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Critique de Meps


Meps
22 février 2022
J'ai commencé à régulièrement prendre l'habitude de rechercher sur le "Street view" d'un célèbre site certains endroits décrits dans des romans que je lis, pour mieux m'imprégner de l'histoire en visualisant les lieux du récit. Cette habitude est devenue quasi systématique depuis que cela m'a permis de pleinement apprécié Patrick Modiano (auteur particulièrement indiqué pour l'exercice) et notamment Dora Bruder.

Elisabetta Rasy est une auteure qui favorise ce genre de pratique puisqu'elle nous invite dans son Rome, celui à la fois des curiosités modernes qu'éclipsent souvent les sites antiques (tel ce Corviale, surnommé immeuble kilomètre, plus long bâtiment d'habitation au monde sur 957 mètres) mais aussi celui des lieux beaucoup plus anciens mais aussi beaucoup moins mis en valeur que le Colisée ou la fontaine de Trévi, telle cette basilica di Sant' Agnese et son mausoleo di Santa Costanza, qui a le bonheur de porter le prénom de son héroïne (ou est-ce l'inverce, ah, ces auteures et la facilité de faire correspondre le réel à leurs envies). Elle nous facilite vraiment la tache en indiquant le nom des rues traversées, au delà des monuments visités, nous conviant ainsi à certains passages inconnus des touristes et donnant des vues particulières sur la ville touristique, même sur le Colisée précédemment cité.

Au delà de ce petit tour romain original, c'est au regard d'une femme dans la force de l'âge que nous convie Elisabetta. Un regard porté sur les différentes saisons de sa vie, qu'on pourrait facilement classer en printemps, été ou automne, vu depuis cet hiver romain, hiver météorologique et hiver de la vie, au coeur de cette saison où on a l'impression que jamais rien ne refleurira. La mort d'un ami proche, photographe, qui lui aura appris à questionner son regard sur l'amour et sur les statues incomplètes est alors l'occasion d'un questionnement existentiel, d'une aventure particulière qui lui fera rejouer en parallèle un des souvenirs de ses 30 ans. L'auteure déploie un style tout en sensibilité, un patchwork d'émotions où se mêlent les paysages romains, les discussions par mails qui se transforment en rencontres réelles.

La construction du récit est assez cahotique mais nous permet finalement de nous attacher à cette Costanza qui éprouve le besoin de cette pause bilan, étape nécessaire pour continuer sa vie, sans forcément tout remettre en cause mais dans une indispensable mise au point. Celle de l'appareil photo de sa jeunesse qui permet de passer du flou au net, à l'opposé des nouveaux appareils auto-focus que l'on parvient tout de même à tromper. Parce qu'il y a des photos qu'il faut savoir rater pour mieux se comprendre.
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