Dans mon cas, ce sont les magazines mensuels de BD de Drawn & Quarterly (discontinués depuis), mon présent éditeur anglophone de Montréal, qui m`ont donné envie de me mettre à la BD.
Ah ! Je viens de comprendre le sens de cette question ! Un artiste «Too Much» comme on dit. Je crois que deux auteurs me font cet effet-là : Blutch en Europe et Chris Ware aux USA. Ces artistes sont si talentueux, libres et intelligents que ça me coupe parfois l`envie de poursuivre. Mais comme dit Gilles Vigneault, un grand poète québécois, «Tout a été raconté, mais pas par moi.», ce qui m`encourage un peu à continuer mon petit travail de conteur en images.
Je crois bien que c`est L`attrape-coeur (The Catcher in the Rye) de Jérôme D. Salinger. C`était la première fois que j`avais l`impression qu`un écrivain s`adressait à moi directement. L`écriture de Salinger est directe et sans fioritures, je crois que cette honnêteté dans le propos et dans le médium m`ont touché et captivé immédiatement.
L`attrape-coeur, bien entendu !
Cent ans de solitude de Gabriel Garcia Màrquez. On m`en a parlé souvent, et on dirait que je n`ai jamais eu le temps de m`y plonger. Peut-être que je ne suis pas encore mûr pour ce titre !
Eh bien ici au Québec, en BD, tout est encore à faire. J`aimerais d`abord faire connaître la BD contemporaine à mes concitoyens. Astérix et Lucky Luke, c`est bien, mais la BD a continué d`évoluer depuis 1970. J`aimerais leur faire connaître le travail de Blutch, Christophe Blain, David B, Guy Delisle, Chris Ware, Charles Burns, Daniel Clowes et une cohorte d`autres auteurs intéressants. J`en profite d`ailleurs toujours lorsque je fais des présentations ou des conférences, pour distribuer une liste imprimée de mes «musts» de la BD actuelle. Les lecteurs ont besoin d`être orientés et en général sont très contents d`avoir quelques pistes de départ pour se remettre à lire de la BD. Car, ici, 50% des lecteurs que je rencontre sont souvent des gens qui ont «arrêté» de lire de la BD il y a vingt ou trente ans, et qui croyaient qu`il ne se faisait plus rien pour les adultes depuis le journal Pilote. La flamme a besoin d`être rallumée.
Difficile de répondre à cette question, car tous les goûts sont dans la nature, mais disons que pour moi Le Petit Prince de Saint-Exupéry n`est pas aussi intéressant que ça ! Je ne comprends pas pourquoi autant de gens ont accroché à cette histoire somme toute assez ennuyante, pleine de redites et de morales à trois sous.
«Nous manquerons de tout, sans compter ce qui nous fera défaut». Greg, Achille Talon.
Le cas Sneijderde Jean-Paul Dubois et Chroniques de Jérusalem de Guy Delisle. les deux sont excellents!
Probablement l`envie d`en finir avec l`enfance du personnage qui n`avait été qu`effleurée dans Paul à la campagne.
Voilà certainement la deuxième raison qui m`a poussé à faire ce livre : l`envie de parler des adultes importants dans la vie d`un enfant ou de mentorat si on veut. Pour moi, il s`est passé des choses importantes dans les scouts, mais peut-être que d`autres gars qui ont fait les scouts avec moi n`y ont trouvé que contraintes et ennui. Ça dépend sur qui on tombe comme mentor. J`ai eu la chance d`être là au bon moment et j`ai croisé aux scouts deux adultes très importants pour moi qui m`ont ouvert aux arts et à tabler sur mes forces. C`est ce dont j`avais besoin comme enfant pour m`épanouir : des adultes extérieurs à la maison qui m`encouragent et me donnent confiance. Pour d`autres, ça a pu se passer dans un club de gym ou dans une troupe de théâtre amateur, peu importe, je crois qu`on rencontre tous au moins une personne dans notre vie qui nous aiguille vers quelque chose qui nous fera grandir.
Cette partie est assez réelle, j`avais neuf ans pendant la crise d`octobre et je ne perçevais pas vraiment le sérieux de ce qui se passait. C`est d`ailleurs le point de vue de l`enfant qui est illustré dans le livre, Paul comprend mal les choses et il pense que les terroristes du FLQ sont des cubains ! Mais pour la compréhension des événements, j`ai dû quand même expliquer clairement en narration aux lecteurs les grandes lignes de cette crise politique.
Mes titres sont calqués sur les titres des Martine et des premiers Tintin. Je ne sais pas exactement pourquoi. Je suppose que comme Marlier et Hergé, je veux donner une impression de simplicité et d`honnêteté, WYSIWYG (What you see is what you get). Je crois qu`enfant, je me suis fait trop souvent avoir par des titres pompeux et flamboyants (genre le Mystère du Secret de l`Eldorado des Sept Trésors Perdus) qui cachaient finalement des histoires médiocres. Je suis resté frustré par ces tricheries d`auteurs malhonnêtes
! On n`a pas le droit de flouer des lecteurs, encore moins des enfants.
Je me sens honnête vis à vis du lecteur, en ce sens que, ce qu`il y a sur la couverture de mes livres annonce l`intérieur. Pas de présentation clinquante : couverture molle, en deux couleurs, titre simple, présentation simple et juste prix. Je n`ai pas envie de «vendre» quoi que ce soit à personne. Au lecteur de découvrir ce qu`il y a à l`intérieur. Et s`il achète, ça ne sera pas à cause d`un titre glamour ou d`une présentation lustrée.
Je sais que ce système de titres ne me sert pas tellement et me fait certainement perdre des ventes, surtout pour courtiser de nouveaux lecteurs; s`il n`en ont pas entendu parler par un ami ou dans les journaux, il y a peu de chance qu`il accrochent à mes titres en librairie. Mes titres on l`air d`être écrits pour les tout-petits. de plus ces titres ne sont jamais justes. Dans Paul à la pêche il est question de fausses couches, dans Paul à Québec, de soins palliatifs et dans Paul au Parc, de scoutisme ! Maintenant, la série est plus connue et les lecteurs ont compris le gag. Ils ne se fient plus aux titres et se laissent surprendre par ce qu`ils trouveront à l`intérieur. Anecdote : Au début de la série j`ai failli ne donner aucuns titres à mes livres. Seulement mon nom et le numéro de l`album. J`ai aussi pensé à nommer les livres par les numéros de couleurs Pantone. Trouver un beau titre me stresse énormément, alors ce système de titres «Paul fait ceci ou Paul va à tel endroit...» me facilite beaucoup la vie.
Vous touchez là un point sensible ! Vers 18 ans, je voulais devenir auteur compositeur interprète, et aussi faire de la BD. Mais ces deux métiers n`étaient pas facilement envisageables dans le Québec de la fin des années 70, à moins d`avoir beaucoup de couilles et de persévérance, qualités qui me manquaient. J`ai alors glissé vers la facilité de suivre les traces de mon père en typographie, puis ensuite en graphisme. Mais à vrai dire je ne regrette rien. Je n`avais strictement rien à dire en chansons et en BD avant la quarantaine ! Aujourd`hui, je joue un peu de piano et d`accordéon en hobby et c`est très bien comme ça.
Pour moi cela a changé que mon oeuvre est plus connue maintenant en France et cela a donc généré des ventes supplémentaires, c`est bien. Pour le Québec, je crois que mon petit succès a encouragé les médias à parler d`avantage de BD et aussi sans doute que cela a encouragé plus de nouveaux jeunes auteurs à s`y mettre, ce qui est bien. Il est vrai que l`on parlait très peu de BD ici il y a une dizaine d`années. Suite au prix d`Angoulême, j`ai été invité à des émissions télé grand public très regardées, ce qui était impensable il y a trois ou quatre ans. Il s`est donc passé un peu pour moi ce que l`on appelle ici souvent, l`effet «Félix Leclerc». Une fois revenu au Québec de sa tournée parisienne dans les années 50, Félix Leclerc fut triomphalement accueilli ici et promu Grand Poète National . C`est un drôle de phénomène culturel qui se produit assez souvent ici, (Céline Dion, Roch Voisine.. etc) les québécois ne sont jamais tout à fait convaincus de leurs talent avant de recevoir l`aval de leurs «grands frères» comme les USA ou la France. Petit pays oblige, je suppose.
Le film sera tourné en live action et sera très près du livre. Je signe l`adaptation cinématographique et le scénario avec le réalisateur François Bouvier. C`est une expérience des plus amusantes. le tournage aura lieu près de Québec à l`automne 2012. Personne n`est encore pressenti pour le rôle de Paul.
Je crois que tout est à peu près semblable à l’époque où j`ai commencé en 98. Ce qui me motive, c`est avant tout l`envie de raconter et non pas l`envie de dessiner. C`est un besoin un peu incontrôlable de communiquer avec mes semblables. Je me dis «Tiens, je me demande si ceci pourrait les intéresser ?». Une fois que j`ai l`impression d`avoir assez de matière pour captiver un lecteur, je me mets à dessiner un découpage et ça n`arrête plus jusqu`à la fin !
Non, pas la moindre idée !
À lapproche des fêtes de fin d'année, les coups de cur de la librairie Point Virgule passent à la vitesse supérieure et vous proposent de larges sélections d'ouvrages. Aujourd'hui, c'est la bande dessinée qui est à l'honneur, autour de trois thèmes : la BD destinée aux adolescents, une sélection d'albums en vue de la prochaine édition du festival d'Angoulême, et enfin quelques titres tournant autour de la thématique de la révolte. BD ado - The Wendy Project, Melissa Jane Osborne & Veronica Fish, Ankama 14,90 - Bakamon, Tome 1 - Un jour, je serai.... Juliette Fournier & Jean-Gaël Deschard, Akileos, 11,95 - Mécanique Céleste, Merwan, Dargaud, 25 - Middlewest, Tome 1 - Anger, Skottie Young & Jorge Corona, Urban, 14,50 Angoulême - Citéville, Jérôme Dubois, Cornélius, 22,50 - Incroyable ! Zabus & Hippolyte, Dargaud, 21 - Pucelle, Tome 1 - Débutante, Florence Dupré de la Tour, Dargaud, 19,99 - Chinese Queer, Seven, Sarbacane, 24,50 - Paul à Québec, Michel Rabagliati, La Pastèque, 23 - Megg, Mogg & Owl, Long Short Story, Simon Hanselmann, Misma, 25 La révolte - Les Vieux Fourneaux, Tome 6 - L'oreille bouchée, Wilfried Lupano & Paul Cauuet, Dargaud, 13 - Kivu, Jean Van Hamme & Simon Christophe, Le Lombard, 14,99 - Phoolan Devi, Reine des brigands, Claire Fauvel, Casterman, 22 Musique du générique d'intro par Timo Vollbrecht.
Première question facile, histoire de calmer les nerfs : Quel auteur a écrit le roman Le Grand Sommeil ?