Avec ses 9 canons de 406mm portant à plus de 30 kilomètres et ses 32 missiles de croisière Tomahawk, ce cuirassé modernisé (à bord duquel avait été signé la capitulation du Japon en septembre 1945) peut écraser n'importe quelle installation côtière.
Le porte-avions Constellation, qui devait regagner les Etats-Unis, est maintenu en mer d'Oman au côté du Ranger. Les groupes aériens embarqués de ces deux géants des mers totalisent 170 appareils, soit plus que ce que l'Iran est en mesure de mettre en l'air sur l'ensemble de ses bases.
La proposition a beau être alléchante, l'ayatollah Khomeiny se refuse à la saisir car il ne conçoit pas de concéder le statu quo à Saddam Hussein. Celui-ci doit être humilié et puni, quel qu'en soit le coût. Les tenants de l'ouverture, Rafsandjani en tête, ont beau expliquer qu'il s'agit là d'une occasion unique de renforcer la République islamique sur le long terme, celui-ci ne veut rien savoir et se permet même d'envoyer une lettre de remerciements à Mikhaïl Gorbatchev dans laquelle il lui suggère de se convertir à l'islam !
L'arrêt du programme nucléaire irakien rassure également les capitales européennes qui n'auront désormais plus le moindre scrupule à livrer des armes à l'Irak.
Sous des dehors faussement débonnaires, il cherche à projeter l'image d'un dirigeant à la fois paternaliste et impitoyable, qui allierait le caractère de Staline celui d'Al Capone.
L'aviation iranienne sort indemne de l'offensive qui était censée la clouer au sol. [...] La plupart des cratères creusés par les bombes irakiennes sont comblés pendant la nuit. Au matin, les principales bases iraniennes sont de nouveau opérationnelles.
Tous savent que Saddam est sourd aux conseils qui ne vont pas dans son sens et qu'il élimine sans pitié ceux qui se mettent en travers de ses projets. Raad Majid Rachid Hamdani, l'un de ses officiers, avouera plus tard : "Quand Saddam vous regardait droit dans les yeux, c'était comme s'il pouvait lire à l'intérieur de vous. Ce qui était effrayant avec lui, c'est que vous ne saviez jamais ce qu'il avait en tête. Il avait une personnalité complexe, alternant les moments de sympathie réelle et de cruauté impitoyabe. Il pouvait se montrer généreux, ou bien extrêmement mesquin. Il avait un bon esprit de synthèse, mais il pensait de manière tribale et envisageait chaque problème sous un angle politique, pas sous un angle stratégique. Sur le plan tactique, c'était un remarquable manoeuvrier. Sur le plan stratégique, 99% de ses concepts se révélèrent erronés". Personne n'ose donc prévenir le dictateur qu'il risque de se fourvoyer dans une entreprise incontrôlable, de peur de s'exposer à sa vindicte. Saddam, après avoir réussi à museler ses généraux, ne peut plus compter sur eux pour lui dire la vérité et l'empêcher de commettre une erreur.