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4,2

sur 733 notes

Critiques filtrées sur 1 étoiles  
Attitré comme une mouche vers l'agréable illustration en couverture et la mention « coup de coeur » de mon libraire, je me suis laissé tenter par ce « thriller psychologique » qui devait se révéler, me promettait-t-on, un « véritable page turner ».

Je n'ai pas eu besoin de beaucoup de chapitres pour m'avouer que je m'étais fait berner.

Pourtant, je me suis efforcé d'aller jusqu'au bout. D'abord parce que les critiques paraissaient unanimement positives sur cet ouvrage et son auteur, multirécompensé et loué pour son sens de la mise en scène. Ensuite pour comprendre.

Comprendre comment on pouvait autant s'enthousiasmer pour un récit qui ne cesse de devenir décevant, allant d'intrigues claquées en intrigues claquées, pour des personnages désincarnés et aux interactions artificielles, pour un propos superficiel qui était pourtant supposé être le coeur de ce policier sombre aux accents psycho-sociétaux d'envergure, et enfin, pour ce style emprunté.

Jusqu'au bout j'ai attendu le propos profond qu'on m'avait promis. Puis j'ai réalisé qu'il se limiterait à sa simple accroche, et ne dépasserait jamais le stade de la tentative de mêler complotisme, policier sans suspense et pseudo réflexions moralisantes sur l'institution judiciaire et le rôle des médias.

Le pari est louable sur le papier. L'idée d'un criminel justicier cherchant à flatter les bas-instincts des foules numériques anonymes est intéressante.

Cependant, cette tentative m'est apparue à la fois manquée et gâchée.

Manquée car selon moi, les dimensions politique, sociale et psychologique ne sont pas réellement abordées. Il y a les méchants. Il y a une justice inefficace à les punir, trop occupée à protéger l'Ordre établi. Il y a les gens qui trouvent ça dégueulasse (c'est vrai quoi, merde, la prescription, c'est vraiment un concept juridique injuste). Et il y a un gars qui veut remédier à cela en manipulant la haine. L'ouvrage semble se borner à ce constat, illustré par des dents arrachées et quelques saillies sur les médias racoleurs, mais reste dans la surface, sans proposer d'approfondissement.

Gâchée essentiellement par l'écriture, les personnages et le style.

Les personnages n'existent pas. Ce sont des descriptions stéréotypées et monolithiques à qui des fonctions sont attribuées. Par exemple, Mara Rais est la femme policière, « Quadragénaire élégante et soignée », classe dans la nippe, vulgaire dans la langue, et faut pas l'embêter. Comme si cet oxymore mâtiné d'accent sarde suffisait à nous livrer une âme. Eva Croce est la punk rêveuse aux blessures secrètes dont l'enquête est la catharsis. Et le meilleur, Vito Strega, le criminologue, un sacré bonhomme décidemment pas comme les autres. Un cliché ambulant : intelligent, taciturne, vivant seul avec son chat, écoutant du Jazz « old school » dans son loft à intérieur vintage, sirotant un bon scotch, distillant ses sages leçons de vie. On doit le sentir protecteur, et surtout, irrésistible.

Le style d'écriture est quant à lui impardonnable à ce niveau d'ambition. Pour les dialogues, par exemple, on s'interroge un moment sur leur nature ironique ou leur premier degré. le texte est bourré d'expressions toutes faites : « beau comme un dieu grec », « beau gosse de l'espace » ainsi que de vers poétiques : « ses oestrogènes faisaient des sauts périlleux à la vue de ce dos sculpté » qui coupent la lecture.

Certes, je reconnais une certaine sévérité de ma part, mais cette exigence me semble méritée face à la suffisance que l'on ressent dans le ton employé par l'auteur. Suffisant car ampoulé, voire clinquant. Par exemple dans la façon d'enchainer les phrases comme si l'on était en train de nous révéler les secrets de l'univers et de nous raconter l'âme humaine à chaque page. Ou alors quand la surenchère s'invite dans une scène sans intérêt, alourdissant un propos futile (il s'agit en l'occurrence d'une scène où l'une des protagonistes pratique le surf pour s'évader de ses pensées noires : « elle goûta cette harmonie parfaite, cet instant de poésie pure où tous les éléments naturels semblent coexister dans un équilibre absolu ». de quoi donner le mal de mer…

En définitive, ce serait mentir que de dire que ce livre m'a laissé indifférent. Il me fait me questionner sur la valeur de mes gouts face à la valeur des gouts de celles et ceux dont le métier en dépend.
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En quelques mots :
Une idée brillante, moyennement réalisée, avec un style banal, des personnages clichés à l'extrême et une misogynie (entre autres) constamment présente. Je vois ce roman comme un trip mélomane de l'auteur qui a voulu se voir dans le rôle du héros.

En plus détaillé :
Les premières pages qui m'ont mis l'eau à la bouche, n'ont finalement pas été du tout révélatrices de la suite du roman qui m'a déçu a plusieurs égards :
- l'histoire : je lis avant tout des policiers pour la logique derrière les meurtres, la façon dont est menée l'enquête et de son dénouement. Bien que l'idée soit excellente, sa réalisation laisse vraiment à désirer notamment à cause du dénouement pas du tout crédible : la motivation des coupables à commettre les crimes est totalement en contradiction avec la façon dont ils les réalisent. Dommage de suivre une enquête sur près de 600 pages pour un dénouement qui n'en vaut pas la peine
- le style : j'avais adoré le prologue et le premier chapitre, qui m'ont tout de suite mis en haleine, la suite du roman présente un style moyen, voir enfantin à certains moments
- la misogynie ambiante : j'étais super content de lire un roman avec deux femmes à la tête de l'enquête, c'était pour moi un signe de roman policier sûrement moins sexiste que la plupart des autres existants. Grosse désillusion : très rapidement, l'enquête est remise entre les mains d'un homme (alors qu'il est explicitement dit dans le roman que ce ne serait pas le cas), homme qui reprend les clichés du gentleman attirant : grand, beau, musclé, ténébreux, qui ne laisse entrevoir aucune émotion. Les deux femmes prennent très vite des places secondaires, et excessivement clichées, notamment pour l'une d'entre elles : son mauvais caractère est attribué à sa solitude amoureuse qu'elle ignorait jusqu'à sa rencontre avec l'enquêteur qui prend le contrôle de son enquête. A partir de là, son rôle ne se réduit plus qu'à celui de l'amoureuse honteuse (amoureuse ne suffisant pas). En plus de cela, les femmes du roman sont infantilisées à de nombreuses reprises ("comme une adolescente", "comme une gamine", "comme une enfant", etc.), un jugement de valeur est porté sur leur corps et ce qu'elles en font, la masturbation d'une des femmes est qualifiée de honteuse, etc. En plus de la misogynie ambiante, l'auteur tient des propos grossophobes, sans aucune honte, en mettant en scène un personnage en surpoids ne pensant qu'à la nourriture et constamment ramené à son poids de manière excessivement violente par les autres personnages (un extrait parmi des dizaines : "tu appelles cette chose une bedaine? siffla Mara d'un air dégoûté"). A cela s'ajoute des passages homophobes, et également insultants envers une personne atteinte de déficience mentale (avec un personnage qui lui souligne sans gêne qu'il préférait le voir mort tellement il le trouve stupide). Je ne vois aucun problème à ce qu'un personnage puisse être misogyne, grossophobe, homophobe, etc. mais l'auteur à la responsabilité de désamorcer les propos tenus.
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