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Critique de Torellion


D'abord édité sous le titre le Rat Blanc, Notre île sombre est une oeuvre de jeunesse édité pour la première édition en 1976. Dans sa préface, Christopher Priest précise immédiatement avoir retravaillé le roman pour l'édulcorer, le rendre plus présentable, plus politiquement correct en somme. Nous sommes face à une oeuvre auto-censurée et remaniée.
L'auteur nous raconte l'histoire d'Alan Whitman, un modeste professeur de banlieue pris dans la tourmente d'un Royaume-Uni plongé dans le chaos d'une guerre civile. En effet, l'Afrique a implosé, dans tous les sens du terme, et des millions de réfugiés ont envahi le monde plus ou moins pacifiquement. L'île est déchirée par les milices, qu'elles soient afrims ou nationalistes. Whitman doit alors survivre tant bien que mal, n'ayant pour seul but de retrouver sa femme et sa fille.
Ce court roman s'articule autour de multiples temporalités : un présent immédiat, un passé proche et des flash-back plus lointains permettant de reconstituer la genèse du chaos ambiant. Seuls ces flash-back apportent au récit, le reste ne sert finalement pas à grand-chose, il n'y a pas d'évolution radicale du héros, pas d'événements marquants, ni même d'éléments clés. Ce parti pris narratif embrouille la lecture et la complexifie inutilement.
Un autre des points faibles de l'histoire, s'expliquant certainement par son format, est l'absence d'explications pertinentes au pourquoi. En quelques lignes, l'auteur expédie les origines du chaos par des guerres nucléaires en Afrique pour ses ressources, et des combats entre les nations africaines. C'est un peu léger. de la même manière, on ne sait pas ce qu'il se passe ailleurs dans le monde. le Royaume-Uni est-il le seul à sombrer dans la guerre civile ? Comment expliquer l'inaction d'un gouvernement ouvertement fasciste au pouvoir ? L'inaction de l'ONU est clairement incroyable au sens strict.
Ce roman est aussi un livre sur les choix et le libre arbitre. le narrateur doit choisir, les évènements l'imposent. Mais il est partagé, comme les différentes factions qui composent désormais le Royaume. C'est pour cela que jusqu'au bout, il s'en remet aux autres. Alan Whitman incarne à la perfection l'homme ordinaire, tragiquement humain dans sa médiocrité, ses peurs et ses faiblesses. Son point de vue est finalement assez juste, tiraillé entre une haine légitime des envahisseurs responsables de ses malheurs et une empathie profonde pour ses réfugiés victimes d'une catastrophe terrible et pris dans les tourbillons de l'exil. C'est le seul point fort du livre.
Une déception.
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