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Critique de Woland


Woland
22 septembre 2016
The Quest Of The Missing Map
Texte français : Claude Voilier
Illustrations : Albert Chazelle

ISBN : Non Indiqué et probablement inexistant à l'époque de l'édition

Le thème de la carte - souvent déchirée en deux et qui révèle la position d'une île mystérieuse recelant un trésor tout aussi mystérieux - a toujours fourni un thème de choix pour le littérature dite "de jeunesse" - et même pour la littérature tout court. Dans les pays anglo-saxons, le must est atteint sans conteste par le grand Robert-Louis Stevenson avec son "Île au Trésor" dont, jusqu'ici, je l'observe non sans étonnement, Nota Bene ne comprend aucune fiche. Lacune des plus graves à réparer au plus tôt car qui, parmi vous, lecteurs, ne se rappelle avoir dévoré en son enfance les aventures de Jim Hawkins et s'être posé quelques questions ambiguës sur son amitié tout aussi ambiguë avec le célébrissime Long John Silver ? Je me rappelle d'ailleurs que ma première lecture de cette oeuvre se fit elle aussi ... sous la jaquette d'un volume de la Bibliothèque Verte - je devais être en CE2 à l'époque, c'est vous dire. Ce qui fait qu'il faudra que je me le relise - dans la collection d'origine avec une boîte de Kleenex à mes côtés ou bien en Livre de Poche : qu'importe le flacon pourvu qu'on ait l'ivresse ? Et yo-oh-oh ! Une bouteille de rhum ! ...

De ce thème de la carte au trésor qui a des longueurs et des longueurs d'avance, filant avec détermination, sur ses petites pattes frétillantes, devant les héros qui s'essoufflent à sa recherche, Mildred Wirt Benson, alias Caroline Keene, et, en France, pour des raisons inconnues, Caroline Quine, s'en saisit en 1942 pour l'intrigue de sa "Treasure Island" et l'un des scenarii de la série "Nancy Drew" qu'elle réalisa. Mais signalons que le roman ne sortit en France qu'en 1966, chez Hachette, avec les changements de noms d'usage, Nancy étant devenue notamment Alice Roy. Signalons aussi qu'une bonne partie de l'intrigue se déroule néanmoins à terre puisque, à l'origine, Alice doit d'en être mise au courant par son père, James Roy, sollicitor de profession. Une jeune cliente, Ellen Smith, venue le consulter, n'est autre que la fille de l'un des propriétaires de la carte indiquant la longitude et la latitude magiques. J'écris "magiques" parce que, comme toujours chez Benson dans ce genre de situation, si l'île se retrouvait et si l'on y découvrait le trésor, cela sortirait Ellen et sa mère d'une situation pécuniaire on ne peut plus "fil du rasoir."

Actuellement, pour mettre un peu de beurre dans les épinards quotidiens, Ellen donne des cours de musique et, justement, est sur le point d'accepter la proposition de Mrs Chatham, une belle quadragénaire sympathique mais assez capricieuse, et complètement dépassée par les faits et gestes de sa fille, la jeune Trixie, une enfant qui sait se montrer aussi aimable que sa mère quand elle le désire mais visiblement hyper-active et trop habituée à obtenir absolument tout de sa génitrice pourvu qu'elle boude assez longtemps afin d'atteindre à son but pour changer du jour au lendemain son comportement de petite fille "pourrie-gâtée" et devenir l'une de ces "petites filles modèles" si chères à Mme de Ségur.

C'est en raison de ce caractère aussi bourré de piquants qu'un cactus mexicain mais aussi parce qu'elle juge l'enfant trop impressionnable et la maison où elle doit lui donner ses cours bizarre et presque inhospitalière en dépit du statut social très aisé qui s'y étale partout, qu'Ellen Smith hésite fortement à s'engager. Puis, les leçons se dérouleraient dans le Pavillon de Musique, bâtiment "à part" qui fascine et terrifie en même temps Trixie, laquelle le déclare parfois "hanté." Mais, si l'enfant se trompe sur l'origine des choses étranges qui se déroulent dans le pavillon, elle ne ment pas : le piano, par exemple, est capable de jouer tout seul, sous les yeux stupéfaits d'éventuels spectateurs ...

Mais tout cela nous éloigne de la carte au trésor, me direz-vous. Oui ... et non. (Je ne vais pas tout vous raconter, tout de même. ) Sachez seulement que le père d'Ellen avait un jumeau et que les deux frères s'étaient partagé la carte. Or, bien entendu, tandis que mourait le père d'Ellen, son jumeau, lui, s'était déjà fondu dans la foule américaine depuis des lustres.

Et sa moitié de carte avec lui ...

Ah ! certes, pour atteindre à cette fameuse île, Alice aura à affronter bien des tribulations et à franchir bien des obstacles parfois dangereux. Elle réussira, bien sûr mais non sans avoir tenu son lectorat en haleine pendant un peu plus de deux-cent-cinquante pages, en tous cas dans l'édition 1966 parue chez Hachette. Il faut tout de même le faire avec un thème aussi ... bateau (sans jeu de mots stupide.)

Personnellement, je préfère de loin "Alice au Manoir Hanté", qui date de 1930 et dont je finirai bien par vous parler un jour dans cette rubrique. Mais il y a des similitudes entre les deux intrigues - également avec celle d'"Alice et le Clavecin" d'ailleurs : Mildred Benson devait avoir un faible pour les spectres et plus encore pour les instruments de musique qui jouent tout seuls en public. Cela, il faut le dire, pour notre plus grand plaisir car, même si l'on a vieilli, même si l'on connaît les ficelles du livre, on est toujours heureux de les retrouver, énormes (pour les ficelles) et inchangées. Ne sont-elles pas, en fait, un peu de nous-même - de ce nous-même désormais si loin sur la route mais qui palpite encore, naïf et plein d'illusions, tout au fond de notre coeur ?

Un peu, soit. Rien qu'un peu. Mais si précieux dans le fond ... Bonne relecture ! :o)
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