L'histoire de l'édition des "Aventures d'
Harry Dickson" est aussi rocambolesque que le contenu de ces nouvelles fantastico-policières. Jugez-en.
Le nom d'
Harry Dickson apparaît pour la première fois en 1913, au cinéma, dans un "sérial" en six épisodes, réalisé par René Plaissety.
Auparavant, 230 fascicules étaient parus en allemand de 1907 à 1911, ayant pour thème des pseudo-aventures de
Sherlock Holmes. le nom d'
Harry Dickson n'y apparaît pas mais les intrigues seront reprises dans les fascicules suivants.
De 1927 à 1935, 180 fascicules paraissent en néerlandais sous le titre "
Harry Dickson, de Amerikaansche
Sherlock Holmes".
De 1929 à 1938, 178 fascicules paraissent en français, sous le titre "
Harry Dickson, le
Sherlock Holmes américain". Les 19 premiers ont été traduits par un inconnu, tous les autres traduits, corrigés ou entièrement créés par
Jean Ray.
A cette époque,
Jean Ray (1887-1964), n'est pas un inconnu. Il écrit depuis 1908 dans des journaux où il alterne reportages et nouvelles. Son premier recueil paraît en 1925 : "
les Contes du Whisky" dont le contenu (sulfureux) est aussi brûlant que l'alcool désigné dans le titre. Il est classé d'(à déconseiller) par la censure catholique de l'époque !
La référence à
Sherlock Holmes est manifeste : même allure physique, même façon d'opérer (peut-être un peu moins de flegme et un peu plus de vivacité) et un fidèle compagnon (Watson est ici remplacé par Tom Wills). La différence essentielle est que l'énigme n'est pas seulement policière mais dérive souvent vers le fantastique, voire le surnaturel. de quoi en tous cas entretenir un suspense haletant, où le mystère côtoie l'angoisse, avec par ci par là quelques notes d'humour...
Quelques titres pour vous donner une idée : "Le châtiment des Foyle" suivi de "Les Vengeurs du Diable" (Librio tome 1), "Les étoiles de la mort" suivi de "Le studio rouge" (Librio tome 2), "Le fauteuil 27" suivi de "L'énigmatique Tiger Brand" (où l'auteur se met en scène) (Librio n° 3), et ainsi de suite...
Attention, avant de vous lancer dans la lecture des "
Harry Dickson", ne vous attendez pas à un ouvrage littéraire (bien que les nouvelles soient remarquablement écrites) : c'est plutôt de l'ordre des illustrés, ou des "comics" comme disent les américains, avec peu ou pas de psychologie, mais de l'action et du mystère en veux-tu, en voilà. Maintenant, si vous aimez ça, vous aller vous régaler...
Les amateurs de BD pourront continuer l'aventure avec deux séries : la première (ma préférée), signée
Christian Vanderhaeghe et Pascal Zanon, d'après les livres de
Jean Ray, chez Dargaud (13 volumes); la seconde, signée
Richard D. Nolane et Olivier Roman, d'après des histoires originales (13 volumes également, chez Soleil)