Edouard Vuillard (1868-1940)
Vu par
Stuart Preston critique d'art américain (1992)
L'intérêt de ce beau livre est qu'à chaque page, à gauche un texte de présentation, dûment renseignée, contextualisée, à droite une représentation de peinture et de sélection, j'ai l'impression qu'il n'y a que le choix !
Très attachant ce peintre qui passe à travers les gouttes de la renommée on se demande bien pourquoi !
Moi-même je me suis laissé aller à une relative neutralité concernant ce peintre. J'avais bien repéré son talent il y a des lustres mais comme on n'en disait pas plus que ça, la vague de cette quasi-indifférence m'a également atteint. Il faut dire que l'homme pétri de talent avait le caractère effacé, sa modestie consistait au mieux à s'entourer de bons amis peut-être les meilleurs de la place, simplement pour le plaisir de vivre avec ses pairs et de partager avec eux une aventure enrichissante qui le porte à la mesure de son talent.
Peintre très délicat, d'une hyper-sensibilité comme j'aime capable de tout peindre en fait, mais sa prédilection allait vers les intérieurs, les beaux intérieurs animés, vers la nature forestière dont il en croquait les premiers effets saisonniers avec une vélocité de maître absolu ? Sa palette était d'une richesse incroyable. Ses portraits sont élégants, d'un somptueux raffinement, d'une originalité de premier plan. Bien que je n'en sache guère plus sur l'homme, il semble qu'il avait l'amitié fidèle, il a conservé ses précieux amis comme
Maurice Denis,
Ker-Xavier Roussel qui épousa sa soeur, pendant toute sa vie. Après sa mort, Roussel légua à l'Etat français les 55 oeuvres qu'il possédait de son beau-frère et ami.
Il fut influencé par l'impressionnisme et semblait toutefois réticent à tout esprit de chapelle, il adopta dans sa jeunesse le courant nabi dont il fut pas moins un des fondateurs.
Je ne vois pas de failles chez ce peintre, dont la facture est proche de celle de Denis et de Bonnard, c'est-à-dire une recherche de perfection. C'est tout simplement éblouissant ! Il faut vraiment ramener cet artiste discret au rang de ses compères dont la notoriété a conquis le monde. Mais peut-être que je me trompe et ai-je loupé la marche du train pour l'accès à Vuillard ? et je ne demande qu'à être démenti ! En faisant sa connaissance de manière plus approfondie, je reste scotché devant ses exécutions rapides à la gouache, à l'aquarelle, au pastel, le trait, la chromatique sont parfaits et d'une fraicheur envoûtante ! Il ne ratait jamais la belle intimité et le charme de la vie de son entourage, à la fois familial et amical. Ses portraits de femmes apparaissent plutôt richement habillés, je ne pense pas qu'il les habillait comme Matisse, de grandes robes d'époque nettement identifiées sur la toile, qui contrastent avec les nus de son ami Bonnard !..
Ce n'est pas génial de mourir en 40, sa fin de vie fut triste
Désormais, je vais m'attacher à réparer ma culture approximative en mettant au coeur de mon attention ce peintre qui le mérite bien. Pour l'heure je ne vois que la poutre que j'ai dans l'oeil, mais ça se soigne paraît-il, hein
Saint-Matthieu ?