Austin Ratner....premier roman, et là, il y a Écriture ! .
Une façon de se placer, une façon de saisir le bon angle. Terriblement efficace.
L'auteur nous informe : il s'agit d'un hommage artistique à
Philippe Halsman, un portrait, une sculpture.
Ce n'est pas une biographie de
Philippe Halsman, c'est l'instantané d'une époque.
Le moment où le père de Philippe Halsman bascule avant de s'écrouler, c'est l'instant où la vie de ce garçon de vingt deux ans va elle même se trouver plonger dans l'enfer.
Entre la chute et l'envol qu'il n'a jamais cessé de photographier, il y a forcément un lien.
Une lecture.
Autriche – 1928.
L'Europe rédige et entonne déjà certains chants.
Il y a au Tyrol des chiens qui se mettent en chasse. Ils demandent du sang.
Philippe sera accusé du meurtre de son père. Parricide.
Arrêté, condamné, par deux fois, il sera incarcéré à Innsbruck puis à Stein durant deux ans.
Déclaré coupable parce que juif. Parce qu'en 1928 en Autriche, être né juif c'était être né coupable. Il fallait alimenter la propagande nazie et nourrir la meute. le coupable ne sera jamais retrouvé, il fallait bien que la meute trouve ses recrues.
Une mobilisation internationale (
Freud, Einstein, Painlevé, Wasserman, Clémenceau entre autres) lui permettra d'être gracié au bout de deux années. L'affaire Halsman était devenue une affaire Dreyfus autrichienne.
La France, un répit, le début de son travail d'artiste. Paris - 1939... Einstein lui fera obtenir, in extremis, un visa pour les États Unis.
Et puis après le grand saut dans la vie - les mouvements de la vie.
« Quand vous demander à quelqu'un de sauter, expliquait
Philippe Halsman, celui-ci consacre son attention à l'acte, au saut lui-même. du même coup, le masque tombe et la vraie personnalité apparaît. »
Le saut, la vérité de l'instant.
On ne sautait pas sans raison devant Halsman.
Astrid Shriqui Garain