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Critique de Dionysos89


Après avoir découvert La Cité de l'indicible peur, je poursuis l'oeuvre rééditée de Jean Ray aux éditions Alma avec La Croisière des ombres. Toujours sous la direction d'Arnaud Huftier, sont réunis ici des textes de différentes origines, écrits entre 1929 et 1935, avec d'un côté La Croisière des ombres, recueil de textes autour de la mer, des ports et des monstres de tout poil, et de l'autre quelques textes parfois très courts qui complètent cette thématique.

Comme souvent quand elle est de qualité (c'était déjà le cas dans Feuillets de cuivre, de Fabien Clavel), il est difficile de faire une critique novatrice quand on a lu la postface d'Arnaud Huftier, lui qui connaît le personnage de Raymond de Kremer (alias Jean Ray, alias John Flanders) sur le bout des doigts. Sur de nombreux points, cette postface se révèle très pédagogique pour assimiler les tenants et aboutissants du fantastique réaliste de cet auteur.
La Croisière des ombres était d'ores et déjà un recueil d'histoires horrifiques aux titres tout à fait parlants : « La présence horrifiante », « Le bout de la rue », « Le dernier voyageur », « Dürer, l'idiot », « Mondschein-Dampfer », « La ruelle ténébreuse », et « Le psautier de Mayence » sont autant de récits cauchemardesques qui peuvent tout à fait être issus des rêveries hantées de l'auteur comme des vôtres (en tout cas, les miennes peuvent facilement y ressembler). D'autres textes ont été réunis à cette Croisière pour leur brièveté ou leur thématique maritime : « Le torrent de boue », « Le ralenti de 5h17 », « L'effroyable histoire de Machrood », « Ombre d'escale », « Poste de police, R-2 », « L'idylle de monsieur Konigley », « La trouvaille de Mr. Sweetpye » et deux mini-articles « Le vent de la hache » et « Si Scotland Yard ».
Dans ce recueil qu'on aura de la peine à relâcher de notre étreinte fiévreuse, Jean Ray nous place face à l'horreur de la solitude. En chaque occasion, le narrateur se révèle seul face à une étrangeté qui finit par l'horrifier. Ce peut être un détail anodin, une redondance étonnante ou un péril lors d'un voyage, il y a toujours de quoi cauchemarder utile chez Jean Ray. Les petits récits composant ce recueil dans la continuité des Contes du whisky, qui valurent à l'auteur le surnom de « patron de Port-Angoisse », sont une succession d'idées aussi simples que diablement efficaces.

Avec un sens aigu du style alambiqué, Jean Ray réussit toujours en très peu de mots la formule qui fait mouche et qui saura éveiller la part d'horreur qui sommeille en vous, tout en nous faisant redécouvrir un vocabulaire fleuri comme rarement on en retrouve actuellement.
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