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Critique de umezzu


Encres de Chine est le troisième tome de la série policière consacrée par Qiu Xiaolong à l'inspecteur en chef Chen Cao de la police de Shangai.
Une ancienne garde rouge, repentie et même devenue non-fréquentable pour le Parti, car elle a publié un récit de la mort dans un camp de réeducation de son amant, professeur d'anglais, est découverte morte dans le shikumen qu'elle habitait. Un shikumen est une de ces demeures traditionnelles de Shangai s'ouvrant depuis une ruelle par un porche, avec une cour intérieure et peu d'étages. Des bâtiments des anciennes concessions coloniales où s'entassent des familles dans toutes les pièces de nos jours du fait de la pénurie de logement. La victime a été tuée tôt le matin. Les soupçons s'orientent donc plutôt sur les habitants de la demeure. le pouvoir politique veut que l'enquête soit rapidement bouclée, car ce décès fait ressurgir le souvenir de la Révolution culturelle, de la chasse aux droitiers et aux intellectuels, menée par des jeunes incultes fanatisés, dont la morte alors garde rouge.
L'enquête aurait donc du échoir à Chen, mais celui-ci est déjà pris, car, sur ses congés, il procède à une traduction en anglais d'un projet d'immobilier commercial demandée par un de ces nouveaux riches accoquinés aux triades. Une traduction grassement payée. Ce projet veut d'ailleurs réintroduire dans un ensemble commercial des shikumens, pour faire plus « authentique ». C'est donc l'adjoint de Chen, Yu, qui se retrouve à devoir contacter le comité de quartier, interroger les voisins et tenter de déterminer qui pouvait en vouloir à une simple retraitée. Vengeance politique, mesquineries de voisinage, peur de la publication d'un nouvel ouvrage ?

Le titre français, Encres de Chine, est joliment choisi pour ce roman consacré en partie à ce qui peut (ou pas) être publié dans la Chine d'aujourd'hui, et qui, comme tous les ouvrages de Qiu, contient de nombreuses citations de poèmes ou d'oeuvres chinoises.
Les parties sur la vie dans un shikumen, la promiscuité qui y règne, contrastent avec l'image de modernité que la Chine veut aujourd'hui montrer, notamment dans son habitat. Celles sur la Révolution culturelle, la folie des gardes rouges, la rééducation des intellectuels, font froid dans le dos. Aucune repentance de la part du Parti communiste et des acteurs, qui, des années plus tard, sont parfois déboussolés. Certains ont cru naïvement croire contribuer à l'uniformisation de la société chinoise; d'autres ont vu leurs proches ou eux-même souffrir, voir mourir, juste parce qu'ils avaient fait des études ou étaient capables de comprendre l'anglais (donc forcément étaient des espions). La Chine d'aujourd'hui oublie tout et laisse les riches s'enrichir.
Qiu Xialong émaille son récit de poèmes chinois traditionnels et de descriptions de repas, qui mettent l'eau à la bouche.
Ce polar vaut cependant surtout par toute la partie « historique », qui doit faire écho à l'histoire familiale de Qui Xiaolong, dont le père a été une des victimes des gardes rouges.
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