Dans une grande maison construite par un couple d'origine japonaise, trois générations de femmes se succèdent. Chacune d'entre elles cherchant à s'émanciper, à leurs manières, en sortant du carcan dans lequel, parfois elles se sentent enfermées.
Baume du Tigre c'est alors le récit d'une conquête : celle de l'ailleurs, où tout est à reconstruire.
Derrière son grand-père si rigide, et aux principes dépassés, Edda, la petite-fille dévoile une histoire d'immigration, une vie qui repart de 0. Elle explique pourquoi il est comme il est, sans le juger. D'ailleurs, le personnage du grand-père est tout aussi attachant que ceux des femmes de la famille.
C'est aussi le récit d'une recherche : pas seulement celle de la liberté tant désirée par les femmes de la famille, que le grand-père semble avoir du mal à donner, mais celle de l'émancipation féminine sous toutes ses formes. Beaucoup de sujets sont traités : les violences faites aux femmes, le choix des études, la liberté de porter les vêtements que l'on souhaite…
La première génération doit s'intégrer sans pour autant oublier ses traditions.
La seconde est confrontée à la difficulté de faire ses propres choix, aussi à la violence conjugale.
Puis la troisième, doit apprendre à s'épanouir en assumant ses choix. Il est aussi question des racines, du besoin de revenir aux traditions, du pardon...
J'ai beaucoup aimé le graphisme, et le fait que les femmes soient parfois difficiles à différencier (les soeurs, surtout) cela montre à quel point ce besoin de liberté est celui d'Edda, mais aussi celui de toutes les filles de la famille, et de beaucoup d'autres femmes dans le monde.
Cette BD m'a rappelée un autre roman graphique: "The Best We Could Do" de
Thi Bui aux éditions abramscomicarts.