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Critique de Malavella


Merci à de m'avoir envoyé un exemplaire de ce livre en échange d'une critique.

Si vous aimez la métafiction et les mises en abyme, vous serez servis. Encore plus si vous aimez aussi le cinéma. Car dans ce livre, il est non seulement souvent question de films, mais l'auteur s'amuse souvent à ‘briser le quatrième mur' (origine de l'expression dans le théâtre, quand les acteurs s'adressent aux spectateurs) - l'auteur s'adresse fréquemment au lecteur. Ou alors, il y a des voix off qui brisent ce quatrième mur en s'adressant au lecteur…

La structure
- Ensemble avec ceux qui l'ont trouvé, nous lisons un scénario d'un road-movie. Ce scénario contient des voix off, qui font des réflections sur l'histoire.
- Régulièrement, la lecture du scénario (et des voix off) est interrompue par les commentaires des étudiants en cinéma qui le lisent. Plus tard dans l'histoire, ces étudiants et les personnages du scénario, ces deux niveaux vont même s'entremêler, ce qui brisera un nouveau mur.
- Les commentaires des étudiants sont constamment interrompus par la voix de l'auteur du livre. Mais l'auteur s'adresse aussi directement au lecteur du livre… encore un quatrième mur brisé.
- Et même, coup de vrai théâtre…
- Ajoutez à cela que de temps en temps le lecteur est confronté au questionnement de l'égo, à la métafiction qu'il se construit lui-même, et on arrive à un ouvrage avec plein de mises en abyme et de quatrième murs, dont le mur final se trouve chez le lecteur lui-même.

Montage sublime
C'est bien là le grand plaisir de lire ce livre : on peut suivre tous ces changements de niveau sans le moindre problème, sans jamais perdre le fil d'aucun de ces niveaux. Philippe Pratx a très bien pu se mettre à la place du lecteur pour savoir à quel moment interrompre une scène, et comment. C'est très difficile à écrire et très bien réussi.

Le style, l'histoire
J'ai beaucoup aimé les moments où le scénario est commenté par un groupe d'étudiants en cinéma. Ce genre de discussion me semble typique pour les facultés de cinématographie ou sciences po, pleines de références au cinéma et de pourparlers sociopolitiques ou philosophiques. Elles sont vivantes, fraiches.

Par contre, j'ai trouvé l'histoire narrative du scénario un peu maigre, et bien qu'elle était régulièrement amusante, j'ai trouvé l'ambiance générale morose, voir trop lourde.

Je n'ai non plus pas aimé le style quand l'auteur faisait des commentaires. Il y a beaucoup de bifurcations qui n'apportent rien, ce qui est fatigant. Mais surtout, dès le début j'ai trouvé la voix de l'auteur arrogante, voir dure. L'auteur dit dans une interview que cette voix peut être agaçante (je le ressentais bien plus fort), mais que c'est fait exprès. Je ne vois pas l'intérêt de rendre une lecture désagréable pour le lecteur.
Évidemment, je ne suis que une seule lectrice. J'ai vu que la majorité des lecteurs n'avait pas ce problème avec la voix de l'auteur.
Dans la dernière partie du livre, cette voix de l'auteur devient d'ailleurs plus douce - c'était agréable à partir de là !

Finalement, Philippe Pratx aborde régulièrement le thème de l'égo, celui du lecteur donc aussi, le mur final à briser. Il en parle toujours de façon brève (il est en effet difficile d'en parler). J'ai apprécié qu'il aborde ce thème, qu'il ait inclu ce "quatrième mur" final, paroi transparente (mais qui rend aveugle) entre le monde de l'égo et une autre façon de vivre où l'on peut se déployer pleinement. Car j'estime que c'est bien là que réside la vraie révolution, et non dans des révolutions politiques comme p. ex. la révolution permanente des communistes.

Conclusion
L'histoire même m'a moins intéressée, et l'ambiance générale du livre ne m'a pas toujours trop plu non plus. Mais nous avons là une très belle expérience d'écriture / de lecture compliquée, avec un montage et une dynamique parfaits, qui vaut la peine d'être lue par des amateurs de métafiction.
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