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Critique de didier_paris


Nous avions laissé l'inspecteur Chen Cao et sa jeune secrétaire Jin dans les montagnes jaunes, où Chen, en convalescence (mise au placard) réfléchissait à la réforme au système légal chinois (accompagné d'un livre des enquêtes du juge Ti de van Gullik). Si la question était : le parti est-il au-dessus des lois ? Ici,  la situation de crise de notre roman y a répondu : oui !

Dans ce court roman (220 pages), nous sommes en 2020, et le peuple chinois fait face à une crise sanitaire sans précédent, celle du COVID. le Parti communiste chinois (PCC), a décidé une politique stricte de lutte contre la pandémie, c'est le "zéro COVID". Et pour y arriver, le PCC n'hésite pas à confiner des dizaines de millions de personnes a Wuhan, dans des conditions de surveillance, privation de liberté proches de celles de  "1984" de George Orwell (livre que Xiaolong cite tout au long du roman). le parti réactive les Comités de quartier, les gardes rouges, pour surveiller les mouvements d'opposition à sa politique et met aussi tous les moyens techniques modernes de surveillance, ordinateurs, caméras, smartphones...

Chen Cao, de plus en plus désabusé, vieilli, surveillé et mis à l'écart,  est de retour à Shanghaï, dans son vieux quartier de "la poussière rouge" en voie de démolition . 

Trois meurtres ont lieu près de l'hôpital local, et Hou, représentant du Parti local va demander au "fameux et très respecté" Chen Cao de les résoudre car il n'est pas question de laisser penser que le PCC n'a pas le contrôle de la sécurité et du bien être du peuple.

Par ailleurs, un ami de Chen Cao, Molong tient un journal sur ce qui se passe à Wuhan, l'épicentre de la crise COVID, "le dossier Wuhan". (Autre similitude avec 1984).

Tout en menant l'enquête, Chen Cao va renouer avec ses contacts pour diffuser ce dossier... c'est dangereux, interdit par le Parti, et Chen Cao risque "la vaporisation" (1984) à la chinoise ou Shanghuy (enlèvement-disparition par le parti)...

L'enquête, sous contrôle du parti, si elle est assez classique, va, comme toujours chez Xiaolong, révéler les excès de la politique de la dictature du parti sur la société chinoise. Chen l'érudit, amateur de bonne chère et de littérature étrangère, assagi, nostalgique de sa jeunesse, et critique invétéré du parti, va nous rappeler les méfaits de la Révolution Culturelle sous Mao (à partir de 1966), puis l'ouverture économique  de Den Xiaoping qui mène à la toute  puissance du PCC actuel pour préserver "globalement" les avancées vers le "socialisme" (ironie)...

Le parallèle avec 1984 est fort car si dans le roman d'Orwell, on voit deux classes sociales "le parti" et les "prolétaires", ici c'est la bureaucratie et ses parasites (privilégiés avec des hôpitaux réservés) face au peuple chinois enfermé avec les portes clouées, confiné dans des centres ou hôtels sanitaires, surveillé, qui n'a pas le droit de se soigner sans certificat de bonne santé... La dystopie de 1984 d'Orwell est devenue réalité, jusqu' à l'absurde...

C'est un roman qui nous rappelle aussi, à travers la Chine, cette crise sanitaire mondiale que nous avons aussi vécu ici, en Europe, sans parti autoritaire certes, mais avec une surveillance accrue (attestation, confinement, contrôle par les forces de police, interdiction des manifestations ou regroupement, etc...). Une crise qui a permis aux Etats de droits de s'affranchir des lois pour instaurer des régimes spéciaux... 

Si je recommande ce petit roman parce qu'il nous fait comprendre la Chine sous contrôle du PCC et qu'il est très agréable à lire, comme tous les romans de Qiu Xiaolong, je pense qu'il vaut mieux avoir lu ses précédents opus tant il en est fait référence.
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