Vincenzo et elle s'étaient aussitôt entendus sur ce point : il devait y avoir chez eux un endroit, un recoin éloigné de leur petit appartement, où conserver ce qu'on ne veut pas posséder mais qu'on ne veut pas non plus perdre. Un endroit heureux où le nec tecum sine te (ni avec toi ni sans toi) cessât de constituer une contradiction au moins dans le monde inanimé. Pas un lieu de vieux bibelots ou de cadeaux importuns ceux-ci étaient jetés avec une active régularité - , non, ce devait être la caverne des rencontres conclues ou manquées.
Elle ne se rappelait ni la surprise, ni les sentiments de culpabilité, ni les bras musclés de Vincenzo, ni la souplesse imprévisible de ses grandes mains, ni sa langue péremptoire, ni l'autorité de son corps inlassable. Elle ne conservait que le souvenir d'une animation, d'une animation hors de l'ordinaire, comme si la vie avait soudain correspondu à l'idée de la vie, à ses attributs rhétoriques de vitalité, ardeur souffle constant et béatifiant.