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Critique de deidamie


« Bonjour les Babélionautes ! Fraîchement sortie du Fantôme de l'Opéra, j'ai décidé que le moment était idéal pour attaquer sa parodie, Masquarade, de Terry Pratchett !

Or donc Nounou Ogg se fait du souci pour Mémé Ciredutemps : cette dernière déprime. Il lui faut une troisième sorcière et/ou une occupation. Tout s'arrange : elles partent toutes les deux à Ankh-Morpork, pour régler les comptes de Nounou avec un éditeur malhonnête et récupérer Agnès Créttine, la meilleure candidate au poste de troisième sorcière. Et elles accompliront le tout sans se mêler des affaires de qui que ce soit ni imposer quoi que ce soit à qui ce soit évidemment, m'enfin, pour qui les prenez-vous ?

C'est en lisant ce tome que j'ai enfin mis le doigt – mais avec des mots – sur ce qui me plaisait autant chez Pratchett.

-Bah c'est évident depuis le début, bécasse. L'humour.

-Oui, certes ! mais allez savoir pourquoi, humeur ou alignement des planètes, j'ai trouvé ce tome particulièrement révélateur de ses procédés d'écriture. Par exemple, les comparaisons ! Pratchett les utilise pour illustrer ses scènes ou souligner l'improbable. Et ses images fonctionnent, il possède un sens de la formule irrésistible pour mes zygomatiques.

Il se livre aussi à la personnification et cela rend ses textes magiques et inquiétants !

-« Personnification » ? m'enfin, tu te crois où, Déidamie ? Les gens sont pas là pour prendre des cours de littérature !

-Je donne pas de cours, j'explique pourquoi j'ai adoré le bouquin.

-Ah ouais ? Et c'est quoi, ça ?

-Méchante Déidamie, rends-moi cette feuille !

-Oh ! Mais que vois-je ? un développement en trois points, rédigé sur une feuille rose ! Rhôh la ringarde !

-D'accord, d'accord, j'avoue ! J'ai développé trois points pour dire que j'ai kiffé ce texte. (soupire) En fait, il y a eu récemment une polémique sur un certain classique de la littérature française. J'ai lu des choses vraiment déplaisantes, en ai reçu d'autres et… je pense que je me suis jetée dans cette lecture comme on se rue sous la douche : avec le désir de me sentir à nouveau propre et fraîche.

(Méchante Déidamie regarde la feuille dans tous les sens)

Euuuh… tu m'écoutes ?

-Pourquoi tu dessines des blaireaux partout dans les marges ? C'est ton nouveau totem ?

-Ce ne sont pas des blaireaux, ce sont des chats !

-Ah oui ? ben pense aux cours de dessin quand la crise sera finie, hein…

-Grmbl. DONC ! je disais, la personnification ! Pratchett transforme l'abstrait en concret en lui attribuant des verbes d'action. L'avenir s'abat sur vous, l'accident « attend » de se produire, comme si ces abstractions formaient des personnages. En les transformant en entités vivantes et pourvues de volonté, l'auteur habille son histoire de créatures supplémentaires, bien qu'invisibles, avec lesquelles il faut composer. Ou contre lesquelles il faut lutter.

Et, dernier point, Masquarade contient quelques réflexions bien senties sur les rapports humains, la culture et sa vanité, la têtologie, les difficultés économiques. Les employés de l'opéra vivent dans la précarité, les sorcières en sont bien conscientes. J'ai adoré le perso d'Agnès, consciente du traitement qu'on lui inflige tout en restant incapable de sortir des cases dans lesquelles elle était mise.

-Moi, je me demande si Gredin, le chat de Nounou Ogg, n'est pas inspiré par le chat voyou de Cats… criminel et sexy, ça ressemble à Macavity, « a monster of depravity, the Napolean of crime ».

-Mmh, je dirais à la lecture du roman que Gredin a inspiré Macavity… mais l'inverse est vrai aussi. »
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