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Critique de afriqueah


Si la Princesse de Clèves devait revivre, elle s'appellerait Laure. Lui, Duc de Nemours, s'appellerait Clément. Contrairement à son ancêtre littéraire, elle essayerait de passer à l'acte, avec ses moyens féminins, j'ai envie de toi, tu me manques, je t'aime, et même s'il n'a pas envie d'elle, peu importe. Lui, ça ne le passionne pas, ce genre, il n'écoute pas. Il ne peut pas écouter, car il parle à son chien -qu'il appelle Papa, tout un programme, « le goujat, regrette la mère de ta mère au paradis des premières fans du prince Philip »
Dialogue de sourds, donc, l'une qui se parle à elle même, à la seconde personne comme si en réalité celle qui parle, au delà du granit de la tombe, c'est la « mamie au paradis des suppliciées vivantes » qui, la terre entre les dents, lui a bien dit de ne pas aimer, qu'elle n'avait aucun espoir, qu'elle détruisait tout, les coccinelles, les espoirs et son potentiel: elle serait toujours une moins que rien.

Laure passe à l'acte, donc, en dépit de sa mère, qui n'est vraiment pas d'accord,( de toute façon elle n'est d'accord avec rien de que fait et fera sa fille ) de sa grand mère, qui aurait fait chier le prétendant. le passage à l'acte est plus que décevant, sauf qu'elle qui a connu le vide se sent d'un seul coup pleine. Pleine de désir, souvent insatisfait, car il part, n'appelle plus, n'assure pas, peu importe, la transgression plus que l'amour la porte, l'aveugle, lui fait dire des mots d'amour justement, forcer la porte de l'autre, qui la met dehors, sans même écouter ce qu'elle a à dire de vital.

Lui est à genoux- au propre, comme son chien, comme au figuré- malgré son job de rêve où il gagne beaucoup d'argent. Il est en prise à un tribunal intérieur, lui aussi a reçu des mots d'ordre impératif de ne pas être heureux : dès le départ, il n'a pas correspondu à l'idéal masculin, un homme qui part dans les tranchées, qui affronte la guerre, un homme, un vrai.
Même si sa mère vit encore, poursuivant son combat de ne pas être aimée, et ayant ordonné sur son berceau une malédiction obscure et médiévale, il est resté un petit garçon apeuré incapable de supporter ses émotions.
Sa mère est pourtant moins dangereuse que la mère de Laure, car parler depuis le monde des morts est évidemment plus cruel et impactant : Freud est passé par là en nous parlant du deuil pathologique, ou partage et adoption des mots d'ordre du mort, « la haine de soi en héritage ».

Ceci est ma lecture, qui n'engage que moi. (La fin du livre ne m'a pas du tout plu)

Et pourtant, dire que j'ai aimé ce livre est peu, j'ai souligné la moitié des phrases si justes, les remarques profondes, j'ai ri énormément. Et je suis entrée dans cette relation pourtant totalement étrange, de deux personnes qui passent leur temps à se fuir, à ne pas s'aimer, à ne pas se parler et que même le sexe ne réunit pas.

Pour couronner un livre déjà tellement ironique, précieusement écrit, deux pages de grand art, l'analyse d'Andromaque par sa fille plus que rebelle : Andromaque la queen n'a pris que des râteaux, et quand arrive Oreste « O… reste » lui dit elle, bien que le mec soit un queutard, alors elle lui dit « on baise mais avant tu butes Pyrrhus, le fils d'Achille qui lui même a buté Hector, l'ex de la queen.

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