Les aéroports sont des condensés du monde. Il me plaît de les considérer comme tels. S'y côtoient à la fois l'espoir de partir et l'envie de rentrer. Tous les voyages sont permis.
(P. 27)
Trois filles. Nées ici quand il ne fallait naître ni ici, ni femme. Entre champs morts et rivières tristes, le seul rêve dont elles avaient hérité était celui de partir.
Nous sommes toutes donc des amatrices d'exil, nous avons chacune, à part, forgé le nôtre. Partir à tout prix et pour des raisons diverses loin de nos racines, aller nous faire d'autres amours, d'autres convictions et puis revenir dans le désert, dans ces lieux qui n'ont jamais entendu de déclarations d'amour. (p 78)
On a le temps de voir passer son histoire, assisse sur une chaise d'aéroport. Toute une accumulation d'images et de sentiments, ces ratages, cette longue danse autour de rien. Pas de témoins ! Une histoire sans témoin, ne vaut rien, ou presque. (p 75)
Rendre l'âme, quelle expression bien trouvée ! Rendre son âme, se dépouiller de ses souvenirs, éteindre les flammes de son corps, comme ça, un matin, par accident. (p 57)