Niché au coeur des Alpes, le lac Léman a connu une fortune critique très importante, tôt célébré par les peintres et les écrivains
De La Renaissance à nos jours. Il est considéré comme le premier paysage identifiable de l'histoire de l'art occidental car il est représenté dès 1444 dans La Pêche miraculeuse de Konrad Witz, et Dominique Radrizzani avait pour ambition de le mettre à l'honneur au musée Jenisch Vevey dont il fut le directeur. Qu'il soit peint pour ses propriétés atmosphériques uniques par Turner, Corot ou encore Courbet, ou bien pour sa portée symbolique en tant que « miroir de l'Homme » propice à l'introspection par les romantiques et symbolistes, le lac Léman a fasciné et stimulé la création de nombreux artistes. Pour accompagner l'abondante iconographie du catalogue, des extraits d'oeuvres littéraires parsèment les pages et viennent donner un éclairage supplémentaire à l'appréhension de ce lieu chargé d'une puissance évocatrice particulière. C'est dans la filiation de Julie ou la Nouvelle Héloïse de Rousseau que se situent les écrits romantiques tels que le Prisonnier de Chillon de
Lord Byron ou Frankenstein de
Mary Shelley qui ont largement contribué à pérenniser l'image d'un lac mystérieux propre à la mélancolie. Au fil des différentes sections, Dominique Radrizzani met en lumière le panel varié de ses différentes représentations au cours de l'histoire, de ses premières figurations dans l'oeuvre d'
Hergé jusqu'à son exploitation dans celle de Duchamp et impose ainsi cet ouvrage comme un véritable traité artistique du lac Léman.
Par
Milène Cuvillier, critique parue dans L'Objet d'Art 509, février 2015
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