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Critique de Totophe17


Tome 2 après un e one shot. C'est un peu particulier mais Didier Della-Guyot n'avait pas prévu de sujet au "Facteur pour femmes", laissant l'interprétation du après à l'imagination de ses lecteurs. Mais sur les conseils de sa compagne, il a choisi de donner une suite et de reprendre l'histoire à la fin de la Première Guerre mondiale après la mort de Maël , le petit facteur. Sébastien Morice n'étant pas disponible, l'illustration et les couleurs ont été confiées à Manu Casier.

À la fin du tome 1, Linette Prigent est revenue sur l'île qui l'a vue naître. En peu de temps elle découvre que son père n'était pas son père. Son père biologique était Maël, le petit facteur, la mère de Linette étant une des femmes séduites par le porteur de courrier. Mais la voisine de sa mère lui révèle un autre secret partagé par de nombreuses femmes de l'île. Toutes ces femmes avaient peur que leurs époux revenus de la guerre apprennent leurs écarts pendant leurs absences. Elles avaient choisi de garder le silence ce qui n'était pas le cas de Maël, qui voulait continuer à avoir sa cour et à bénéficier des faveurs de ses conquêtes. Alors les femmes ont décidé de le faire disparaître. La mort de Maël n'était pas accidentelle mais provoquée par le sabotage de son frein.

Comment s'est passée la vie sur l'île après ? Comment s'est passé le retour de la Guerre des maris, des fiancés, des fils ? Comment ces femmes allaient-elles vivre avec leurs secrets ? Comment allaient-elles oublier les moments passés dans les bras de Maël ? Comment allaient-elles accepter de perdre la liberté que la guerre leur avait donnée ?

C'est à toutes ces questions que les auteurs vont essayer de répondre autour des planches. La vie est dure pour ces femmes qui ont eu plus d'indépendance pendant 4 ans. Même si elles veulent maintenir le silence, des langues se délient en particulier celles des enfants qui étaient les plus grands entre 1914 et 1918. Des rumeurs circulent et l'évolution du comportement de certaines interrogent les maris ou les fils.

Les secrets sont trop lourds à porter et la belle union aura du mal à résister. Il ne faut pas oublier que nous sommes sur une île bretonne dans un environnement fortement marqué par la tradition et la religion catholique. Il est difficile de vivre dans le mensonge et dans le souvenir du temps passé.

Didier Della-Guyot nous plonge dans les dilemmes des iliennes qui seront prêtes à tous pour que leur réputation résiste. Tout en finesse, il décrit les affres qui les habitent. On découvrira que certains savaient ou se doutaient mais avaient choisi de ne pas nuire à la réputation de leurs concitoyennes.

À travers ces deux BD, Didier Quella-Guyot aborde le thème de la place des femmes pendant la Première Guerre mondiale mais aussi le problème de l'adultère ou moins celui de la solitude et de l'incertitude quant à l'avenir en période trouble. Il aborde aussi celui de la conscience morale et le fait de vivre dans le mensonge quand on a reçu une éducation où la morale judéo chrétienne est affirmée.

J'avais beaucoup aimé le graphisme et les couleurs de Sébastien Morice. Sous les pinceaux et les crayons de Manu Cassier, si j'ai retrouvé les couleurs, j'ai moins apprécié le graphisme même s'il est agréable car j'avais le précédent bien en tête.

Belle lecture cependant sur des situations peu évoquées quand on parle de la Grande Guerre.



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