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Critique de migdal


migdal
26 septembre 2020
Ce que femme veut, Dieu le veut … ce proverbe inspire Jeanne et Alix les héroïnes du magnifique « Portrait de Martin Sommervieu ».

Martin Sommervieu, banquier quadragénaire, courtisé (pour ne pas dire harcelé) par Alix, une jeune communicante nymphomane dont le mari est en mission en Russie, hérite d'une propriété ayant appartenu à un cousin germain de son arrière grand-mère. En découvrant cette maison, Martin a la surprise de découvrir le portait d'un ancêtre « Martin Sommervieu, chasseur du Roi ». Il se lance dans une enquête historique sur la trace de ce chouan, compagnon du Général de Frotté, qui le mêne, en compagnie d'Alix, à un chercheur Gérard Bouquet, qui, 35 ans plus tôt, a publié plusieurs ouvrages sur la chouannerie et leur transmet le fruit de ses travaux.

Le romancier entraine alors ses lecteurs dans les tourments révolutionnaires des années 1789/1799 aux cotés d'Athanase de Flers, Athenaîs et Alban de Clarville et des manants du Roi, Jeanne, Gueule d'Amour, La Tempête et d'un certain Ventre à Terre dont le surnom évoque le soupçon d'avoir abandonné et peut être livré un prêtre réfractaire en 1792. Ce manant, Martin Sommervieu, s'est réfugié à Jersey et, soucieux de se racheter, convoie des émigrés entre la Normandie et les iles anglo normandes, et participe, fort prudemment, à des escarmouches qui lui permettent de se réhabiliter, notamment aux yeux de Jeanne qui l'épouse, et de devenir un estimé « chasseur du Roi ».

Désigné le 15 aout 1799 par les royalistes pour servir un curé réfractaire, Martin tergiverse mais Jeanne lui ordonne « Martin ! Fais ton devoir comme nos maitres l'auraient fait » et notre résistant, obéissant à son épouse, meurt en Martyre le jour de l'Assomption en rejoignant Athanase de Flers, immortalisé par Barbey d'Aurevilly, et l'immense cohorte des chouans chers à l'historienne Anne Bernet à qui Gabriel Privat dédie ce roman.

Le souvenir de ce « Ventre à Terre » déçoit Martin, son lointain héritier, qui s'oriente vers la franc-maçonnerie, mais le sacrifice du « chasseur du Roi » bouleverse Alix qui se tourne avec espérance vers Gérard Bouquet, devenu 30 ans plus tôt, Don Gérard, moine à l'Abbaye de Saint-Wandrille…

Ne dévoilons pas la conclusion de ce livre et l'évolution spirituelle d'Alix et Martin, sous la double influence du chouan et du bénédictin, mais avec talent et sans sombrer dans la psychogénéalogie (bon sang ne saurait mentir) , Gabriel Privat signe un premier roman prometteur et interpelle ses lecteurs sur l'engagement, le courage et la vocation.

Merci à Téqui qui une fois encore me comble lors d'une opération Masse Critique Babelio et bravo à Gabriel Privat, dont je découvre, la qualité d'écriture et de scénariste et qui nous offre en Jeanne et Alix deux femmes très différentes certes, mais qui l'une et l'autre, finalement, savent convertir leurs hommes en héros.

Une seule réserve sur cet ouvrage, malgré tout, est il imaginable d'aller à Saint-Wandrille et repartir sans la divine bière de l'Abbaye ? Ce n'est pas vraisemblable et je suis certain que les lecteurs de ce portrait sauront pallier cette regrettable lacune ;-)))
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