nous donne le prix des céréales,
Bœufs, ânes, moutons, dindes et volailles
Près du mur imbibé de pluie
De la vieille Mairie.
[FORD MADOX HUEFFER]
LE COQUILLAGE
À l’amant passionné, dont les soupirs lui reviennent à chaque brise,
le monde entier ressemble à un coquillage qui murmure.
//Allen Upward poète Royaume-Uni (20/09/1863- 12/11/1926)
Et Pic de la Mirandole est mort ;
Et tous les dieux rêvés et légendaires,
Hermès, Thot et le Christ sont pourris maintenant,
Pourris et moisis.
Et dans tout cela je vois votre pâle visage grec ;
La tendresse me pousse comme un petit enfant ardent
A vous aimer
Vous, bouche à moitié froide laissée dans l’assiette de César.
[Richard Aldington]
NOCTURNE
V
Je suis las de l’amour et tes lèvres
Sont des coquelicots éclos au petit jour.
Donne-moi donc tes lèvres
Que je puisse connaître le sommeil.
//Skipwith Cannell poète Etats-Unis, (1887-1957)
NOCTURNE
IV
Du filet de tes cheveux
Tu as pêché en mer
Et un poisson étrange
Fut pris dans ton filet ;
Car ta chevelure,
Bien-aimée,
Tient mon cœur
Dans sa toile d’or.
//Skipwith Cannell poète Etats-Unis, (1887-1957)
NOCTURNE
I
Tes pieds
Comme de petits oiseaux d’argent,
Tu les poses sur les chemins charmants ;
Ainsi je te suivrai,
Toi Colombe aux Yeux D’or,
Sur n’importe quel chemin je te suivrai,
Car la lumière de ta beauté
Éclaire ma route comme une torche.
//Skipwith Cannell poète Etats-Unis, (1887-1957)
Délivre-nous de la beauté
Des arbres fruitiers !
[H. D.]
Il est petit
Ce ruisseau blanc,
Coulant sous la terre
Depuis la colline à l’ombre des peupliers,
Mais l’eau est douce.
[H.D.]