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sur 1000 notes
Une jeune fille retrouvée la gorge tranchée en pleine forêt, un masque zoomorphe sur le visage, à genoux comme en prière, recouverte d'une peau de mouton. Ce meurtre énigmatique et glaçant réactive des cold cases vieux d'une vingtaine d'années. A partir de ce point de départ classique, Piergiorgio Pulixi construit un ethnopolar envoûtant, habité de la présence imposante que constitue la Barbagia, région reculée et montagneuse de Sardaigne

L'immersion est totale, entre les superbes descriptions de cette Sardaigne sauvage loin des flux touristiques et l'inscription de l'enquête dans une ambiance mythologique en relation avec la culture nuragique qui s'est épanouie sur l'île durant le Paléolithique autour de cultes et rituels ancestraux liés à la déesse Mère. L'expérience de lecture est même très sensorielle : senteurs, saveurs, images, dialectes transpercent les pages et arrivent directement au lecteur, l'enveloppant des mystères d'une Sardaigne peu connue, à la fois terrible et enchanteresse.

La construction du récit est impeccable, alternant passages crus et descriptions presque lyriques, rythme frénétique du présent et atmosphère immuable du passé. Tout cela monte crescendo jusqu'à un dénouement surprenant et totalement cohérent.

En fait, l'auteur est aussi à l'aise dans les scènes d'action qui vous font trembler que dans les scènes intimistes qui vous serrent la gorge d'émotion, et pour ma part, c'est cet équilibre-là que je recherche de plus en plus dans les thrillers. Cela passe par des personnages forts. Il n'y a que cela dans ce roman. A commencer par le vieux flic à la retraite, dont le coeur et l'âme sont corrompus par le poison de ses deux enquêtes non résolues. Puis le duo explosif des deux inspectrices qui risquent de se faire avaler par le vortex de cette enquête hors norme, elles qui ne savent pas encore à quel point une obsession professionnelle peut être cruelle et vous engloutir.

Avec ce duo de forces polaires, la perspicacité cérébrale de l'une s'alliant à l'instinct impétueux de l'autre, Piergiorgio Pulixi propose un superbe double portrait féminin en construction tout au long du roman, dévoilant progressivement dans le bon tempo le passé douloureux de chacune avec une intensité dingue lorsqu'il s'agit d'Eva ( le personnage de Mara est un peu plus monolithique). Ce dévoilement déchirant nourrit l'intrigue policière qui gagne en densité à mesure qu'on commence à en apercevoir les enjeux et les conséquences sur les deux femmes.

Ce roman rude infusé de mysticisme et de superstitions m'a emballée avec sa densité à la True Detective ( saison 1 ) qui explore les racines du mal au plus profond de l'âme humaine.
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Avis très mitigé sur ce livre multi-encensé ici-bas, et je vais en profiter pour commencer par un coup de gueule :

Y en a marre de ces polars qui croient utiles d'épaissir la psychologie de leurs enquêteurs en les dotant de blessures internes ressassées à longueur de pages !

(Attention, à celles et ceux qui lisent ce genre de romans justement pour ça : je vais divulgâcher sans remords).

Là, on a un florilège qui en devient grotesque. On part sur un duo d'enquêtrices.
Ma première vit mal son divorce et encore plus mal d'avoir vu sa carrière ruinée pour avoir refusé les avances du préfet prédateur sexuel (ou le sous-préfet, je ne sais plus).
Ma seconde ne se remet pas de la perte de sa fillette cancéreuse (on compatit forcément) et traîne une bavure commise sous l'emprise de ce drame.
Mon troisième en fait un duo dysfonctionnel qui s'affronte à fleuret moucheté par fiertés respectives de vouloir masquer ces douleurs intimes.
Mon tout fait trop de pages inutiles et convenues.

J'arrête ? Non, ce serait bête de passer la suite sous silence.
Il y a un vieil inspecteur en phase terminale de son cancer à lui, mais encore hanté par les cold cases qui sont le substrat de l'intrigue. Et d'ailleurs il a tellement somatisé que c'est certainement ça qui le tue à petit feu.
Un commissaire qui ne supportera pas le meurtre de trop, qu'il aurait dû empêcher puisqu'il enquêtait sur l'enlèvement préalable, et qui s'en ouvre les veines dans sa baignoire.

Et ça en fait des caisses pour nous égrener tout ça avec suspense, au fil des petits chapitres intercalés, comme autant de petites intrigues mineures…

Et c'est bien dommage, parce que raccourci de cette pénible moitié, le polar serait excellent.

On découvre la civilisation nuragique qui occupait la Sardaigne à l'âge du bronze, ses croyances, ses rites et comment ils survivent aujourd'hui. À la fois dans le folklore des villages ; à travers des ahuris sectaires new age, mâtinés de puissants de l'élite locale qui s'y dévoient ; et enfin, mes préférés, au sein d'un clan familial perdu dans l'arrière-pays qui perpétue ces croyances. Bon, c'est la ficelle un peu grosse des ethno-polars, le coup des barbaries antiques qui se transmettent de génération en génération depuis quatre mille ans, mais moi, je marche, c'est ce que j'y aime.

Ces divers ingrédients sont toutouillés et malaxés avec adresse et le suspense est maîtrisé (malgré sa dilution dans la psychologie de bazar dénoncée plus haut). On en profite pour aborder le fonctionnement de l'île : pas de mafia, mais une coterie locale qui monopolise quand même le pouvoir et l'argent. On dévore la fin et on est surpris du dénouement.

Ce qui fait que, réduit de moitié, on aurait eu un livre remarquable.
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Ne vous laissez pas désarmer par la première partie un peu poussive, l'île des âmes est un excellent roman tellurique, de rituels et d'atmosphère où la Sardaigne, terre de croyance, semble immuable et ancrée dans des millénaires de traditions archaïques.
Le synopsis est assez simple : Eva et Mara, 2 inspectrices en charge du suivi des cold case, sont sollicitées par un enquêteur en fin de vie, pour résoudre une vieille affaire de meurtres rituels sur des jeunes filles datant de 1975 et 1986.
Leurs investigations vont les mener sur les traces du passé, dans une Sardaigne de rites ancestraux, et surtout bien plus loin qu'elles ne l'imaginaient…
J'ai aimé ce roman, son mysticisme envoûtant, ses paysages escarpés et sauvages, sa nature primitive, son duo d'enquêtrices improbable au passé chargé.
Et sa fin inattendue.
Que demander de plus ?
Une suite peut-être ?
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J'ai découvert Piergiorgio Pulixi lors de la rentrée littéraire 2022 avec son second roman « L'illusion du mal ». Un roman de 600 pages que j'avais dévoré en un claquement de doigt, et que j'avais particulièrement adoré. « L'illusion de mal » fait partie de ces romans qui vous reste longtemps dans la tête.

«Dans « L'île aux âmes », son premier ouvrage, l'auteur nous immerge dans sa Sardaigne natale. Au coeur de cette île à la fois mystérieuse et envoûtante. Aux paysages magnifiques. Où les traditions nuragiques ont traversées les siècles.

Dans cette histoire, nous suivons Eva Croce et Mara Rais, un duo d'enquêtrices cabossées par la vie. Suite à une mutation disciplinaire, les deux jeunes femmes se retrouvent à devoir travailler ensemble sur des cold case de la police de Caglieri. Très rapidement, elles découvrent que depuis plusieurs décennies, cette île séculaire, aux milles parfums, est le théâtre de meurtres rituels barbares commis à plusieurs années d'intervalle...commence alors une enquête, qui très rapidement se transforme en une traque sombre, immersive, ou l'ombre des morts envahie leur quotidien...

« L'île aux âmes » est un roman noir, envoûtant. Dans lequel le présent laisse place au passé. Conjointement immersif et dense, Piergiorgio Pulixi nous embarque dans un voyage sensoriel, aux multiples senteurs. Sa plume est brute mais riche, ce qui la rend addictive. Les personnages sont haut en couleur, soignés, attachants, forts. Notre duo d'enquêtrices, comme chien et chat, une petite touche d'humour en plus, ce qui, pour le lecteur, ne gâche rien bien au contraire. du pur plaisir. La nature est omniprésente, somptueuse. L'atmosphère est lourde, pesante. Aussi à l'aise dans la construction de ses personnages que dans la description des paysages, l'auteur nous embarque dans une intrigue vertigineuse, au rythme des rites et des légendes, en plein coeur du milieu rural Sarde.

La lecture est captivante. Les pages s'enchainent les unes aux autres. Parsemées de nombreux rebondissements, elles tiennent le lecteur en haleine. « L'île aux âmes » est un roman que l'on lâche pas. « L'île aux âmes » est un roman une fois fini, on aimerait pourvoir encore lire des pages et des pages......

Est-ce le hasard ?. Une coïncidence ? ... Toujours est-il, juste avant de lire ce roman, j'ai lu « La trilogie écossaise » - l'intégrale de Peter May.. et.. je peux dire que Piergiorgio Pulixi avec « L'île aux âmes », fait entrer la Sardaigne dans le milieu du polar au même niveau que Peter May avec l'Ecosse.

« L'île aux âmes » est une très belle réussite ! Une invitation au voyage ! Un dépaysement garanti !

Merci aux éditions Gallmeister d'avoir ouvert leur porte à l'Italie....






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Ce qui m'a d'abord attiré dans ce livre, c'est son titre : L'île des âmes que je trouvais très poétique en symbiose avec une île aux aspects sauvages : La Sardaigne.
Pierguorgio Puluxi avec L'île des âmes à réussi un véritable coup de maître, on ne lâche pas son roman tant il est haletant.
Tous les "ingrédients" y sont pour faire ce que certains ont appelé " un ethnopolar".
C'est d'abord le lieu du roman : la Sardaigne avec tous ses secrets naturels et sauvages comme cette région montagneuse de la Barbagia.
Associé à une culture fondée sur des rites ancestraux qui peuvent conduire à des meurtres rituels.
Une fois campé ce décor, on se retrouve dans la vie d'aujourd'hui avec deux femmes policières, chacune pour des raisons différentes ayant touché le fond d'un abîme noir qu'elles peinent à masquer.
C'est alors, qu'elles se retrouvent à la charge d'une enquête sulfureuse qui les conduit à travers des découvertes macabres à retrouver le fil et tenter de sauver des âmes.
C'est un livre magique, ensorcelant même si l'écriture est légère et fluide.
L'auteur nous porte dans sa Sardaigne natale à travers un flamboyant roman.

Lecture à ne manquer sous aucun prétexte surtout pour les passionnés de polars.

Un très très grand roman !
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Il a surgi du temple lorsque le gamin et son chien se sont approchés du cadavre ensanglanté de cette femme. C'est un géant, une torche dans une main, un couteau à la lame recourbée et maculée de sang et d'eau dans l'autre. La victime est couverte de peaux de chèvres et a le visage caché par un masque carnavalesque en bois représentant une bête cornue. Sa gorge est tranchée comme pour un sacrifice païen. Elle n'est pas la première… Elle ne sera pas la dernière…
Cette série de meurtres sacrificiels qui s'étale sur près de quarante années fait partie des affaires classées jamais résolues de l'île sarde. Moreno Barrali, inspecteur en chef de la police d'état, a passé le plus gros de sa carrière à essayer d'élucider ce mystère. En phase terminale d'un cancer, il est soulagé lorsque sa hiérarchie crée le service des « gold cases » avec l'aide de deux inspectrices, Mara Rais et Eva Croce.
Piergiorgio Pulixi invente avec beaucoup d'imagination une série de faits divers à la limite du surnaturel. En rédigeant son roman avec de très courts chapitres il donne un rythme infernal à son histoire. Celle-ci, très bien documentée, mêle archéologie, anthropologie, civilisation nuragique basée sur le culte de la déesse mère (la vie), le dieu taureau (la fertilité) et le sacrifice d'une vierge dont le sang est censé ensemencer la terre. Si l'on rajoute l'atmosphère, celle d'une terre brulée sous les assauts d'un soleil caniculaire qui exhale les senteurs de thym, de romarin, de serpolet, sur fond de mer méditerranée dont le bleu azuréen inonde de petites criques où l'on rêve d'y passer des journées à lézarder, on rend grâce à l'auteur d'avoir eu ce talent de nous immerger dans ce véritable paradis terrestre qu'est la Sardaigne. de même il a su décrire parfaitement le caractère rustique de l'autochtone. Jusque-là, le dépliant touristique est parfait, on achète le séjour pension complète pour une durée indéterminée. le roman de Piergiorgio Pulixi réunit les principales qualités d'un « nature writing ».
En ce qui concerne le polar, l'auteur organise son roman comme un jeu d'échec, il avance chacun des pions qui vont être déterminant lors de cette intrigue policière. Mais il faut attendre la seconde partie du roman, soit après la présentation de tous les éléments de l'intrigue, pour que l'enquête démarre vraiment. Et quand elle démarre, c'est pour emporter le lecteur dans ses méandres les plus obscurs et pour son plus grand plaisir, ce qui sauve ce roman. Ce n'est qu'à ce moment-là que l'histoire prend toute sa dimension dramatique et que l'intrigue atteint une tension paroxystique. Inutile d'essayer de trouver le ou les coupables, le dénouement est insoupçonnable.
Le texte est persillé de mots et expressions sardes, ce qui ne rend pas toujours la lecture fluide et casse le rythme imposé par la succession des brefs chapitres. Heureusement le plus souvent ils sont suivis de leur traduction en français, mais pas toujours.
Certains dialogues n'ont pas la maturité ni la vraisemblance pour donner un accent dramatique à cette histoire. Au contraire, ils tournent parfois à la digression et éloignent le lecteur de la noirceur de ce roman.
Concernant les personnages, l'auteur nous laisse deviner des caractères bien trempés, des natures brisées par des accidents de la vie, mais dans les faits, on ne remarque pas suffisamment tôt dans le récit que nos héros en soient particulièrement traumatisés. Ce n'est que par la suite que l'on découvre les blessures psychologiques qu'ils ont subies. Et elles ne sont pas des moindres.
« L'île des âmes » est certainement un très bon roman policier pour lequel il ne faut pas s'attarder sur la première partie mais foncer sur la suite qui est passionnante et addictive.
Concernant le choix éditorial, c'est une réelle bonne idée qu'ont eu les éditions Gallmeister que d'ouvrir leur offre à d'autres destinations que les états unis d'Amérique, d'arpenter le monde afin de dénicher l'Oeuvre.
« C'est pourquoi fault ouvrir le livre et soigneusement peser ce que y est déduict. [...] Puis, par curieuse leçon et méditation fréquente, rompre l'os, et sugcer la substantificque moelle, [...]. » Rabelais (source Wikipédia).
Merci aux éditions Gallmeister et à masse critique babelio, pour la découverte de cet auteur en gestation et de son roman ethno-policier « L'île des âmes ». On attend une suite, bien évidemment…
Traduction de Anatole Pons-Reumaux.
Editions Gallmeister, 536 pages.
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Ayant vu de nombreux retours positifs du deuxième tome du duo d'enquêtrices façonné par P. Pulixi, "l'illusion du mal", la logique voulait, comme l'aurait suggéré monsieur de Lapalisse, de commencer par le premier, "L'île des âmes".
Des le début, l'originalité du lieu, la Sardaigne, intrigue et succite l'intérêt. L'entrée en matière sert à la mise en place de ce duo d'enquêtrices rebelles de caractères, présentées comme antagonistes, bref une base d'un classissisme pouvant induire une certaine méfiance pour la suite.
Elle ne dure pas ; les personnages, principaux et secondaires, sont complexes, fouillés, remplis de fêlures bien exposées et exploitées dans l'intérêt de l'intrigue. Au long du récit leurs histoires personnelles sont puissamment développées dans l'intérêt de cette oeuvre très noire. le personnage d'Eva est ainsi particulièrement prégnant mais non au détriment des autres, démarche importante pour l'appréciation globale de ce polar à connotation sociologique.
Sociologique par son immersion et dans un milieu sectaire, et surtout dans les racines d'une tribu réfractaire à toute modernité, ésotérique, autoreglée par des croyances ancestrales mises en exergue aux fins à la fois d'explications de la genèse de la société sarde et plus prosaïquement de celle de l'enquête.
Cette partie de l'intrigue, servant surtout de cours magistral quant à l'humanisation de la Sardaigne, n'est pas trop lourde. L'on s'instruit...c'est déjà ça.

Sur un plan de l' écriture, je défini l'auteur comme "aimant s'écouter écrire " : de belles phrases avec beaucoup d'adjectifs "soyeux", dénotant le plaisir d'écriture littéraire, mais ne détonnant pas heureusement pas dans ce qui reste avant tout un polar.
Aucun personnage ne sort indemne de cette enquête sur des crimes paraissant rituels, catharsitique pour Eva, traumatisante à divers degrés pour d'autres. L'intrige est particulièrement bien menée, dévoilant petit à petit le passé et la vie des protagonistes, se révèlant particulièrement sombre, avec un lourd tribut payé à la vérité. le dénouement est particulièrement inattendu.

Une oeuvre qui commence doucement puis devient vite absorbante. Une réussite, en espérant que le deuxième tome soit issu du même tonneau.
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La Sardaigne, l'île des tombes des géants. L'île de cette civilisation nuragique vieille de millénaires, l'une des plus anciennes du bassin méditerranéen. Cette civilisation pratiquait une religion animiste adorant le taureau et le soleil symbolisant les forces masculines et la lune et la mer manifestation de la déesse mère, signe de la fertilité féminine.
La première partie nous plante le décor et on se croit vraiment dans un roman d'ambiance empreinte de mysticisme et envoutante. Mais très vite on reviendra à notre enquête policière.
Nous avons donc affaire à un homicide qui porte à penser à des rites messianiques, païens et qui rappellerait deux autres meurtres non résolus 20 ans et 30 ans plus tôt. Meurtres qui hantent un policier à la retraite mais qui avait travaillé sur ces deux affaires auparavant. Rais et Croce, deux enquêtrices mises en purgatoire, hériteront plus ou moins de ce dossier car leur peine veut que celles-ci oeuvrent à la mise sur pied du nouveau département des affaires non résolues. Mutée de Milan à Cagliari, Croce devra composer avec le caractère sarde impétueux de sa partenaire imposée: Rais.
En parallèle, il y a l'arrière pays , la Barbagia. La Barbagia où vit le clan des Ladu installé depuis des lunes dans la "vallée des âmes" vivant en retrait de la civilisation, observant les us et coutumes des ancêtres, vivant au rythme de la terre et des saisons. Porteur de la civilisation nuragique, ce clan se considère comme le gardien de ces montagnes et forêts, grottes et vallées. là où aucun envahisseur n'a réussi à pénétrer parce que protéger par une divinité sylvestre. Une divinité, oui, qui les protège mais qui demande en retour, fidélité et sacrifice.
En plus, il y a les "néonuragiques". La pseudo-religion appelée Nutaxia. Ces gens croient que les monuments millénaires, grottes, tombes, puits ou autres sont des sites de connexion avec le cosmos. Ils attendent sous moults rituels l'avènement d'une nouvelle ère. Rien de nouveau sous le soleil me direz vous mais ce sera une piste que devront suivre nos enquêtrices. Et il y a également les anthropologues, les universitaires , les chercheurs, les références aux policiers ceux qui les renseigneront.
Bref, il y a tout ça ce qui fait de "L'île des âmes" un roman touffu, documenté, dense mais clairement expliqué dans une langue et avec une narration impeccables. Chapeau à Piergiorgio Pulixi pour ces personnages immenses, bien en chair, complexes et fascinants. Un brin ethno-polar et très polar avec tout juste ce qu'il faut de fausses pistes, de rebondissements, de recherche de preuves et bien sûr une intrigue diabolique et captivante. C'est une lecture qui m'a happée comme une force magnétique ensorcelante, comme une forêt qui me parle et me raconte ses secrets.
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Le jour des morts, jour crucial en Sardaigne où le culte des défunts est ancien, la questure de Cagliari est en ébullition depuis la disparition inquiétante de Dolores Murgia une jeune étudiante citadine. Hanté jusqu'à l'obsession par d'anciens meurtres rituels non élucidés dont les victimes sont des femmes inconnues, Moreno Barrali convainc ses pairs de confier l'enquête à 2 femmes spécialistes en la matière. La sarde Mara Rais et la milanaise Eva Croce fraîchement débarquée du continent vont former dans cette enquête particulière mêlant crimes sordides et mysticisme un duo imprévisible et détonnant.

Il faut dire tout de suite que je n'ai jamais rien lu de pareil ! L'île des âmes est un formidable roman de Piergiorgio Pulixi ancré dans le paysage et les croyances de l'arrière pays sarde des pierres sèches et des rituels, loin si loin de la paisible ville côtière de Cagliari.

Entre modernité et rites païens, ce thriller aux racines telluriques est un incroyable et exaltant voyage par delà les frontières et le temps, dans une Sardaigne multiple et silencieuse. Mais le silence a aussi une voix que l'auteur fait seulement et uniquement entendre au lecteur laissant ses personnages se débrouiller avec leurs hypothèses et leurs croyances. Et ce faisant, nous sommes les témoins impuissants mais témoins quand même des visions sortilèges de la montagne Barbagia. Pris au piège de la loi du silence.

Le duo d'enquêtrices Mara Rais et Eva Croce est performant et efficace mais les difficultés inhérentes aux femmes dans leur vie professionnelle parce qu'elles sont femmes ne sont pas effacées.

La tension dans ce thriller singulier est constant mais impalpable car elle se nourrit de fausses pistes pour draper d'un voile de matérialité ce qui est étranger et inconnu.
Le point fort de ce roman policier ethnologique ne se trouve pas dans la résolution de l'énigme. Ce qui rend ce livre incroyablement attirant et totalement addictif est l'abondance d'informations sur ce qui est caché, fait peur et envoûte inconsciemment, le culte sacré de la nature, les masques et les rituels, l'anthropologie.

On pénètre en Sardaigne par la langue, le décor grandiose et changeant d'une île encore sauvage, la survie d'une communauté agropastorale, les croyances anciennes et les rituels.
C'est complètement immersif et d'une beauté noire inoubliable.


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La culture nuragique, vous connaissez ?
Bienvenue en Sardaigne, de nos jours, où nous allons accompagner deux inspectrices qui ont toutes les deux été mises au placard et vont former ensemble une nouvelle unité chargée de résoudre des crimes anciens, les fameux "cold case".
Bon, l'association de deux femmes très différentes mais ayant toutes les deux vécu des choses affreuses est assez basique, mais ça ne m'a pas trop gêné. Ajoutons à cela un policier retraité et agonisant qui est obsédé par de vieux meurtres non résolus et qui va évidemment venir à la rescousse des deux inspectrices.
J'ai adoré découvrir à la fois cette région montagneuse et cette culture très particulière.
Certains passages semblent se dérouler il y a des centaines d'années, tellement les pratiques de certaines familles semblent ancestrales et surtout abominables.
Entre meurtres rituels, vieilles pratiques, occultisme, mythologie, folklore, sectes et enquêtes policières, on est servis, le lecteur ne s'ennuie pas un instant.
J'ai été étonnée car certaines pratiques mentionnées dans le roman et qui semblent d'origines sardes sont les mêmes que dans le film d'horreur "Midsommar" qui se déroule en Suède.
Un roman haletant et passionnant, mais à déconseiller aux âmes sensibles.
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