Mais soudain une odeur de fumée, s'infiltrant par les soupiraux, pénétra dans les maison. Les habitants étonnés sortirent un à un et gagnèrent la place des Lagunes. Un feu dansant, immense et chaud, les attendait. La chaleur qui s'en dégageait n'avait jamais été aussi douce, elle gagna vite toutes les rues de la ville. Joignant leurs mains, frappant l'eau en mesure, avec leurs échasses, les habitants se mirent à danser.
Le soir tombait. L'absence de la pie tracassait Léopold. Pour la première fois, il se sentait très seul. C'était un vide que ni les nuages, ni les vents, ni les étoiles ne pouvaient combler. Il baissa alors son menton et regarda vers la ville, en bas.
Il est une ville bâtie sur l'eau où l'on vit sur des échasses. Equipé des plus longues d'entre toutes, Léopold plane au-dessus de la foule, la tête dans les nuages. Mais la Grande Fête de l'hiver arrive, avec tous ses préparatifs. On pourrait bien avoir besoin de lui...
Léopold n'entendait rien. Perché sur ses interminables échasses, il déambulait, sa joue doucement posée contre une petite brume.
Les rires et les chants se turent,
les lampions dans la ville,
commencèrent à s'éteindre.
Sa seule amie était une pie, une pie très peu bavarde. C'est d'ailleurs ce qui plaisait à Léopold; avec elle, nul besoin de parler de la pluie, du beau temps, ou des courses de carpes. Il leur suffisait de se regarder pour se comprendre.