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Critique de Blok


Blok
20 décembre 2021



Que penser de ce livre ?
On admire évidemment le style : une prose lyrique qui vise à exprimer l'âme difficile et tourmentée de cette terre, son charme un peu magique, la beauté de sa lumière et de ses paysages, et le particularisme de ses coutumes.
La Sardaigne, à l'écart des grandes voies de communication, est finalement entrée assez tard dans l'histoire, et son histoire propre est relativement mal connue ; on sait qu'elle a connu une culture mégalithique assez particulière, celle des nuraghe, monuments très particuliers et autres exemple dans les diverses contrées où s'est épanouie la grande civilisation des mégalithes, et relativement proche dans le temps. L'auteur postule une survie partielle de cette culture, et notamment de sa religion, dans la Barbagia, région montagneuse et forestière qui est à la Sardaigne ce que cette dernière est au reste de l'Italie
Elle a longtemps été une société sans état, malgré son incorporation au royaume de Piémont, puis à l'Italie unifiée, avec ce que cela implique en matière de violence homicide : quand il n'y a pas d'état, comme le dit Hobbes, c'est la guerre de tous contre tous. Il semble que cela laisse des traces.
L'auteur entremêle deux intrigues, à la fois séparées et imbriquées :
-la vie d'un groupe, on pourrait presque dire une tribu, de paysans de la Barbagia, avec leurs coutumes héritées du néolithique et fort peu modifiées ; ici la religion chrétienne et la loi italienne n'ont jamais vraiment pénétré.
-et une enquête policière classique sur un enlèvement et des meurtres, auxquels serait mêlée une secte moderne prétendant s'inspirer de l'ancienne religion nuraghique ; des portraits attachants des enquêteurs, notamment deux policières qui (c'est presque obligatoire en vertu de la loi non écrite des thrillers contemporains) sont des blessées de la vie.
Le récit met quelque temps à trouver son rythme, mais aboutit à un suspense soutenu.
Dommage que les nombreux passages en Sarde ne soient pas traduits. Je ne connais pas cette belle langue, Mais peut-être que le traducteur français non plus ? Ils ne sont peut-être pas traduits dans le texte italien original. Mais enfin Gallmeister aurait pu chercher un traducteur du Sarde, cela doit bien exister quand même, ne fut-ce qu'en Italie.
Par ailleurs on a du mal à croire tout à fait à la survivance de l'ancienne religion telle que la décrit l'auteur, et à se laisser pleinement emporter, bien que cela induise une certaine beauté tragique.
On regrettera aussi une fin en forme de tour de passe-passe.
Malgré tout, c'est un bon livre, bien écrit et original.
Mais je n'adhère pas.
Il paraît que ce volume est le premier d'une série avec les mêmes enquêtrices. Je donnerai une deuxième chance à l'auteur pour le prochain ; si elle veut être à la Sardaigne ce que Camilleri est à la Sicile, elle va devoir s'améliorer.
Et, on ne sait jamais, maintenant que les aventures du commissaire Montalbano sont hélas définitivement terminées, Quadruppani serait peut-être libre pour les traductions.
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