AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de clairejeanne


Par les différentes voix qui se font entendre, le lecteur cerne petit à petit ce qu'a représenté l'Abbaye de Port-Royal des Champs au 17ème siècle.
La première de ces voix et la plus fréquente est celle de Marie-Catherine Racine, fille aînée du grand Jean Racine et ancienne élève de Port-Royal ; en ce mois de décembre 1711, elle doit accompagner le cercueil de son père, mort treize ans auparavant, jusqu'à un nouveau cimetière, après l'avoir fait exhumé. Sur ordre du roi Louis le quatorzième, tout doit disparaître de Port-Royal, même les morts ; les dernières religieuses ont été définitivement expulsées en octobre 1709.
Pour comprendre ce qu'il s'est passé, le jansénisme, les Solitaires, le lecteur va remonter le temps.1699 : la comtesse de Gramont, habituée de Port-Royal mais aussi de Marly où le roi invitait certains privilégiés loin de Versailles, est très affectée de la mort de son ami J. Racine ; elle explique la difficulté d'aimer l'abbaye et ce qu'elle représente, tout en restant un bon courtisan, le roi et surtout Mme de Maintenon souhaitant détruire ce qu'ils pensent être un repaire d'hérétiques.
C'est ensuite une femme d'imprimeur qui parle, Denise le Petit en 1656 qui mentionne des "Lettres" imprimées en secret : ce sont en fait "Les Provinciales" clandestines de Pascal. Mme de Gramont reprend la parole, continuant de présenter l'Abbaye, racontant ses souvenirs du lieu où elle fut éduquée enfant, et citant les premières expulsions, en 1661. Mme de Maintenon dont on comprend qu'elle veut la destruction totale de Port-Royal, montre bien que c'est une véritable guerre, des jésuites contre les jansénistes. Tout le problème se situe autour de la "grâce", don de Dieu, dont les jansénistes considèrent qu'elle n'est pas donnée à tous les hommes, déchus depuis le péché originel ; les jésuites eux prétendent que la grâce peut être donnée à tous.
1640 : Catherine Arnauld (née Marion) présente le "clan Arnauld et dit que " tout Port-Royal est né de son ventre" : elle a eu une dizaine d'enfants qui quasiment tous se retireront du monde pour vivre dans l'Abbaye. Au départ, le père spirituel est l'abbé de Saint-Cyran qui a étudié les textes de Saint-Augustin en compagnie de Jansénius, évêque d'Ypres, qui a écrit "Augustinus" et prétend revenir à la pure doctrine du grand saint.
Quelques personnes apportent des bémols ; par exemple Isaac le Maistre, époux de la fille de C. Arnauld dénonce ces personnages "confits dans la prière et dans l'étude", ou Charlot, l'aide jardinier qui apporte son éclairage plein de bon sens sur la vie à Port-Royal.
Plusieurs notions sont bien mises en valeur : la place des femmes qui doivent obéir au père et au mari, le problème du théâtre peu accepté par les religieux, l'exécution de copies de tous les textes et lettres en vue de les conserver ou de les communiquer. Tout au long du livre courent quelques secrets de famille et d'écritures, liés à l'Abbaye de Port-Royal.

Un livre très bien écrit, captivant et instructif.
Commenter  J’apprécie          51



Ont apprécié cette critique (5)voir plus




{* *}