AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,45

sur 59 notes
J'ai été assez déçue par cette lecture. À la base l'idée est très intéressante : le continent africain n'est plus habitable suite à l'épuisement des ressources naturelles et les réfugiés débarquent par miliers sur l'île de Grande-Bretagne. Très rapidement, on se retrouve dans une ambiance post-apocalyptique.

J'ai déjà lu des livres où le présent est alterné avec des flashbacks mais ici c'était un peu trop mélangé et il n'y avait pas vraiment de fil conducteur (à mon avis) et je me suis un peu perdue dans la chronologie des événements.

Je n'ai pas du tout aimé le style et bon... je ne pense pas que je m'aventurerai à nouveau dans l'univers de Christopher Priest (de cet auteur j'ai lu et aimé Futur intérieur, par contre je m'étais ennuyée avec L'Inclinaison).


Challenge multi-défis 2017 (64)
Commenter  J’apprécie          220
L'Afrique n'est plus habitable suite à une explosion nucléaire. Les réfugiés sont légion et débarquent par centaines sur les côtes britanniques. Sauf qu'en Angleterre où un nouveau gouvernement conservateur vient d'être élu, on ne considère pas ces gens comme des réfugiés mais comme des immigrants illégaux. Une guerre éclate entre ceux qui veulent laisser les Africains entrer sur le territoire, ceux qui refusent, et les Africains qui s'approprient de force les possessions d'autrui vu le rejet qu'ils suscitent. Alan Whitman, le narrateur, vit avec sa femme et sa fille la guerre en cours. D'abord de loin, puis de manière plus participative...

D'abord j'ai cru à tort que l'histoire portait sur une inversion des richesses, avec une Afrique prospère et une Angleterre affamée.
Ensuite j'ai été séduite par la couverture de la nouvelle édition française chez Denoël (qui ne l'a visiblement pas été ?) sous le titre Notre île sombre.
Ce livre, je l'ai lu en anglais dans sa version américaine de 1972. Autant dire une version pas du tout révisée comme celle de 2014. Et j'ai très vite compris pourquoi ce bouquin avait subi des modifications, même si j'en ignore les tenants.
Ce livre, j'ai plusieurs fois failli l'abandonner en le balançant sur le lit comme un objet dégoûtant. Je vais vous expliquer pourquoi.
J'imagine parfaitement et tout d'abord que la première chose que l'auteur a dû supprimer dans son ouvrage, c'est l'utilisation du "N" word. Il est constamment utilisé comme un mot normal, on ne sait vraiment si ça vient du narrateur ou de l'auteur. 1971 (année de publication en Grande-Bretagne), 1968 et le discours anti-immigrants de Powell. Il n'y a qu'un pas à faire entre le contexte historique de l'époque et le racisme cinglant du livre. Critique, Priest ? Pas évident à la lecture, tant ce mot ne semble pas utilisé de manière dénonciatrice.
Alan Whitman, le personnage principal au nom pas du tout ambigu, est carrément antipathique. On est loin de l'image d'un anti-héros. C'est juste un mec banal et con comme beaucoup d'autres qui pense beaucoup avec sa bite et pas trop avec son cerveau. On assiste dans ce livre à la genèse de sa vie sexuelle dont on n'a d'ailleurs absolument rien à foutre. Et pourtant, combien y a-t-il de pages sur ses ébats avec diverses femmes (pas la sienne hein, on a dit qu'il était con), ébats qui sont parfois des viols, ébats qui ne servent EN RIEN l'histoire ? On nous déroule sur un tapis rouge l'étiolement rapide et constant de ses relations intraconjugales qui n'a jamais mené à une confrontation directe et sérieuse, ni à un arrêt pur et simple des frais qui aurait pourtant arrangé bien des choses. Tout ça pour quoi ? Pour rien.
Ce roman est construit sous forme de flashbacks qu'on met un temps fou à remettre dans l'ordre. Cela pourrait créer une dynamique, peut-être était-ce l'effet recherché par l'auteur, sauf que ce système ne sert à rien non plus à part emmêler sérieusement et vraiment inutilement aussi bien les cheveux que les neurones. Au lieu d'une dynamique, c'est la confusion et un désintérêt grandissants qui se manifestent. On s'y perd et tout ça pour quoi ? Pour rien.
Le récit s'apparente à un savant mélange de la Guerre des mondes, Au coeur des ténèbres et L'Île du Docteur Moreau "grâce" à une description quasi sans émotion et super précise quoique superflue, comme dans le récit de Wells, et à une perte d'identité qui rejoint la noirceur du genre humain perdu dans les méandres d'un monde sans lois où le plus fort règne, comme dans les deux autres. Mais comme le style est relativement absent, pourquoi tout ça ? Pour rien.
Ce récit est une dystopie plus trop dystopique de nos jours vu les cruelles similitudes que son développement a avec notre actualité : des migrants réfugiés dont personne ne veut, la haine et peur de l'étranger, le rejet pur et simple de l'immigration... Des passages de ce livre auraient pu être publiés dans des articles sur l'Aquarius et autres navires de sauvetage que personne ne veut voir amarrer dans ses ports européens tant les images sont identiques. L'auteur a fait plus que de l'anticipation : il a vu l'avenir. L'anticipation, elle est peut-être pour la prochaine étape : les immigrants pourraient se rebeller et ne plus accepter qu'on les traite comme des moins que rien à les parquer dans des camps ou les laisser crever dans l'eau. L'idée se défend et paraît même logique et normale à force de tirer des ficelles anti-humanitaires. Sauf que ce qui est détestable dans ce livre, c'est que seuls les Blancs sont décrits comme des victimes, seul leur point de vue est défendu, tandis que les Noirs sont décrits comme des kidnappeurs-violeurs-tueurs-voleurs. C'est manichéen au possible et c'est moche, c'est laid. C'est carrément raciste. D'autant plus qu'on découvre à la fin (une fin super tranchée dans le vif mais loin d'asséner un coup fatal) que Whitman commet un meurtre contre un Africain. Par vengeance, par défoulement, par folie, on ne sait trop. La déshumanisation l'a atteint et a fini de faire de lui un être abject, mais ça n'excuse rien. Temps de guerre, me direz-vous. Atrocités qui courent par ces temps maudits. Certes. Je lis les news. Je vois très bien ce que ça peut faire faire aux gens. Mais la description d'Africains comme envahisseurs présents pour "tout faire péter" et violer nos femmes et nos enfants et en faire des esclaves, c'est mettre tout un groupe de gens dans le même panier et c'est raciste, point barre.
Quant à l'idée de l'arroseur arrosé, ce Blanc qui a conquis et commis les mêmes horreurs quand il a lui-même colonisé et qui est maintenant remis à sa place avec les mêmes châtiments, c'est finalement le seul concept acceptable de ce bouquin. Voir Whitman te parler de sa maison et son quartier envahis par les aliens (oui oui, faut pas oublier qu'en anglais les aliens, c'est les étrangers, les immigrants, les gens qui ne sont pas d'ici) et se présenter comme la victime du siècle qui n'a rien fait lui le pauvre, c'est juste fendant et pathétique.
Le racisme, dans tous les sens du terme et surtout dans toutes les combinaisons de couleurs possibles, c'est pourri. J'en ai marre que le monde soit pas capable de tourner rond. Marre qu'on se base sur des différences pour décrire l'apocalypse. Et marre que ça existe toujours surtout. Ce livre, je l'ai détesté. Lui et les idées qui en émanent et qu'il continue de véhiculer.
Lien : http://livriotheque.free.fr/..
Commenter  J’apprécie          190
Le continent africain est ravagé par une guerre nucléaire. Des réfugiés affluent en masse sur les côtes occidentales. La Grande-Bretagne doit accueillir sur son sol plusieurs centaines de milliers de ces survivants mais les autorités sont dépassées et peinent à organiser leur prise en charge. de nombreux africains se retrouvent livrés à eux-mêmes dans un pays qu'ils ne connaissent pas. Les heurts et les incidents avec la population locale ne se font pas attendre. Au même moment, un gouvernement conservateur et extrémiste est porté au pouvoir.

En 1971, Christopher Priest publiait son premier roman d'anticipation Fugue for a darkening island, traduit en français sous le titre le Rat Blanc.
Cette année paraît une version revisitée de ce même roman : Notre île sombre. Les raisons qui ont poussé Christopher Priest à reprendre son texte initial trouvent leur origine dans deux critiques parues à l'époque et qui accusaient Priest de prendre parti politiquement. Bien que la rédaction de son roman fut influencée par l'actualité du moment, à savoir les violences quotidiennes en Irlande du Nord et l'arrivée d'un flux massif de migrants indiens, Christopher Priest se défendait d'avoir écrit selon une quelconque visée politique. Félicité d'abord d'avoir dénoncé un racisme latent dans la société britannique, il fut ensuite et de façon contradictoire accusé lui-même de xénophobie. Afin de mettre les choses au clair de ce côté, l'auteur a donc souhaité réécrire son texte en l'expurgeant de tout passage susceptible de mener à une éventuelle interprétation sur ses propres opinions. Christopher Priest avait pour unique but de décrire et proposer un aperçu des effets d'une situation catastrophique.

Le thème du roman reste très actuel. L'immigration et l'intégration des étrangers demeurent des sujets brûlants de notre actualité. Parmi les réactions à cette situation tendue, deux tendances se dessinent nettement. D'un côté, les défenseurs de l'identité nationale exigent une assimilation totale du migrant ou son renvoi définitif si refus de se conformer aux us et coutumes du pays accueillant. de l'autre, les partisans du vivre ensemble prônent la tolérance, la diversité des cultures est pour eux une source de richesse.
Mais une troisième tendance est souvent oubliée et c'est à celle-ci que Christopher Priest donne la parole.
Son personnage principal Alan Whitman est un homme lambda, bon citoyen issu de la classe moyenne, enseignant, marié et père de famille, il possède un pavillon confortable en banlieue londonienne. A première vue, Alan n'a rien contre les étrangers. Il mène sa vie, une vie finalement médiocre. Son mariage n'est pas heureux, il cumule les infidélités sans jamais chercher à se définir une bonne fois pour toutes. Il ne cherche pas particulièrement à résoudre ses problèmes matrimoniaux et encore moins à se remettre en question. C'est un homme plutôt faible, un suiveur. Mais la situation brutale dans lequel le pays est plongé va le pousser à prendre ses responsabilités et des décisions, à s'affirmer. le basculement de sa personnalité et de sa position relative aux Afrims ( nom donné aux africains réfugiés) se fait progressivement tout au long du roman.

La narration se fait à la première personne et alterne entre plusieurs périodes de la vie de Alan. L'alternance n'est pas chronologique et le lecteur est baladé dans le temps. Petit à petit, au fur et à mesure de l'avancement de la lecture, on reconstitue sa vie mais aussi l'ordre des évènements à l'échelle du pays. Les réactions de la population, les mesures du gouvernement, l'intervention de l'ONU et de diverses organisations, la constitution de milices, de groupes armés constituent un paysage de chaos décrit minutieusement par l'auteur. Les détails sont si plausibles que ça en fait froid dans le dos : expropriation des résidents locaux, rues barricadées, enlèvement des femmes et constitution de réseaux de prostitution. Des milliers de britanniques sont condamnés à errer sur les routes. Certains se regroupent et s'organisent pour se protéger et survivre, d'autres pour combattre les Afrims. Et on constate avec stupeur le maintien de certaines zones « protégées » qui vivent repliées sur elles-mêmes totalement coupées du monde extérieur, regardant les évènements se déroulant à quelques kilomètres de chez elles comme si c'était à l'autre bout du monde.

Roman catastrophe, Notre île sombre offre une idée de l'extrémité dans laquelle nous pourrions tomber dans le cas où les pays riches occidentaux continuaient à considérer le reste du monde avec condescendance et mépris. L'époque coloniale est censée être révolue mais les mentalités nationalistes et identitaires persistent et notre actualité montre leur ascension chaque jour plus évidente. Christopher Priest ne donne pas de solution mais a tiré, dès 1971, la sonnette d'alarme.
A lire absolument !

J'avais repéré sur Babelio l'ancienne version de ce roman sous le titre le Rat Blanc que je m'étais empressée d'ajouter à ma wish-list. Je me sens en effet de plus en plus concernée et touchée par les problèmes d'immigration et d'intégration ainsi que par la montée des extrémistes. Il faut croire que l'homme s'obstine à ne pas apprendre des leçons de l'Histoire pour qu'il saute à pieds joints dans les mêmes pièges et refasse sans cesse les mêmes erreurs. Je remercie donc infiniment Dana et les éditions Denoël pour m'avoir donné l'occasion de découvrir enfin ce roman qui m'intriguait tant. Et un grand bravo pour la magnifique couverture !




Lien : http://0z.fr/AuAdX
Commenter  J’apprécie          172
En Résumé : Finalement, ce n'est peut-être pas le plus grand livre catastrophe que j'ai lu, mais cela reste une lecture sympathique à découvrir avec de très bonnes idées. L'histoire se révèle intéressante et l'auteur fait monter la tension de façon efficace au fil des pages. On suit avec intérêt la vie du héros, qui est loin du mec parfait, et surtout sa façon de réagir face à cette crise d'ampleur mondiale qui va bouleverser sa vie. Dommage que les personnages secondaires manquent clairement de profondeur. L'univers que l'auteur trace autour de l'histoire se révèle classique, solide, mais peut-être un peu vieillot avec cette idée de conflit nucléaire entre pays africains, conflit qui me parait de plus en plus improbable au jour d'aujourd'hui, et cet aspect technologique un peu dépassé. En fait le gros point qui dérange le plus dans ce roman c'est que l'auteur n'est pas plus caractérisé cette vague d'immigration, on comprend bien, face aux choix du gouvernement, pourquoi on en arrive au conflit, mais ils sont représentés plus comme une ombre que comme des êtres humains. de plus j'ai trouvé que l'auteur a parfois du mal sur certaines idées qu'il cherche à mettre en place. La plume de l'auteur se révèle neutre, simple et colle parfaitement au récit, même si on sent parfois on sent le côté premier roman. Au final un livre sympathique et qui se lit plutôt bien, je lirai d'autres récits de l'auteur.

Retrouvez ma chronique complète sur mon blog.
Lien : http://www.blog-o-livre.com/..
Commenter  J’apprécie          140
Ou comment j'ai fondu pour la couverture.


Cette illustration d'Aurélien Police est magnifique ! Cest réellement cette couverture qui m'a fait prendre ce livre. Pas que ce soit un grand classique de la Science Fiction. Pas que cela traite de la xénophobie et d'un retour à un Etat naturel plutôt qu'à un Etat de droit. Pas que j'adore l'auteur ou que j'adore ce genre d'histoire. Non, c'est la couverture qui m'a fait battre le coeur à toute allure et j'avoue que mon côté futile a pris le dessus car j'ai eu du mal à le lire tellement j'ai regardé cette illustration.


Parce qu'elle représente quoi ? L'Afrique ? Une partie de la Grande Bretagne ? En tous cas, ce pays est en feu, et il ressemble à un bout de peau qu'on a déchiré. On en voit les veines, on en voit le sang. Et pourtant on voit aussi les explosions. Que ce soit en coup d'oeil rapide ou que ce soit en scrutant le tout, rien que l'emballage est sublime, parfait



Et promis, à un moment, j'ai ouvert le livre.

Promis. Notre île sombre est une réécriture du premier roman de Christopher Priest. C'est une dystopie des années 70 qui s'amuse à imaginer une révolte des Noirs et du coup une supprématie des Noirs. Ce qui veut dire, pour ceux qui ont du mal, que les Blancs se retrouvent comme les Noirs pendant la fin de la colonisation. Tout ceci se passe en Grande Bretagne, ce qui est très symbolique puisque la Grande Bretagne est la pierre angulaire de la colonisation. de plus, la typologie permet aussi d'avoir une situation beaucoup plus angoissante puisque une île apporte ainsi un côté cocon non négligeable. Les insulaire me comprendront.

Ainsi, l'auteur nous passe du présent au passé sans préambule, passe d'un moment à l'autre, de moments de combats, de tortures, de suspense et autres. Il s'amuse ainsi à nous faire perdre nos repères. Il s'amuse à nous faire demander pas si telle ou telle personne est morte mais comment elle est morte et comment on en est arrivé là. Et c'est ça le point à soulever. Comment est on arrivé à des révoltes pareilles ? Comment est ce possible ?

Et vous me direz, c'est le but premier de la dystopie. Et le fait que l'on arrive encore à se poser des questions 40 ans après l'écriture de ce livre prouve qu'il a été très bien rajeuni et qu'il reste, je le maintiens, très déroutant.

Grand merci aux Editions Denoël de m'avoir fait découvrir ce dinosaure de la SF.
Lien : http://labibliodekoko.blogsp..
Commenter  J’apprécie          120
D'abord édité sous le titre le Rat Blanc, Notre île sombre est une oeuvre de jeunesse édité pour la première édition en 1976. Dans sa préface, Christopher Priest précise immédiatement avoir retravaillé le roman pour l'édulcorer, le rendre plus présentable, plus politiquement correct en somme. Nous sommes face à une oeuvre auto-censurée et remaniée.
L'auteur nous raconte l'histoire d'Alan Whitman, un modeste professeur de banlieue pris dans la tourmente d'un Royaume-Uni plongé dans le chaos d'une guerre civile. En effet, l'Afrique a implosé, dans tous les sens du terme, et des millions de réfugiés ont envahi le monde plus ou moins pacifiquement. L'île est déchirée par les milices, qu'elles soient afrims ou nationalistes. Whitman doit alors survivre tant bien que mal, n'ayant pour seul but de retrouver sa femme et sa fille.
Ce court roman s'articule autour de multiples temporalités : un présent immédiat, un passé proche et des flash-back plus lointains permettant de reconstituer la genèse du chaos ambiant. Seuls ces flash-back apportent au récit, le reste ne sert finalement pas à grand-chose, il n'y a pas d'évolution radicale du héros, pas d'événements marquants, ni même d'éléments clés. Ce parti pris narratif embrouille la lecture et la complexifie inutilement.
Un autre des points faibles de l'histoire, s'expliquant certainement par son format, est l'absence d'explications pertinentes au pourquoi. En quelques lignes, l'auteur expédie les origines du chaos par des guerres nucléaires en Afrique pour ses ressources, et des combats entre les nations africaines. C'est un peu léger. de la même manière, on ne sait pas ce qu'il se passe ailleurs dans le monde. le Royaume-Uni est-il le seul à sombrer dans la guerre civile ? Comment expliquer l'inaction d'un gouvernement ouvertement fasciste au pouvoir ? L'inaction de l'ONU est clairement incroyable au sens strict.
Ce roman est aussi un livre sur les choix et le libre arbitre. le narrateur doit choisir, les évènements l'imposent. Mais il est partagé, comme les différentes factions qui composent désormais le Royaume. C'est pour cela que jusqu'au bout, il s'en remet aux autres. Alan Whitman incarne à la perfection l'homme ordinaire, tragiquement humain dans sa médiocrité, ses peurs et ses faiblesses. Son point de vue est finalement assez juste, tiraillé entre une haine légitime des envahisseurs responsables de ses malheurs et une empathie profonde pour ses réfugiés victimes d'une catastrophe terrible et pris dans les tourbillons de l'exil. C'est le seul point fort du livre.
Une déception.
Commenter  J’apprécie          90
Notre île sombre s'intitulait initialement le Rat Blanc (Fudge for a darkening en VO), premier roman d'anticipation de l'auteur publié en 1971. Cette oeuvre classée comme littérature de jeunesse s'est affranchie depuis et conquiert un bien plus large public. Repris afin de faire taire les accusations de xénophobie, Christopher Priest en a modifié certains passages, ce qui nous amène à la présente traduction. Cette nouvelle édition rafraichie permet donc de donner une nouvelle vie à ce roman ! Je remercie les éditions Denoël pour l'envoi de ce livre !

Les tensions de la guerre froide et les dangers qui pesaient sur les populations ont été une source d'inspiration pour les auteurs des années 70. S'y est en effet développé le "roman catastrophe", ou roman d'anticipation mettant en scène le plus souvent des survivant post-catastrophe nucléaire. Christopher Priest (plus connu pour son roman le Prestige adapté au cinéma par Christopher Nolan) se place dans la ligne droite de cette tradition. Avec Notre île sombre, il utilise le contexte de la colonisation en Angleterre, alors grand centre d'intérêt du gouvernement pour présenter un scénario catastrophe. Surfant allègrement sur les codes et en ne s'en éloignant jamais vraiment, il décide de raconter la vie de la famille Whitman (et en particulier Alan) dans un monde où le colonisateur anglais s'est vu envahi en plusieurs vagues par ceux qu'ils avaient eux-mêmes colonisés précédemment. Quelques pointes d'humour noir teintent le récit. Mais aussi de l'ironie grinçante et du mépris.

C'est un roman qui n'a rien de très orignal. Mais le point de départ de l'intrigue est d'une intelligence folle. Christopher Priest a su utiliser le contexte qu'il a imaginé pour dresser un portrait peu glorieux de l'occidental vaniteux et médiocre. C'est donc bien plus pour les idées qu'il développe que ce roman est intéressant. Les personnages ne sont pas follement attachants et la façon de raconter l'histoire est assez basique. Mais certains passages mériteraient d'être lus à l'école pour tous les messages qu'ils véhiculent! le thème est encore très actuel. Les mouvements identitaires et nationalistes auraient pu se taire depuis la fin de la colonisation. Mais les mentalités méprisantes des occidentaux ont la dent dure. Il y aurait de quoi écrire beaucoup de romans similaires à Notre île sombre aujourd'hui. J'ai lu le qualificatif "dinosaure de la SF" dans la critique de idevrieze. Non. Il n'y a pas d'histoire plus contemporaine.
Commenter  J’apprécie          90
Dans « Notre île sombre », Christopher Priest dépeint un monde imaginaire mais possible où les colonisateurs d'antan deviennent les colonisés d'aujourd'hui et où la peur de l'autre se répand à vitesse grand V. Ce brillant roman d'anticipation nourrit les peurs collectives et plonge le lecteur dans un récit obscur et nostalgique. Juste réadaptation du « Rat blanc », oeuvre du même auteur parue 40 ans auparavant, ce livre complexe et travaillé ne vous laissera probablement pas indifférent.
Alan Whitman, un professeur infidèle et peu engagé, poursuit une existence banale au côté de sa femme Isobel et de sa fille Sally. A des milliers de kilomètres, le continent africain est ravagé par des attaques nucléaires qui rendent toute vie sur ces terres impossibles et forcent les africains à fuir leurs pays. Alors que des centaines d'hommes, de femmes et d'enfants se massent sur les côtes anglaises, Alan et sa famille sont contraints de fuir leur rassurant foyer. Débute alors un voyage terrifiant pour ces personnages centraux qui tentent de survivre dans un pays désormais hostile et dangereux.
Cette oeuvre n'est pas seulement une critique acerbe des pays colonisateurs, une satire de notre société actuelle ou une sombre illustration de l'arroseur arrosé. C'est aussi et surtout, l'histoire d'un homme qui tente de survivre dans un monde qu'il ne reconnait plus. Dépassé par les événements et les horreurs de la guerre civile, Alan se transforme. Ou comment la souffrance et le désespoir conduisent le plus pacifique des agneaux à devenir un redoutable loup…
Même si le contexte n'est pas franchement original et manque de consistance, le personnage d'Alan est ce qu'il y a de plus intéressant. On est propulsé dans le passé de cet homme mais aussi dans son douloureux présent. Au fil du récit, on en apprend davantage sur sa personnalité, ses choix et les circonstances qui l'ont poussé à rejoindre une bande d'hommes errants. Balancé d'un temps à un autre, on ne s'ennuie pas. Les paragraphes courts donnent du rythme au récit et nous poussent à dévorer cet ouvrage rapidement. Certains passages sont très marquants d'autres moins, mais tous participent à la construction d'une atmosphère si particulière et propre aux romans catastrophes.

« Je suis sale. J'ai les cheveux desséchés, pleins de sel, des démangeaisons au cuir chevelu. J'ai les yeux bleus. Je suis grand. Je porte les vêtements que je portais il y a six moi et je pue… »

Une couverture attractive et une histoire efficace font de ce livre une belle découverte !
Lien : http://www.chroniquesdurenar..
Commenter  J’apprécie          82
Notre île sombre est la réécriture en 2014 d'un roman de Christopher Priest paru presque 40 ans auparavant. En français sous le titre le Rat blanc. Ce qui faisait allusion à Allan Whitman, le personnage central dont nous suivons les pérégrinations dans une Angleterre en proie à une guerre civile. Trois factions (grosso modo, entre les Afrims, les légalistes et les sécessionnistes) s'affrontent, suite à une immigration massive en provenance d'Afrique, continent où un cataclysme nucléaire a rendu la vie impossible. Priest est assez laconique sur l'origine de l'immigration, vu que ce n'est pas le sujet central.

A l'époque, Priest a été considéré comme un satané gauchiste (ce que je pense correspondre à la réalité). Il a dû être bien surpris quand plusieurs années plus tard, il a été vu comme réac et raciste... D'où le besoin de clarifier les choses en réécrivant certaines parties.

N'ayant pas lu le Rat blanc, je ne peux comparer. Certains passages m'ont paru assez peu cohérents avec l'ensemble, ou tombant un peu à plat. J'ignore cependant s'ils ont été ajoutés, retravaillés ou s'il s'agit de passage présents dans la version originale.

On a pu voir dans le roman un récit catastrophe, cataclysmique. La 4è de couv' va dans ce sens, invoquant les maîtres dont Ballard. Il est assez clair que tout auteur anglais au début des années 70 a envie de marcher dans les traces de Ballard.

Je pense cependant que ce catastrophisme n'est qu'une facette, et pas la plus importante du livre.

L'intérêt du livre, pour moi, c'est la transformation d'Allan Whitman. Mari infidèle, intellectuel passif. Plutôt de gauche, ou libéral au sens anglais du terme. Il se révèle avec un fusil entre les mains. On a un récit humain. Une évolution. Une étude psychologique approfondie.

Et la structure du récit sert ce propos. Priest ne chapitre pas son roman. Il alterne les passages faisant référence à divers moments dans le temps, du "temps d'avant" aux combats pour la survie ou pour retrouver sa fille et sa femme. Tous les passages s'entremêlent et finalement le lecteur se laisse guider, dans l'optique que le plus important n'est pas ce qui arrive mais comment Whitman va réagir, va incorporer, digérer les événements. Ce n'est peut-être pas original (en 2014, mais en 1976, c'est différent, même si cela rappelle Wyndham ou Ballard), mais c'est très efficace. Surtout du point de vue du "final". Difficile de parler de "final", mais les dernières pages vont clairement crescendo, alors que 95% du livre sont monocordes, sans de "high" et de "low".

Il n'y a pas de thèse chez Priest. C'est de la pure dystopie. On part d'un événement lambda, l'immigration massive pour cause nucléaire, et on regarde ce qui se passe dans la société et chez les individus. On est à l'opposé du Camp des Saints, qui développe un argumentaire raciste flagrant.

Priest met le lecteur aux commandes. Il semble dire "et vous, que feriez-vous à la place de Whitman?".

C'est insidieux.

En fait, en lisant le livre, j'étais assez peu concerné. Mais une fois le livre refermé, il a commencé à travailler en moi. Et ça, c'est l'essentiel.

Néanmoins, réécrire le livre sans l'actualiser, ce n'est pas l'idéal. Ecrire en 2014, une refonte d'un livre de 1971 (pour la version anglaise) sans le moderniser, ou le contextualiser, c'est difficile à admettre. Donc, j'ai coincé à plusieurs reprises.

Un mot sur la couverture, impeccable. Et sur le titre... au départ, j'ai pris "sombre" pour le verbe "sombrer", ce qui aurait pu avoir une connotation raciste, très éloignée. le titre anglais faisant référence à "Darkening", il s'agit bien de "sombre" comme adjectif. Je ne l'ai pas prix comme une référence à la couleur de peau, mais plutôt comme une vision de l'obscurantisme qui se fait jour dans la société occidentale, face aux défis liés par l'immigration. A ce titre, le roman est toujours d'une grande actualité.
Commenter  J’apprécie          70
Notre île sombre est mon premier roman de Christopher Priest. Une découverte donc et je commence avec ce livre de jeunesse de l'auteur paru initialement en 1971 dans sa version originale et en 1976 en France sous le titre le Rat Blanc. L'auteur a voulu reprendre cette oeuvre afin de gommer des erreurs de jeunesse et de donner plus de profondeur à ces protagonistes. Il est à signaler également que ce livre est révisé par l'auteur et non modernisé. L'époque reste la même avec toujours l'empreinte de la politique britannique des années 70, dont l'auteur, en avant-propos, nous explique succinctement le contexte gouvernemental et social marquant très nettement le récit à venir.

Alors que l'Angleterre connaît un tournant majeur, aux proies à une invasion massive d'immigrants ne pouvant plus vivre dans leur pays d'origine, Christopher Priest développe son intrigue à travers Alan Whitman.

La suite sur le blog...
Lien : http://laprophetiedesanes.bl..
Commenter  J’apprécie          70




Lecteurs (131) Voir plus



Quiz Voir plus

Les héros de SF : Christopher Priest

« J’avais atteint l’âge de 1000 Km ». De quelle oeuvre, cette citation..?

eXistenZ
Futur Intérieur
Le Glamour
Le Monde Inverti
Le Don
Le Prestige
La Fontaine pétrifiante
La Séparation
L'Archipel du rêve
La machine à explorer l'espace

10 questions
48 lecteurs ont répondu
Thème : Christopher PriestCréer un quiz sur ce livre

{* *}