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Critique de Sachenka


Les Québec des années 70, ce n'est pas vraiment ma période de prédilection. Je suis né à la toute fin, je n'en garde aucun souvenir. Ceci dit, j'éprouve beaucoup de respect pour ceux et celles qui ont contribué à faire de ces années un moment unique dans la Belle province, un moment d'effervescence culturelle et de bouillonnement intellectuel de toutes sortes. Ainsi, pour ceux qui ont connu cette période, particulièrement pendant leur adolescence ou au tout début de l'âge adulte, Paul dans le Nord est un excellent médium pour la revivre. Bienvenue la nostalgie ! Et pour les autres, c'est une belle façon de la découvrir, à travers les aventures de Paul pendant cet été de 1976, sur fond de Jeux olympiques.

Mais tout n'est pas si joli, Paul quitte l'enfance. Il se montre quelque peu rebelle, passant de l'indifférence silencieuse aux sauts d'humeur (quand il n'est pas tout simplement d'humeur massacrante). Surtout, il se fait de nouveaux amis à la polyvalente, dont Ti-Marc. Il est initié à la musique, à Beau Dommage, Lucien Francoeur, Offenbach, etc. Tous des musiciens (ou des groupes de musique) auxquels les parents ne comprennent rien. Puis, toujours avec ses amis, Paul va voir des films comme Carrie après lesquels ils s'arrêtent dans des casse-croute. Là, ils discutent, Paul révèle quelques uns de ses objectifs, comme s'acheter une moto Kawa 100, celle dont rêvent tous les garçons de son âge. Bref, ses parents ne le voient presque plus.

De plus, Paul commence à gouter au monde des adultes. Son oncle l'amène chez les danseuses, ses amis lui offrent l'occasion de « frencher » et tâter une amie très ouverte sur sa sexualité et, finalement, il tombe éperdument amoureux de Linda. Il en est obnubilé à un point tel que la jeune fille étouffe dans cette nouvelle relation mais le garçon ne s'en rend compte qu'un peu tard… Larmes, profonde tristesse et actions gênantes seront au rendez-vous. C'est aussi ça, la vie et les apprentissages qu'elle nous impose.

Et le Nord, dans tout ça ? Un chalet dans les Laurentides était de mise pour toute bonne famille (et l'est encore pour certaines) et celle de Paul ne faisait pas exception. L'adolescent y accompagne ses parents à reculons, jusqu'à ce qu'il s'y découvre des amis. Dès lors, toutes les raisons sont bonnes pour y aller, sur le pouce, même en pleine tempête hivernale ! C'est aussi l'occasion d'essayer sa nouvelle moto. C'est un moment-phare, de transition et de liberté dans la vie d'un jeune homme et Michel Rabagliati a bien sur le rendre.

Justement, l'histoire racontée par l'auteur est excellente. Et les dessins le tout autant. Que reste-t-il à dire après plusieurs tomes ? Ils sont expressifs, particulièrement ceux des personnages. En quelques traits, le lecteur peut y deviner leurs intentions et les émotions. Celles de Paul mais celles des autres également. Mais le génie de Rabagliati ne se limite pas aux personnages. Un lecteur attentif portera attention aux paysages, à l'environnement, et il y découvrira pleins d'éléments qui rappellent les années 1970, surtout en ville. La bande dessinée est truffée subtilement d'objets, de publicités ou d'einseignes de bâtiments. Tout un voyage temporel.
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